En payant 100.000 dollars, le chanteur est ressorti libre après avoir plaidé non-coupable. La prochaine audience a été fixée au 22 mars.
ÉTATS-UNIS - Le chanteur américain R. Kelly a été remis en liberté sous caution lundi 25 février après avoir plaidé non coupable des accusations d'abus sexuels sur quatre femmes, dont trois mineures, dont il fait l'objet.
A
sa sortie, après trois jours de détention, la vedette de R&B s'est
dirigée vers un véhicule noir sans dire un mot aux journalistes
présents. L'artiste avait comparu dans la matinée devant un tribunal de
Chicago, dans l'Etat de l'Illinois, aux côtés de son avocat qui s'est
exprimé à sa place. Il avait les mains menottées dans le dos et portait
une combinaison orange de détenu.
La police du comté de Cook,
région qui englobe Chicago, avait indiqué dans l'après-midi à l'AFP que
l'artiste allait être remis en liberté après avoir payé les 100.000
dollars correspondant à 10% de sa caution, fixée à un million de
dollars.
La justice de Chicago a entamé des poursuites après la diffusion début janvier sur la chaîne Lifetime de la série documentaire en six parties "Surviving R. Kelly".
Cette dernière multiplie les témoignages sur "les abus sexuels, mentaux
et physiques" qui auraient été perpétrés par le chanteur. Robert
Sylvester Kelly, âgé de 52 ans, avait été placé en détention vendredi
soir après s'être présenté à la police.
La prochaine audience a été fixée au 22 mars.
Dix chefs d'accusation
Son avocat, Steve Greenberg, a réaffirmé après l'audience que son
client niait les accusations et n'avait "rien fait de mal". "Personne ne
nous a montré de preuve qu'il a fait quelque chose de mal", a-t-il
insisté. Dix chefs d'accusation, chacun puni de trois à sept ans de
prison, ont été retenus contre le chanteur pour des agressions sur les
quatre victimes présumées entre 1998 et 2010. Selon la procureure
Kimberly Foxx, une vidéo montre l'artiste à son domicile ayant des
rapports sexuels avec l'une d'elles, alors âgée de 14 ans.
Deux
autres victimes présumées, dont une âgée de 16 ans à l'époque, ont
fourni des échantillons de sperme. Dans un cas, l'analyse ADN a confirmé
qu'il appartenait à R. Kelly. Pour Steve Greenberg, ce sont de vieilles
et fausses accusations et les accusatrices "mentent toutes".
Ces
propos sont "irresponsables", a réagi Lizzette Martinez, qui affirme
dans le documentaire avoir été agressée par le chanteur entre 1995 et
1999. "J'ai estimé que je devais être sincère et que je devais
m'exprimer sur ce qu'il m'est arrivé, pour sauver d'autres personnes",
a-t-elle dit lors d'une conférence de presse à Los Angeles.
"On
m'a fait mal quand j'étais jeune", a souligné Lizzette Martinez, 41 ans,
ajoutant que le chanteur, à ce moment-là toujours en détention, est "là
où il doit être".
"Fin brutale et définitive"
Le médiatique avocat Michael Avenatti, qui représente deux
accusatrices, a pour sa part affirmé lundi que son équipe avait fourni
au procureur une seconde vidéo de près d'une heure montrant le chanteur
"agresser sexuellement une mineure".
Michael Avenatti avait déjà
fourni à l'accusation la première vidéo, montrant la jeune fille censée
avoir 14 ans. Il a ajouté que son équipe tentait de récupérer une
troisième vidéo de même nature, et que d'autres témoins s'étaient fait
connaître depuis l'arrestation de R. Kelly.
"Ce règne d'agressions
et de violences de la part de M. Kelly s'approche d'une fin brutale et
définitive", a déclaré Michael Avenatti. R. Kelly, originaire de Chicago
et notamment interprète du tube "I Believe I Can Fly", fait face depuis
des décennies à des accusations d'abus sexuels et de pédophilie. Le
chanteur vedette a été brièvement marié, en 1994, avec la jeune star de
15 ans Aaliyah, dont les parents avaient ensuite fait annuler le
mariage.
Il avait été inculpé en 2002 pour possession d'images
pédopornographiques -il s'était filmé ayant des relations sexuelles avec
une adolescente de 14 ans- avant d'être acquitté en 2008.Après la
diffusion du documentaire, d'autres femmes ont saisi la justice à New
York.
"Ça a été long à venir mais on y est", a réagi dans le New York Times Lisa Van Allen, qui avait témoigné contre le chanteur en 2008 et qui apparaît dans le documentaire.
Le
chanteur a gardé un public fidèle malgré les accusations. Il a
toutefois été récemment lâché par sa maison de disque RCA, filiale de
Sony Music. Le mouvement #MuteRKelly ("faites taire R. Kelly"), lancé en
2017, affirmait fin janvier avoir entraîné l'annulation de 12 concerts,
dont certains prévus en Europe, et fait perdre à l'artiste environ 1,75
million de dollars.

