
Les autorités judiciaires iraniennes ont levé mardi l'accusation
d'espionnage visant Fariba Adelkhah.
Mais le sort de l'anthropologue
franco-iranienne et du chercheur Roland Marchal, détenus depuis juin en
Iran, n'est pas réglé pour autant. Les deux ressortissants français
restent sous le coup de chefs d'accusation passibles de prison.
Rares sont les bonnes nouvelles qui viennent d'Iran en ce début d'année. L'abandon du chef d'accusation d'espionnage
qui pesait contre Fariba Adelkhah en est une. La chercheuse
franco-iranienne du Centre de recherches internationales (Ceri) de
Sciences Po, arrêtée en juin par les Gardiens de la révolution
islamique, risquait jusque-là la peine de mort. Son avocat Saïd Dehghan a
par ailleurs annoncé, mardi 7 janvier, que le ministère public
abandonnait également ses poursuites pour "atteinte à l'ordre public" à
l'encontre de la directrice de recherche de 60 ans.
Autre signe encourageant, la spécialiste du chiisme, jusque-là incarcérée dans l'aile dure de la prison d'Evin, près de Téhéran, contrôlée par les Gardiens de la révolution et réservée aux prisonniers politiques, a été transférée à la fin du mois de décembre dans une aile attribuée aux détenus de droit commun.
Autre signe encourageant, la spécialiste du chiisme, jusque-là incarcérée dans l'aile dure de la prison d'Evin, près de Téhéran, contrôlée par les Gardiens de la révolution et réservée aux prisonniers politiques, a été transférée à la fin du mois de décembre dans une aile attribuée aux détenus de droit commun.
Détenus en pleine crise en Iran
Mais les raisons de se réjouir s'arrêtent là. Car Fariba Adelkhah reste poursuivie pour deux autres chefs d'accusation : "propagande contre le système" politique de la République islamique, et "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". La première accusation est passible de trois mois à un an d'emprisonnement, la seconde, de deux à cinq ans.
Le sort de Roland Marchal n'est pas beaucoup plus enviable. L'ami de la chercheuse est lui aussi poursuivi pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". Il n'a bénéficié à ce jour d'aucun transfert et croupit toujours, selon ses proches, dans un quartier hautement surveillé de la prison d'Evin. "La joie a été de courte durée, assène Richard Banegas, membre du comité de soutien de Fariba Adelkhah et Roland Marchal. C'est une victoire modeste car une large part d'incertitude pèse sur le sort des deux chercheurs."
Mais les raisons de se réjouir s'arrêtent là. Car Fariba Adelkhah reste poursuivie pour deux autres chefs d'accusation : "propagande contre le système" politique de la République islamique, et "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". La première accusation est passible de trois mois à un an d'emprisonnement, la seconde, de deux à cinq ans.
Le sort de Roland Marchal n'est pas beaucoup plus enviable. L'ami de la chercheuse est lui aussi poursuivi pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". Il n'a bénéficié à ce jour d'aucun transfert et croupit toujours, selon ses proches, dans un quartier hautement surveillé de la prison d'Evin. "La joie a été de courte durée, assène Richard Banegas, membre du comité de soutien de Fariba Adelkhah et Roland Marchal. C'est une victoire modeste car une large part d'incertitude pèse sur le sort des deux chercheurs."
Le sujet est d'autant plus épineux et incertain qu'il survient dans un contexte de crise. Depuis la mort du général iranien Qassem Soleimani,
tué vendredi 3 janvier à Bagdad par un drone américain, provoquant une
onde de choc mondiale, chacun s'interroge sur les conséquences pour les
détenus français. "Il est encore trop tôt pour se perdre en conjecture
et dire si la crise en Iran va bénéficier ou aggraver la situation de
Fariba et Roland, estime Sandrine Perrot, chercheuse au Ceri et membre
du comité de soutien, dans un entretien à France 24. Mais il n'est pas
sûr que le contexte de tension entre Washington et Téhéran ait une
incidence sur le sort de deux chercheurs. Il va falloir observer la
situation dans les jours et semaines à venir." Depuis le
début de leur incarcération, le Quai d'Orsay n'a pas pourtant pas ménagé
ses efforts pour réclamer leur libération immédiate et sans condition.
