
Les enseignants de l’enseignement supérieur ont
timidement repris le chemin des amphithéâtres le 4
mars, après six
semaines de grève, alors que les élèves de nombreuses écoles primaires
et secondaires regagnaient leur domicile, faute d’enseignants. Ces
derniers ont pour la plupart choisi de continuer la grève, malgré
certains appels à la reprise.
À l’école primaire du quartier Siporex, dans la commune
populaire de Yopougon (Abidjan), des élèves en uniforme jouent dans la
cour à la mi-journée, ce lundi. Les salles de classe dans cette école
publique sont restées closes. En effet, à l’appel de la Coordination des
syndicats du secteur éducation-formation de Côte d’Ivoire (Cosefci),
les enseignants du primaire et du secondaire sont en grève, depuis six
semaines. Dimanche, un groupe de responsables de l’Intersyndicale de
l’enseignement préscolaire et primaire de Côte d’Ivoire (Iseppci) qui
avait rejoint le mouvement, avait appelé à la reprise des cours, à
l’issue d’une rencontre avec Kandia Camara, ministre de l’Éducation nationale. Un appel partiellement entendu.
« La quasi-totalité des classes dans le primaire comme au secondaire
sont restées fermées, ce lundi », confie Pacôme Attaby, porte-parole de
la Cosefci, qui annonce une assemblée générale mercredi pour décider de
la conduite à tenir. Du côté des autorités de l’Éducation nationale,
l’on se félicite de la reprise progressive des cours, même si l’on
reconnaît que la grève n’a pas été suspendue dans de nombreux
établissements scolaires.
Éviter « l’année blanche »
Six semaines après le début du mouvement, l’enjeu de cette reprise
reste le sauvetage d’une année scolaire qui a commencé avec un préavis
de grève mal négocié, en novembre dernier. « Nous allons tout faire pour
éviter “l’année blanche” », promet un conseiller de la ministre Kandia
Camara.
« Il faut donner une chance au dialogue. Le gouvernement veut ouvrir
un cadre nouveau de discussions, il faut aller à la table des
négociations et pour donner une chance aux débats annoncés, nous devons
ouvrir les salles de classe », insiste David Bli Blé, porte-parole de
l’Iseppci.
Si le gouvernement serait prêt à concéder l’intégration de 97
enseignants radiés en 2014, pour fait de grève dite « sauvage », il
n’entend pas transiger sur l’augmentation des indemnités de logement, le
point majeur des cinq revendications des grévistes.
Libération des deux fonctionnaires arrêtés
Du côté de l’enseignement supérieur, la grève a été suspendue pour
deux semaines. La reprise a été timide lundi matin, mais elle est
effective. La grève visant à réclamer le payement d’arriérés d’heures
supplémentaires et complémentaires, notamment à l’Université Félix
Houphouët-Boigny de Cocody (Abidjan), s’est durcie, pour gagner les
autres universités publiques du pays.
Vendredi, le professeur Johnson Zamina Kouassi, patron de la
Coordination des enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC) et
son collègue, le Dr Joël Dadé, arrêtés depuis le 18 février pour « troubles à l’ordre public et politique »,
ont été libérés de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca),
une décision des autorités qui a contribué à l’apaisement.