Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans la mégapole.
« C’est triste que nos
revendications de 2019 doivent être reportées à
2020 », a souligné un des organisateurs.
Quelque 400 manifestants ont été arrêtés mercredi 1er janvier
à Hongkong lors de l’imposant défilé prodémocratie marqué par des
affrontements avec les forces de l’ordre, a annoncé la police. Ces
manifestants ont été arrêtés notamment pour « rassemblement illicite et détention d’armes », a déclaré lors d’une conférence de presse un responsable de la police hongkongaise, Jim Ng.
Selon
les organisateurs, plus d’un million de personnes ont participé à cette
première manifestation prodémocratie de 2020, destinée à marquer le
passage à la nouvelle année et à insuffler un nouvel élan au mouvement. « La participation totale a dépassé le 1,03 million du 9 juin »,
a estimé dans un communiqué le Front civil des droits de l’homme
(FCDH), se référant à la première manifestation d’ampleur marquant le
début véritable du mouvement.
Mercredi,
les autorités ont demandé aux organisateurs de mettre fin à la marche
plus tôt que prévu en raison d’affrontements. Autorisée, elle avait
débuté pacifiquement dans l’après-midi, mais des affrontements ont
éclaté alors que le cortège parcourait le quartier de Wan Chai.
Visée par des cocktails Molotov, la police antiémeute a fait usage de gaz lacrymogène et de gaz au poivre. « La police nous a demandé de disperser la marche, ont alors annoncé les organisateurs par mégaphone aux manifestants. S’il vous plaît, partez immédiatement, dans le calme et lentement. »
Dans
des scènes devenues familières, les policiers antiémeute se sont
déployés aux alentours de la manifestation, y compris à la station de
métro de Wan Chai. Des manifestants masqués et vêtus de noir se sont
rassemblés pour dresser des barricades et des commerces ont été
vandalisés.
Ces
affrontements ont toutefois été minimes comparés à de précédents
épisodes chaotiques. Au crépuscule, des journalistes ont vu les
policiers arrêter une centaine de manifestants. Aucune confirmation
n’était immédiatement disponible auprès de la police.
La
manifestation visait à faire pression sur l’exécutif local afin qu’il
accède aux demandes des protestataires, telles qu’un véritable suffrage
universel, une enquête indépendante sur le comportement de la police, et
l’amnistie pour toutes les personnes arrêtées depuis juin (environ
6 500, dont près d’un tiers âgés de moins de 20 ans).
« C’est triste que nos revendications de 2019 doivent être reportées à 2020 », a regretté Jimmy Sham du FCDH, s’adressant à la foule avant le départ de la marche. « Nous nous attendons à plus de répression à l’avenir. Nous devons nous préparer activement à la lutte. » Beaucoup de participants arboraient des banderoles rappelant les principales revendications.
« Situation désespérée »
« L’Etat de droit, les droits de l’homme et la liberté de Hongkong ont été progressivement érodés », a martelé un manifestant, le visage dissimulé par un masque, dans un discours pendant le rassemblement des manifestants. « Les habitants de Hongkong ont été poussés vers une situation désespérée. C’est pourquoi aujourd’hui nous devons sortir. »
Mardi soir, des milliers de personnes s’étaient rassemblées à travers la mégapole pour attendre le passage à 2020, décomptant : « Dix ! Neuf ! Libérez Hongkong, la révolution maintenant ! »
Dans
le quartier de Mong Kok, de petits groupes ont mis le feu à des
barricades et la police a alors fait usage de gaz lacrymogènes pour la
première fois en 2020. Plus tôt dans la journée de mardi, des milliers
de manifestants avaient formé des kilomètres de chaînes humaines dans la
ville. Ils ont entonné Gloire à Hongkong, l’hymne de la contestation, et brandi des affiches appelant à poursuivre en 2020 la bataille pour la démocratie.
Suscitée
initialement par un projet d’autoriser les extraditions vers la Chine
continentale, abandonné depuis, la contestation s’est ensuite élargie
pour dénoncer le contrôle exercé par Pékin.
Le
mouvement a connu une accalmie après la victoire écrasante, à la fin
de novembre, du camp prodémocratie lors d’élections locales perçues
comme un référendum sur la gestion de la crise par le gouvernement local
soutenu par Pékin.
Mais les
manifestants ont juré de poursuivre leur combat pour plus de libertés.
Jusqu’à présent, leurs revendications ont été rejetées par l’exécutif
hongkongais dirigé par Carrie Lam, aligné sur Pékin.