Mais Téhéran n'a cessé de dénoncer de son côté une ingérence de Paris
dans ses affaires intérieures, car l'Iran ne reconnaît pas la double
nationalité de la chercheuse. Mardi soir, lors d'un entretien
téléphonique avec Hassan Rohani pour plaider la désescalade,
Emmanuel Macron en a profité pour appeler une nouvelle fois à la
libération sans délai des deux chercheurs. "On se réjouit de savoir que
la diplomatie française soit mobilisée sur le dossier et de voir le
président français évoquer ce sujet sensible avec son homologue iranien,
confie à France 24 Richard Banégas, professeur à Sciences Po et membre
du comité de soutien aux deux chercheurs. Même si l'on sait que le chef
de l'État français est déjà plusieurs monté créneau cet été à ce sujet
sans obtenir de libération."
La "lionne" du Ceri
Pourtant, le temps presse. Roland Marchal souffre de problèmes de santé. Et Fariba Adelkhah a entamé avec Kylie Moore-Gilbert, une universitaire australienne détenue avec elle à la prison d'Evin à Téhéran, une grève de la faim illimitée depuis le 24 décembre. "Elle a perdu beaucoup de poids, elle ne pèse plus que quarante kilos, s'inquiète Béatrice Hibou, politologue rattachée au Ceri, et membre du comité. Mais elle tient moralement." Et Sandrine Perrot de surenchérir. "On ne la surnomme pas 'la lionne' pour rien. Elle est un esprit libre, une femme indépendante. C'est aussi une femme de terrain, une anthropologue qui ne faisait pas de politique, ce qui rend la situation d'autant plus absurde. Plus que jamais, elle est déterminée à se battre pour elle et pour tous ceux qui ont été arrêtés de manière arbitraire."
Pourtant, le temps presse. Roland Marchal souffre de problèmes de santé. Et Fariba Adelkhah a entamé avec Kylie Moore-Gilbert, une universitaire australienne détenue avec elle à la prison d'Evin à Téhéran, une grève de la faim illimitée depuis le 24 décembre. "Elle a perdu beaucoup de poids, elle ne pèse plus que quarante kilos, s'inquiète Béatrice Hibou, politologue rattachée au Ceri, et membre du comité. Mais elle tient moralement." Et Sandrine Perrot de surenchérir. "On ne la surnomme pas 'la lionne' pour rien. Elle est un esprit libre, une femme indépendante. C'est aussi une femme de terrain, une anthropologue qui ne faisait pas de politique, ce qui rend la situation d'autant plus absurde. Plus que jamais, elle est déterminée à se battre pour elle et pour tous ceux qui ont été arrêtés de manière arbitraire."
Les arrestations d'étrangers en Iran, notamment binationaux, accusés
souvent d'espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral
en 2018 des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et le
rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran. Depuis,
"les arrestations arbitraires sont devenues banales, juge Sandrine
Perrot, la voisine de bureau de Roland Marchal. Le pouvoir est entré
dans une mécanique qui vise à prendre tous les chercheurs pour des James
Bond. Mais c'est absurde."
Et la professeure et amie des détenus, Béatrice Hibou de conclure. "Fariba et Roland sont deux grosses personnalités du Ceri. Ils nous manquent ici, nous les attendons de pied ferme."
Et la professeure et amie des détenus, Béatrice Hibou de conclure. "Fariba et Roland sont deux grosses personnalités du Ceri. Ils nous manquent ici, nous les attendons de pied ferme."
Pour tromper l'attente et tenter d'obtenir leur libération, le comité de
soutien est pleinement mobilisé. Chaque début de séminaire est consacré
aux travaux de Fariba et Roland. "S'ils sont prisonniers, leurs idées,
elles, sont libres et continuent de se propager."
L'avocat des deux Français estime que les actes d'accusations définitifs des deux chercheurs devraient être transmis dans les jours qui viennent par le parquet au tribunal révolutionnaire de Téhéran. En attendant, Fariba Adelkhah poursuit toujours sa grève de la faim.
L'avocat des deux Français estime que les actes d'accusations définitifs des deux chercheurs devraient être transmis dans les jours qui viennent par le parquet au tribunal révolutionnaire de Téhéran. En attendant, Fariba Adelkhah poursuit toujours sa grève de la faim.
Par France 24

