
La Guinée-Bissau a un nouveau président. En effet, l’opposant Umaro Sissoco Embalo vient de remporter le deuxième tour du scrutin avec 53,5% des voix face à Domingos Simoes Pereira, candidat du PAIGC, le parti historique qui conteste ces résultats.
Pari gagné pour le candidat du Madem, jeune parti créé il y a
seulement un an et demi : Umaro Sissoco Embalo, 47 ans, ancien Premier
ministre, l'a emporté face au parti historique PAIGC, qui domine la vie
politique du pays depuis l’indépendance.
Umaro Sissoco Embalo a bénéficié d’un report des voix après avoir obtenu des soutiens de poids suite
au premier tour. Ceux des candidats arrivés 3e, 4e et 5e, et notamment
de Nuno Nabiam qui avait recueilli 13% des voix, et du président
sortant José Mario Vaz, qui en avait obtenu 12%, unis contre le PAIGC.
Domingos Simoes Pereira conteste l'élection
Celui
qui se fait appeler « général du peuple » a fait campagne sur le thème
du changement, de la rupture, d’une nouvelle génération. Il n’a cessé
d’attaquer le bilan de ce parti, accusé d’être responsable des blocages,
de l’instabilité de ces dernières décennies. Et en face, Domingos
Simoes Pereira n’a pas réussi à mobiliser des électeurs lassés des
crises politiques à répétition. Le PAIGC a perdu du terrain, notamment,
dans l’est du pays. « DSP » avait affirmé avant l’annonce officielle
qu’il reconnaîtrait les résultats, mais finalement, il conteste cette
élection. Il évoque un « piratage informatique », et annonce qu'il va introduire un recours.
Un pouvoir divisé
Le président Madem va donc se retrouver face à un Parlement aux couleurs du PAIGC. Durant la campagne, la question des institutions est
souvent revenue dans les débats. En effet, la Constitution prévoit un
système exécutif à deux têtes : un président et un Premier ministre issu
de la majorité au Parlement. Une répartition des pouvoirs ambiguë qui a
conduit ces dernières années à une valse de gouvernements.
Aujourd’hui,
le Parlement est dominé par le parti historique, depuis les
législatives du mois de mars et la crainte, c’est de nouveau un blocage.
Interrogé sur cette question au lendemain du second tour, Umaro Sissoco
Embalo avait assuré que le problème n’était pas la Constitution, mais
dans les hommes. Il promet donc d’être « un régulateur », « le président de tous les Bissau-Guinéens ».

