
L’entrepreneuriat
exige des qualités spécifiques. Innover, apprécier les risques,
décider, agir, manager, nombreux sont les verbes d'action liés à
l'entrepreneuriat. Un profil apparemment éloigné de celui de
l’exécutant. Mais ce dernier est-il condamné à rester à la porte de
l’entrepreneuriat ? Rien n’est moins sûr au regard des bouleversements
en cours et de la notion de plus en plus courante au sein de
l’entreprise d’intelligence collective.
Les temps changent, les créateurs d’entreprises aussi !
En psychologie, il est commun de définir
l'exécutant comme une personne plutôt réservée en recherche de
sécurité. Cette aversion pour le risque n’en fait pas moins quelqu'un de
sérieux et motivé dans l’accomplissement des missions qui lui sont
confiées. De but en blanc, il serait assez raisonnable de juger
l’exécutant comme inapte à l’entrepreneuriat qui offre tout sauf une vie
paisible car exempte de prises de risques. Néanmoins, les temps
changent et s’accélèrent, les modèles économiques sont remis en question
et l’être humain s’adapte.
Dans un contexte économique rendu
difficile par la crise, les bouleversements liés à la mondialisation, à
la numérisation et à l’émergence de l’économie collaborative, les
exécutants ont une perception du risque fort différente de ce qu’elle
pouvait être hier. La sécurité n’est plus là où l'exécutant pouvait la
trouver il y a encore dix ans ! Il peut être par exemple plus risqué
d’exercer comme salarié d’une entreprise soumise aux aléas économiques
que d’œuvrer à son compte au profit de plusieurs ! A défaut de vouloir
entreprendre pour changer le monde, l’exécutant peut le faire pour se
prémunir des risques économiques liés à l’emploi salarié ou tout
simplement pour retrouver une activité après un licenciement! Le chômage
est, en effet, un puissant ressort de l’entrepreneuriat. En 2014, pas
moins de 18 000 chômeurs se sont jetés dans l’aventure entrepreneuriale.
Leur profil d’exécutant ne les empêche pas de représenter 40% des
créateurs d’entreprises !
Je pense donc... je peux entreprendre
L’entreprise c’est un entrepreneur qui
pense et des employés qui exécutent ! En êtes-vous si sûrs ? Cette
vision taylorienne de l’entreprise n’est-elle pas remise en question ?
Dès 1985, Konosuke Matsushita, fondateur de Matsushita Electric
(Panasonic) prédisait la suprématie de l’Orient sur l’Occident grâce à
sa capacité à fédérer au sein de l’entreprise toutes les intelligences,
du cadre dirigeant au plus modeste employé. Cette intelligence
collective était sensée caractériser le modèle japonais au détriment
d’un Occident incapable de le mettre en place ! Fort heureusement, ce
dernier tire aussi sa force de sa capacité à évoluer ! 30 ans après les
sombres prédictions de Konosuke Matsushita, les entreprises occidentales
font de plus en plus de place à cette intelligence collective. Des
start-up (Blablacar, Michel&Augustin), des PME (Probionov) et des
grands groupes (Leroy Merlin) misent sur cette forme de management qui
estompe la notion chefs/exécutants. De faits les exécutants
d’aujourd’hui, instruits, qualifiés et plus autonomes, sont non
seulement porteurs de solutions mais portent aussi en eux l'ADN de
l’entreprenariat. Que les circonstances se présentent et ils franchiront
le pas d’autant plus facilement qu’ils ont été initiés aux rouages de
l’entreprises.
La catégorisation des individus devient
de moins en moins pertinente tant la société impose pour survivre une
grande capacité d’adaptation professionnelle. L’exécutant d’aujourd’hui
sera peut-être l’entrepreneur de demain. Il se peut même qu’il y excelle
tant en matière d’entrepreneuriat que de management si l’on se réfère à
l’athénien Solon pour qui « il faut apprendre à obéir pour savoir
commander ».
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