
Selon le quotidien, le président algérien souffrirait de problèmes neurologiques et respiratoires, ce qui contredit son entourage.
L'état de santé du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, est un
des secrets les mieux gardés d'Algérie. Cela n'a pas empêché ces
derniers jours, la presse de publier des informations qui ont relancé
dans l'opposition la demande de déclarer la vacance du pouvoir, alors
que des milliers d'Algériens se mobilisent en masse pour dire non à un
éventuel cinquième mandat du chef de l'Etat.
La "Tribune de Genève" a
ainsi rapporté mercredi 6 mars qu'Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé aux
Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) en Suisse depuis plus de dix
jours, était "sous menace vitale permanente". Selon le quotidien, qui ne
cite pas ses sources, le président algérien, 82 ans, qui a fait une
attaque cérébrale en 2013, souffre de problèmes neurologiques et
respiratoires. Son état de santé se serait dégradé ces trois dernières
années.
Toujours selon la "Tribune de Genève", il serait atteint d'une
"atteinte systémique à des réflexes corporels". S'il n'existe "aucun mal
mortel à court terme", il présente des risques de faire des fausses
routes. Des aliments peuvent être dirigés vers ses voies respiratoires,
ce qui peut entraîner une infection pulmonaire grave. Sous
antibiotiques, il reçoit aussi des soins de physiothérapie respiratoire.
Le quotidien ajoute :
"Moins grave, mais tout de même préoccupant dans l'exercice de ses fonctions politiques, le président algérien est atteint d'aphasie, soit de perte partielle du langage. Il semble réceptif à ce qu'on lui dit, mais on le comprend à peine. Il faut pratiquement lire sur ses lèvres.
Son imposante équipe médicale – quatre médecins algériens, dont un cardiologue, un anesthésiste et un interniste – lui sert d’interprète avec le monde extérieur et parle souvent à sa place."
Pas d'inquiétude pour le camp présidentiel
Pourtant, jeudi, son nouveau directeur de campagne, Abdelghani
Zaalan, a déclaré au journal "El Khabar" que le séjour d'Abdelaziz
Bouteflika pour "des contrôles périodiques" était "sur le point de se
terminer".
"Son état ne suscite aucune inquiétude", a-t-il assuré démentant les informations de la "Tribune de Genève".
Il n'a toutefois évoqué aucune date de retour en Algérie. Selon
la Radio Télévision Suisse, il pourrait bientôt quitter les HUG, sans
que l'on sache avec certitude sa destination.
Selon le journal suisse "le Temps", le jet privé du pouvoir,
qui aurait transporté Abdelaziz Bouteflika et ses proches, n'est pas
revenu à Cointrin, l'aéroport international. Celui-ci était reparti le
24 février au soir, en direction de l'Algérie, quarante minutes après
son atterrissage. Le président algérien est depuis hospitalisé dans la
division privée au 8e étage des Hôpitaux Universitaires de Genève, dont
la sécurité a été renforcée.
Faux certificat ?
Les problèmes de santé d'Abdelaziz Bouteflika ne sont un secret
pour personne, mais pendant longtemps, les seules informations
émanaient de la présidence algérienne. En octobre, l'ancien directeur de
la DGSE, Bernard Bajolet, avait, lui, expliqué au "Figaro", qu'il était "maintenu en vie artificiellement".
Ces informations contredisent le certificat médical officiel de
"bonne santé" transmis dimanche au Conseil constitutionnel algérien
lors du dépôt de candidature. Mercredi, sans nommer Abdelaziz
Bouteflika, le Conseil de l'ordre des médecins en Algérie a mis en
garde, dans un communiqué, les institutions nationales chargées
d'examiner la validité des certificats médicaux pour les candidats à
l'élection présidentielle - le Conseil constitutionnel en l'occurrence,
selon "El Watan".
Par ailleurs, le standard des Hôpitaux universitaires de Genève
a été pris d'assaut hier après un appel sur les réseaux sociaux dans ce
sens. Submergés d'appel, les HUG ont dû renforcer leur personnel, neuf
personnes ont été mobilisées, trois fois plus que d'habitude.
S. D.
Par L'Obs