
Ryad et Doha se
sont engagés à cesser les financements de mouvances extrémistes, d’après
Emmanuel Macron. Un aveu pour le moins glaçant de part de deux pays alliés, mais qui met fin à un secret de polichinelle et annonce des changements de stratégies dans la région.
Emmanuel Macron. Un aveu pour le moins glaçant de part de deux pays alliés, mais qui met fin à un secret de polichinelle et annonce des changements de stratégies dans la région.
«Tout le monde savait»,
constate tristement Rolland Lombardi, consultant indépendant et spécialiste du Moyen-Orient. Ce n'était pourtant évoqué qu'à demi-mot, durant des années: «On n'a jamais pu prouver concrètement que ces deux monarchies du Golfe influençaient, et surtout finançaient et soutenaient matériellement des groupes islamistes, notamment en Syrie et en Libye».
Pourtant, l'aveu est on ne peut plus clair. Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohamed Ben Salman «s'est engagé à ce que nous puissions lui fournir une liste et qu'il cesse les financements», a déclaré Emmanuel Macron dans une interview à France 24 et RFI, en marge d'un sommet à Abidjan.
Une
annonce qui a néanmoins de quoi surprendre, car si l'on peut soupçonner
de laxisme les monarchies du Golfe dans leur lutte contre le groupe
terroriste Daesh, on peut également s'interroger sur la volonté des pays
occidentaux et de leurs alliés de lutter contre ce financement, par des
fonds privés, d'organisations terroristes: «Ça fait trop longtemps
qu'on en parle, mais pas assez longtemps qu'on agit», avoue le chef de
l'État, avant d'ajouter: «C'est pourquoi dès maintenant, nous lançons
cette opération, elle va se formaliser dans les prochaines semaines. Je
souhaite que nous puissions avoir des résultats rapides.»
Louable initiative, mais comment contrôler un financement, tacite,
qui fonctionne «par des moyens détournés, par des fondations, de manière
indirecte avec des princes proches du pouvoir, ou par des associations
proches du pouvoir»?
C'est
la fin d'une négation de longue date et le début d'une «nouvelle
relation», si l'on en croit les promesses de Laurent Fabius, invité au
micro de RTL en janvier 2015. Il assurait alors que le Qatar ne
finançait pas le terrorisme: «Nous avions fait faire par nos services
des enquêtes précises qui ont montré que ce n'est pas exact»» […] «S'il
était avéré que les choses changent, nous changerions nos modes de
relations. Mais il n'est pas question, n'y d'accuser injustement, ni si
peu que ce soit d'être complaisant avec le terrorisme, qui est notre
adversaire.»
Source:fr.sputniknews.com
constate tristement Rolland Lombardi, consultant indépendant et spécialiste du Moyen-Orient. Ce n'était pourtant évoqué qu'à demi-mot, durant des années: «On n'a jamais pu prouver concrètement que ces deux monarchies du Golfe influençaient, et surtout finançaient et soutenaient matériellement des groupes islamistes, notamment en Syrie et en Libye».
Pourtant, l'aveu est on ne peut plus clair. Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohamed Ben Salman «s'est engagé à ce que nous puissions lui fournir une liste et qu'il cesse les financements», a déclaré Emmanuel Macron dans une interview à France 24 et RFI, en marge d'un sommet à Abidjan.
«La France n'aura peut-être pas tous les
leviers, mais il y a de grosses instances internationales, notamment le
Trésor américain, un des premiers à dénoncer en 2012 et 2013, certains
agissements négatifs du Qatar, notamment le financement du Hamas et de
certains groupes dans le Sahel», estime Rolland Lombardi.
Macron veut jouer le «franc-parler», d'après l'expert, car la
situation au Moyen-Orient a changé depuis l'intervention russe en Syrie
en 2015 et l'élection de Donald Trump aux États-Unis.
«C'était pour des raisons géopolitiques. Je ne
sais pas encore quelle inflexion Macron va donner à notre politique dans
le Golfe, mais jusqu'à présent, clairement, nos relations avec l'Arabie
saoudite et le Qatar étaient basées sur une diplomatie économique, qui
paralysait notre propre géopolitique dans la région. On l'a vu en Syrie,
puisqu'on s'alignait sur les positions saoudiennes et qataries, et
c'était assez préjudiciable».
La France a-t-elle suffisamment de poids pour faire pression sur les monarchies du Golfe?
«Elle suivra le mouvement: Russes et Américains
mettent une très forte pression sur ces pays. Moscou et Washington
seront écoutés». Parce que «dans les coulisses, tout le monde se parle,
Russes, Américains, Iraniens. Donc, on peut voir un petit espoir
d'amélioration dans la région.»
Difficile pour l'instant de savoir quels groupes seront visés dans cette fameuse «liste» que la France doit transmettre à l'Arabie saoudite
et surtout avec quelles mentions, car les qualificatifs de «rebelles»,
«modérés», ou clairement «djihadistes», sont susceptibles d'avoir
également évolué:
«Maintenant qu'il n'y a plus le soutien des
pays les plus influents du Golfe qui jouent à ce jeu funeste, la France a
toute liberté pour dénoncer certaines personnes, certains groupes. Les
services de renseignement français ont fait remonter certaines notes qui
n'ont pas été prises en compte, encore une fois à cause de notre
politique, qui ne voulait pas gêner notre commerce et surtout
l'influence de Ryad et de Doha.»
«Encore une fois, je pense que les diplomates
français suivent le mouvement, déjà entrepris par les Américains et
Moscou. […] Certains groupes ont accepté de négocier, déposer les armes,
d'autres se sont fait laminer. Je rappelle que l'Arabie saoudite et le
Qatar avaient donné un certain nombre de liste de katiba, des groupes
armés en Syrie, susceptibles ou de négocier, ou, pour le côté russe,
être clairement éliminés.»
La France devra organiser, en 2018, une conférence de lutte contre le
financement du terrorisme. Un peu plus tard lors d'une conférence de
presse, le président Macron a indiqué avoir eu «cette discussion
également avec les présidents Recep Tayyip Erdogan et Hassan Rohani»,
sans préciser si les présidents turc et iranien s'étaient engagés en ce
sens.Source:fr.sputniknews.com

