Selon le correspondant de VOA Afrique sur place, au moins six
personnes ont été arrêtées alors que
la société civile a tenté de lancer
une marche, immédiatement empêchée par les forces de l'ordre.
Au Tchad, malgré l’interdiction de manifester, une partie de la société civile a maintenu son appel.
Une manifestation pacifique pour protester contre les mesures
d’austérités, la hausse du prix de carburant et l’augmentation du taux
d’inscription des étudiants tchadiens et bien d’autres mesures a été
réprimée par la police.
Les espaces publics, les terrains de sport, et tous les carrefours de
la capitale ont été occupés tôt jeudi matin par les éléments de la
police, de la gendarmerie et ceux de la garde nomade, y compris les
chiens policiers pour contenir un éventuel débordement.
Ceux qui ont tenté de faire face aux forces de l’ordre ont été frappés. D’autre ont été arrêtés puis libérés à la mi-journée.
C’est le cas du président du collectif tchadien contre la vie,
Dingamnayal Nely Versinis, qui a été arrêté et tabassé dans la voiture
en route vers le commissariat puis enfermé quelques heures avant d’être
libéré.
Laisser le peuple s'exprimer
Quatre militants de la Convention tchadienne pour la défense des
droits humains seraient également entre les mains de la police.
Le collectif des jeunes cadres indignés du MPS parti au pouvoir
soutient cette action, comme l'explique son porte-parole, Frank
Nakingar.
"Les denrées alimentaires sur le marché augmentent pendant que l'on
diminue les salaire, c'est ce que nous ne comprenons pas", dit-il.
Il poursuit : "c'est comme l'essence et le pétrole, on le produit alors pourquoi on augmente le prix?".
"Pour une fois, il faut laisser le peuple s'exprimer pour voir le degré de mobilisation des gens", estime-t-il.
Djimet Wiché, journaliste, directeur de publication d'Al Wida, un journal en ligne qui a tenté de couvrir cette manifestation, a été également pris à partie par les policiers.
Cette tentative de manifestation a perturbé les activités
socio-économiques. Les établissements scolaires sont restés fermés et la
connexion internet a été coupée puis rétablie jeudi à la mi-journée.
Dans un communiqué, Amnesty international a fait état de
l'arrestation de trois membres de la société civile, dont Abdelbassit
Mahamat Ali Acyl et Ahmat Hassaballah, de la CTDDH, qui étaient tous
deux toujours "entre les mains des forces de sécurité" dans
l'après-midi.
Selon Amnesty, "les forces de sécurité déployées très tôt ont
dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène et de canons à
eau".
Police, gendarmerie et garde nationale avaient investi depuis jeudi matin les dix points de rassemblement prévus pour la marche.
Plusieurs organisations de la société civile et des syndicats avaient
appelé à une "marche pacifique" dans les grandes villes du pays pour
protester contre "la mauvaise gouvernance, les injustices de toutes
sortes et les mesures anti-sociales prises par le gouvernement".
La marche avait été interdite par le ministre de l'Intérieur et de la
sécurité publique Ahmadaye Abdelkerim Bhakit, qui avait sévèrement mis
en garde les possibles contestataires et brandi un risque de
"soulèvement populaire qui entraînerait des casses".
Suite à une réunion mardi avec le gouvernement, certains organisateurs avaient déclaré renoncer à manifester.
La ville de Moundou, capitale économique du Tchad et située dans le
sud du pays, a connu également jeudi matin un fort déploiement policier
pour prévenir toute manifestation, selon plusieurs témoins joints par
téléphone par l'AFP.
Le Tchad, où près de 40% de la population de plus de 14 millions
d'habitants vit sous le seuil de pauvreté, traverse depuis deux ans une
sévère récession économique, conséquence de la chute des prix du baril
en 2014, et a dû imposer des mesures d'austérité drastiques pour pallier
à cette crise.
André Kodmadjingar, correspondant à N'Djamena
Par VOA


