Alors que les pompiers luttent depuis des semaines contre les
incendies, des témoins ont aperçu
récemment un glacier recouvert de
cendres à plusieurs centaines de kilomètres de là, en Nouvelle-Zélande.
Le cauchemar dure depuis le mois de septembre. Les incendies
continuent de ravager l'Australie et ont déjà causé la mort d'au moins
20 personnes. Une surface équivalente à deux fois la Belgique est partie
en fumée et l'ampleur de la catastrophe met l'accent sur le changement
climatique responsable, selon les scientifiques, d'une saison des feux
plus intense, longue et précoce que jamais. Voici quelques-unes des
conséquences des incendies.
Des glaciers néo-zélandais colorés en ocre
En
Nouvelle-Zélande, à des milliers de kilomètres de là, le glacier Franz
Josef a pris une coloration ocre en raison des fumées, comme en
témoignent plusieurs photographies prises le 1er janvier et partagées
sur les réseaux sociaux. "Le pilote de l'hélicoptère a dit qu'il était passé la veille et que la neige était encore blanche", commente l'auteure des photos sur CNN (en anglais). "Cette neige contaminée était comme une horreur de plus perpétrée par les êtres humains contre la planète", a également déclaré au site Stuff(en anglais) cette Australienne qui réside à Wellington.
Comme l'a fait remarquer mercredi le service météorologique
néo-zélandais, les fumées ont parcouru 2 000 kilomètres environ à
travers la mer de Tasman, pour atteindre le sud de la Nouvelle-Zélande.
Des images du glacier Tasman noyé dans une brume brune ont ainsi été
diffusées.
Ce phénomène fait craindre aux scientifiques une accélération de la
fonte des glaciers concernés. En effet, ces brumes sont susceptibles de
modifier l'albédo des glaces, c'est-à-dire leur capacité à renvoyer
l'énergie solaire. Une coloration plus sombre amoindrit la réfraction
des glaces blanches, ce qui augmente également la température moyenne.
Voici pourquoi l'ancienne Première ministre néo-zélandaise, Helen Clark,
écrit que le dépôt de cendres australiennes sur les glaciers risquait "d'accélérer leur réchauffement".
Andrew Mackintosh, professeur à l'université Monash et ancien directeur du Antartic Research Center, estime dans un entretien au quotidien britannique The Guardian(en anglais) que
cet événement pourrait augmenter la fonte des glaciers de 20 à 30%
cette saison. Cet effet induit par les poussières ne devrait pas se
prolonger au-delà d'un an, mais la possible répétition des incendies
pourrait à terme jouer un rôle dans la disparition des glaciers
néo-zélandais.
Près d'un demi-milliard d'animaux touchés
Depuis le mois de septembre dernier, quelque 480 millions d'animaux
(mammifères, oiseaux et reptiles) ont subi les conséquences directes et
indirectes des incendies dans l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud, selon
une étude de l'université de Sydney. "Beaucoup de ces animaux ont sans doute été tués directement dans les flammes, précise l'université sur son site, tandis
que les autres sont morts par la suite faute de nourriture et d'abri,
et en raison de la prédation des chats sauvages introduits et des
renards roux."
Cette estimation s'appuie sur une étude
réalisée en 2007 pour l'ONG WWF, qui s'interrogeait alors sur les
conséquences de la déforestation en Nouvelle-Galles du Sud. Ces chiffres
ne prennent pas en compte les insectes, les chauves-souris et les
grenouilles – le bilan pourrait être encore plus lourd. Les incendies
auront donc des effets profonds et durables sur l'écosystème du sud de
l'Australie. "Sur le long terme, la reconstruction des populations
de nombreuses espèces locales va être un défi. Un grand nombre d'entre
elles ont été indéniablement affectées par ces feux", résume le chercheur Chris Dickman, sur 7 News(en anglais).
Alan York, professeur à l'université de Melbourne (Australie), a cité notamment le cas du dasyorne brun, un petit oiseau qui vit dans des zones fortement touchées par les incendies (baie de Jervis, Mallacoota...) et dont les "capacités de vol sont très limitées". Le chercheur se veut toutefois optimiste. "Il est parfois surprenant de voir à quelle vitesse les choses peuvent se rétablir, déclare-t-il au site news.com.au (en anglais). Nous ne voulons pas que les gens perdent espoir."
Un navire de guerre pour secourir des habitants
La
marine australienne a entamé vendredi l'évacuation de centaines de
personnes piégées à Mallacoota, une ville du sud-est du pays cernée par
les incendies. Une chaloupe de débarquement du navire HMAS Choules
a fait des allers-retours avec la localité de Mallacoota, prenant en
charge des familles parfois avec leurs animaux de compagnie et quelques
effets personnels. Certains habitants de cette ville de l'Etat de
Victoria s'étaient réfugiés sur le front de mer depuis la
Saint-Sylvestre pour se protéger.
"Un millier de personnes devraient avoir été évacuées de la zone" vendredi, a déclaré le Premier ministre australien, Scott Morrison. Par ailleurs, l'ordre d'évacuer a été donné à des dizaines de milliers d'habitants de trois Etats.
Un oiseau imite la sirène des pompiers
L'image
est tout à fait anecdotique, mais elle résume à elle seule la
situation. Le cassican flûteur est un oiseau capable de reproduire les
sons de son environnement. À Newcastle, au nord de Sydney, ce petit
passereau a été filmé en train d'imiter la sirène des pompiers. "Il y a eu tellement de véhicules de secours qu'il semble que cet oiseau a enregistré les sons", ont écrit les sapeurs-pompiers de Copacabana Beach sur Facebook.
Au tennis, les aces valent de l'or
La
star du tennis Nick Kyrgios a fondu en larmes après sa victoire lors de
son entrée en lice dans l'ATP Cup, une compétition par équipes disputée
à Brisbane, Perth et Sydney. "Ma ville natale est Canberra et nous avons l'air le plus toxique du monde en ce moment, c'est assez triste, a déclaré le joueur sur le court. C'est difficile. Désolé." Il a également adressé ses pensées aux pompiers, aux familles touchées, aux animaux et à tous ceux "qui perdent leurs maisons".
Le numéro 30 mondial s'est personnellement engagé à donner 200
dollars australiens (125 euros) aux victimes des incendies pour chaque
ace qu'il réussira pendant la saison australienne du circuit ATP,
c'est-à-dire tout le mois de janvier et début février. Son compatriote
Alex de Minaur, 18e mondial, versera quant à lui 250 dollars australiens
(156 euros) à chaque ace.
Le directeur du tournoi a
également annoncé que chaque ace réussi pendant cette compétition de dix
jours (3-12 janvier) générera 100 dollars australiens de soutien. Par
exemple, la somme totale pourrait atteindre 150 000 dollars locaux (94
000 euros) avec 1 500 aces réussis pendant le tournoi.
Les
organisateurs de la compétition ont annoncé que des experts médicaux
surveilleraient les conditions de jeu et que les matches seraient
suspendus si nécessaire. Par ailleurs, le tournoi Challenger de
Canberra, qui débute le 6 janvier, a été délocalisé à Bendigo en raison
des incendies.
Par Franceinfo

