
La campagne électorale commence officiellement ce jeudi en RDC. Trois scrutins doivent se tenir le 23 décembre : présidentielle, législatives et provinciales. Des élections très attendues par les Congolais. Mais si la Céni se félicite d'être en train de tout mettre en œuvre conformément à son calendrier pour tenir les délais, de nombreuses incertitudes pèsent encore sur les conditions d'organisation de ces élections.
Alors que s'ouvre officiellement la campagne électorale, les
incertitudes ne manquent pas. Il y a d'abord l'absence de consensus
autour de la machine à voter
(lire notre encadré). Une partie des 21 candidats en lice la rejette,
considérant qu'elle n'est ni fiable ni légale. Même chose pour le
fichier électoral jugé « corrompu » par certains à cause
notamment de ses 6 millions d'électeurs enregistrés sans empreinte. Les
résultats de l'élection peuvent-ils être acceptés par tous dans ces
conditions ?
«Il faut qu’il y ait la légalité pour tout le monde, insiste un électeur, comme ça les élections seront plus sereines».
L'état d'esprit des Kinois face aux élections générales du 23 décembre: entre doutes et craintes
Autre source d'incertitude : la formation des
quelque 500 000 agents électoraux, maillons essentiels au bon
déroulement du vote, a débuté mais accuse des retards. Surtout, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) prévoit
de former le gros des troupes entre le 2 et le 7 décembre dans 239
sites de formation dans tout le pays. Au rythme où vont les choses, les
machines à voter seront-elles là à temps pour ces formations ?
Question d'autant plus importante que c'est à partir des sites de
formation que les responsables des centres de vote doivent eux-mêmes
acheminer tout le matériel électoral jusqu'aux bureaux de vote. Un
retard dans ces formations risque donc d'avoir un impact direct sur leur
capacité à ouvrir les bureaux le jour du scrutin.
Sans oublier le retard dans l'affichage des listes électorales
ou encore dans l'accréditation des observateurs qui n'a toujours pas
débuté dans certaines parties du pays. Autant de paramètres pourtant
indispensables, souligne un expert, « pour garantir la crédibilité du scrutin » et écarter le spectre d'une contestation post-électorale.
Des retards et manquements pointés par Sylvain Lumu, directeur de
l'Institut Alternatives et Initiatives citoyennes pour la Gouvernance
démocratique.
« Il y a encore des kits d’enregistrement d’accréditation des
observateurs qui font défaut sur le terrain, alors qu’aujourd’hui c’est
le début de la campagne électorale, une phase cruciale du processus, qui
mérite d’être observée de près pour la crédibilisation du processus
électoral ».
Sylvain Lumu, qui regrette l'absence de l'Union européenne parmi les observateurs. «
L’Union européenne a été en 2011 un acteur majeur pour l’observation
électorale. Là, elle ne va pas être là. C’est quand même dommage pour ce
processus électoral ».
« L’Union européenne n’a pas reçu d’invitation, l’Union africaine l’a reçue, la
SADC autant, et dans la semaine qui vient de s’écouler nous avons
rencontré des collègues de la CEEAC. Ça veut dire que visiblement il y a
des missions qui ont obtenu des faveurs et d’autres ne les ont pas eues ».
La CENI justifie le choix de ne pas avoir invité l'Union européenne
par le fait que son pays n'est pas membre de l'UE et par la nécessité de
privilégier des observateurs « sans parti pris ». Elle estime par
ailleurs que la présence de l'Union européenne n'est pas indispensable
pour garantir la crédibilité du scrutin. L'ONG américaine Centre Carter
est elle aussi toujours en attente d'invitation officielle et se voit
donc contrainte de réduire la durée et la taille de la mission qu'elle
comptait déployer.
Où en sont les machines à voter ?
Dans l'ouest du pays, malgré les retards, le déploiement
progresse petit à petit. Une partie des 40 000 machines arrivées à
Kinsahsa est déjà en route vers l'intérieur. La Céni avance le chiffre
de 70%, un chiffre impossible à vérifier.
Pour la partie est, c'est plus compliqué. Sur les 33 000 machines arrivées au port de Dar es Salam, 28 000 environ sont désormais à Lubumbashi d'où elles doivent être redéployées. Mais mercredi matin, sur les quelque 30 000 machines qui transitent par le port de Dar es Salam, 7 000 n'étaient toujours pas arrivées.
Ce qui inquiète les observateurs, c'est surtout le choix que fait la Céni de ne pas utiliser pour le moment les avions et hélicoptères mis à sa disposition par l'armée et pourtant présentés en grande pompe fin octobre pour rassurer l'opinion. Tout se fait pour l'instant par la route, les voies fluviales et par le train.
Il faut minimiser les coûts et il n'y a pas urgence, explique la Céni. « Nous sommes à l'aise », avance le rapporteur de la commission Jean-Pierre Kalamba.
Une analyse qui surprend plusieurs experts électoraux dans un pays où des territoires entiers sont restés enclavés et compte tenu de l'ampleur du défi qu'il reste à relever à seulement 30 jours du scrutin. Ils craignent que le vote ne puisse se dérouler que dans certains centres urbains. Sans oublier qu'avant même le 23 décembre, il faudra former les responsables des centres de vote. Et que pour cela, les machines à voter sont indispensables.
Le président de la Céni, Corneille Nangaa, appelle de son côté à ne pas écouter les rumeurs et assure que rien ne justifie à ce stade d'envisager un report du scrutin qui risquerait en outre de plonger le pays dans « l'incertitude ».
Pour la partie est, c'est plus compliqué. Sur les 33 000 machines arrivées au port de Dar es Salam, 28 000 environ sont désormais à Lubumbashi d'où elles doivent être redéployées. Mais mercredi matin, sur les quelque 30 000 machines qui transitent par le port de Dar es Salam, 7 000 n'étaient toujours pas arrivées.
Ce qui inquiète les observateurs, c'est surtout le choix que fait la Céni de ne pas utiliser pour le moment les avions et hélicoptères mis à sa disposition par l'armée et pourtant présentés en grande pompe fin octobre pour rassurer l'opinion. Tout se fait pour l'instant par la route, les voies fluviales et par le train.
Il faut minimiser les coûts et il n'y a pas urgence, explique la Céni. « Nous sommes à l'aise », avance le rapporteur de la commission Jean-Pierre Kalamba.
Une analyse qui surprend plusieurs experts électoraux dans un pays où des territoires entiers sont restés enclavés et compte tenu de l'ampleur du défi qu'il reste à relever à seulement 30 jours du scrutin. Ils craignent que le vote ne puisse se dérouler que dans certains centres urbains. Sans oublier qu'avant même le 23 décembre, il faudra former les responsables des centres de vote. Et que pour cela, les machines à voter sont indispensables.
Le président de la Céni, Corneille Nangaa, appelle de son côté à ne pas écouter les rumeurs et assure que rien ne justifie à ce stade d'envisager un report du scrutin qui risquerait en outre de plonger le pays dans « l'incertitude ».

