
La vidéo d’une présumée résurrection réalisée par le
pasteur sud-africain Alph Lukau suscite
crédulité, raillerie, agacement
politique et même un dépôt de plainte de trois compagnies de pompes
funèbres...
Fake news religieuse sur le parvis de l’église Alleluia Ministries International de Johannesburg ? Sur une vidéo devenue virale depuis le 24 février,
le pasteur Alph Lukau prononce des incantations en direction d’un
cercueil ouvert. Le corps qui s’y trouve, tout vêtu de blanc, les yeux
clos mais la bouche entrouverte, est « donné pour mort ». À l’instant
précis où le religieux s’exclame « Debout ! Maintenant ! », le présumé
cadavre se redresse avec un air éberlué, rapidement enveloppé d’une nuée
d’applaudissements et de bénédictions fougueuses.
Les saynètes de cet acabit christo-spectaculaire ne manquent pas
#ResurrectionChallenge
Comme il fallait s’y attendre, la frange la plus taquine des
internautes tourne cet happening en dérision, par le biais du hashtag
#ResurrectionChallenge. Est-il pourtant besoin de reconstituer la scène
pour obtenir des mèmes ? Les saynètes de cet acabit
christo-spectaculaire ne manquent pas, singulièrement dans les pays
anglophones perméables à toutes sortes de tropicalisations
américano-évangélistes.
Dans
la foulée de la « résurrection » sud-africaine, les médias du continent
tracent le portrait du pasteur zimbabwéen Paul Sanyangoré, qui prétend
détenir le contact téléphonique du Tout-Puissant. En juillet 2018,
l’autoproclamé « prophète » Getayawale Ayele était arrêté en Éthiopie
après avoir, lui, échoué à ramener un mort à la vie. Au Ghana, en
janvier dernier, les biens du révérend Owusu-Bempah étaient vandalisés,
en réaction à sa prédiction qui annonçait la mort de plusieurs
personnalités.
Les pompes funèbres, victimes collatérales
Passés la ferveur de charbonnier et l’amusement de potache, c’est
donc souvent au vinaigre que tournent ces bondieuseries non homologuées.
La présumée résurrection sud-africaine n’échappe pas à la règle. Drapée
dans un premier degré qui dénonce le danger de l’embrigadement
spirituel, la Commission nationale de la promotion et de la protection
des communautés culturelles, religieuses et linguistiques s’est sentie
obligée d’intervenir à la télévision publique sud-africaine pour
déclarer qu’il n’y avait pas eu de miracle.
Les entreprises funéraires devraient délivrer des cartes de fidélité
Tout aussi sérieuses, c’est sur le terrain judiciaire que trois
entreprises funéraires ont déplacé la polémique. Kingdom Blue, Kings
& Queens Funeral Services et Black Phoenix estiment que le «
stratagème » porte préjudice à leur réputation. Certains de leurs
employés auraient été manipulés, en vue du bon déroulement de la scène,
et des autocollants de l’une de ces sociétés auraient été abusivement
apposés sur le corbillard. Les trois compagnies de pompes funèbres
intentent donc un procès au pasteur. D’un point de vue commercial,
pourtant, la résurrection ne garantit-elle pas plusieurs obsèques à la
même personne ? Les entreprises funéraires devraient délivrer des cartes
de fidélité…
Source: jeuneafrique.com

