
Le Premier ministre éthiopien a annoncé la
nomination de l'ancienne juge et opposante Birtukan
Mideksa à la tête de
la Commission électorale qui se chargera d'organiser les élections
générales de 2020, les premières de l'ère Abiy Ahmed qui a promis un
scrutin « crédible » et « libre »
C’est un symbole politique fort envoyé en
direction de l’opposition. Abiy Ahmed a annoncé jeudi 22 novembre la
nomination de Birtukan Mideksa, revenue début novembre de sept ans
d’exil au États-Unis, à la tête de la National Electoral Board of
Ethiopia (NEBE), la Commission électorale nationale éthiopienne.
Ancienne juge, Birtukan Mideksa était une des chefs de file de la
Coalition pour l’unité et la démocratie, alliance de quatre partis
d’opposition qui avait contesté les élections de 2005 dont elle se
réclamait vainqueur. Elle avait été arrêtée en novembre, en compagnie
d’autres personnalités politiques de l’opposition à la suite des
manifestations de contestation du scrutin qui avaient fait 193 morts.
De la prison à l’exil
Libérée une première fois à la suite d’une grâce en 2007, elle fonde –
sur la base de la la Coalition pour l’unité et la démocratie -, son
propre parti, l’Unité pour la démocratie et la justice en juin 2008.
Arrêtée une seconde fois en décembre 2008 et condamnée à la prison à
vie, elle est libérée une seconde fois en 2010 et prend cette fois le
chemin de l’exil aux États-Unis.
« Nous l’avons nommée pour sa connaissance de la Constitution et des lois du pays », a expliqué Abiy Ahmed devant le Parlement,
selon des propos rapportés par l’agence Reuters. « Elle a ses opinion,
comme tout le monde, mais non pensons qu’elle agira selon la
Constitution », a-t-il ajouté.
Le
compte Twitter de la primature a estimé qu’avec cette nomination, Abiy
Ahmed « concrétise sa promesse de faciliter les réformes électorales et
témoigne de la volonté politique de renforcer une commission
indépendante en vue des élections de 2020 ».
Le Premier ministre éthiopien, qui bouleverse le paysage politique
éthiopien depuis son élection en avril, marque là une étape importante
en vue de ce scrutin qu’il a promis « libres », « justes » et
« démocratiques ». « Des travaux ont été entrepris afin de rendre la
NEBE [Commission électorale, ndlr] non partisane et crédible », avait-il
déclaré dès la fin du mois d’août.
Lors des dernières élections, en mai 2015, le Front démocratique
révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition qui dirige
l’Éthiopie depuis 1991, avait raflé l’ensemble des 547 sièges de la
chambre basse du Parlement à l’issue d’un scrutin qualifié de
« mascarade » par l’opposition en exil. Birtukan Mideksa, qui a prêté
serment devant la nouvelle présidente de la Cour suprême, Meaza Ashenafi, nommée le 1er novembre, a promis de rendre la commission « transparente et digne de confiance ».
Plusieurs partis d’opposition et groupes rebelles en exil, comme le
Ginbot 7 ou le Oromo Liberation Front ont déjà répondu favorablement à
l’appel du Premier ministre éthiopien qui a promis de promouvoir un
multipartisme démocratique en vue des élections de 2020, avec 27 ans de
main-mise de l’EPRDF sur la vie politique éthiopienne.
Par Jeune Afrique

