Il y a encore quelques jours, sur les antennes d’une chaîne de
télévision au Cameroun, Joshua Osih
affirmait que son parti allait
travailler dans les prochains avec les autres formations politiques et
le directoire du MRC pour obtenir la libération des prisonniers
politiques.
Saviez-vous que jusqu’à ce jour aucune démarche n’a
été entreprise par ce parti politique depuis cette date. Aucune. Aucun
haut responsable de ce parti n’a engagé une quelconque démarche pour
rencontrer les prisonniers. Or l’histoire nous apprend qu’en 1992,
Maurice Kamto avait appelé les intellectuels à soutenir FRU Ndi et le
SDF. Drôle n’est-ce pas pour ce parti qui pendant de longues années
s’est positionné comme un parti de l’opposition.
Mais y a t’il
quelque chose de surprenant dans cette démarche? En réalité Non pour
tout observateur attentif de la scène politique camerounaise.
Souvenez-nous qu’aux lendemains de l’arrestation de Maurice KAMTO et
autres, le secrétaire général du RDPC, Jean Tsemelou affirmait
clairement sur les antennes de la RTS à Yaoundé qu’ils ne
travailleraient pas avec le MRC qui d’après lui n’était pas” une
opposition responsable “. Qu’entends-il par opposition responsable il ne
fournira aucune réponse.
Mais en vérité, le MRC également n’a
manifesté aucun intérêt à discuter avec le SDF qui au sortir des
élections avait validé l’élection truquée de Paul Biya. Vous vous
imaginez en Afrique un parti d’opposition validé l’élection d’un
dictateur. Cela mérite des interrogations n’est-ce pas? On pourrait
clairement y voir une collusion entre eux et le RDPC. N’ayant pas
soutenu le MRC dans sa démarche de “ Non au hold-up “, le parti de
Maurice KAMTO n’a pas trouvé utile de s’intéresser aux gesticulations
verbales des responsables du SDF.
Mais en vérité le SDF fait un
calcul cynique et même méchant. Grosse déception à l’occasion des
élections présidentielles, ils ne se sont toujours pas remis du fait
qu’un jeune parti comme le MRC s’est en quelques mois positionné comme
le leader de l’opposition. L’assise nationale du SDF ayant été déjà
érodé par le RDPC au fil des années où ils n’étaient plus que cantonnés
principalement dans la zone anglophone aujourd’hui en guerre. Dès lors,
ils n’ont plus de base électorale. Les scores de la présidentielle à
l’ouest et dans le Littoral montrant que le MRC a presque ravi 90 % de
leur électorat.
Ayant conscience de cette situation, ils sont
prêts à coaliser avec le RDPC pour decapiter le MRC en espérant qu’au
terme de ce processus les électeurs du MRC puisse se résilier à voter
pour eux. Même s’il faille saper la démocratie et les libertés publiques
l’essentiel c’est que la bourgeoisie élitiste de ce parti puisse
conserver ses positions dominantes dans le jeu de la démocratie make up
avec Biya.
Cependant, ce que le SDF n’avait pas prévu et même le
RDPC et autres, c’était l’effet boomerang de l’arrestation de Maurice
Kamto et autres qui a boosté incontestablement la côte de popularité de
ce parti et a fait de lui un acteur majeur voir incontournable dans le
jeu politique. Le capital de sympathie que Maurice KAMTO bénéficie
auprès des anglophones par rapport au SDF rendant leur équation encore
plus complexe.
C’est cette situation qui explique les
déclarations multiples des responsables du SDF qui visiblement n’ont pas
une position claire et semble vouloir protéger plus leurs intérêts que
la démocratie. Mais côté MRC même si on ne dit rien officiellement on
semble indifférent face à l’attitude du SDF. Les liens obscurs
entretenus par John FRU NDI avec le pouvoir de Paul Biya depuis plus
d’une décennie semble avoir tué les valeurs socialistes de ce parti.
BORIS BERTOLT

