
En 2019, le secteur pétrolier africain a vu
la découverte de plusieurs gisements de pétrole et de gaz
naturel de
classe mondiale, l’arrivée de nouveaux investissements ainsi que de
nouveaux acteurs locaux, et ouvert la porte à de réjouissantes
perspectives pour les prochaines années. Que réserve donc le secteur
pour cette nouvelle année ? Tour d’horizon des évènements majeurs qui
marqueront 2020 en Afrique.
Moins de pétrole provenant de la zone OPEP
Face aux menaces des Etats-Unis de produire plus de
pétrole en 2020 et vu les perspectives selon lesquelles les stocks
mondiaux risquent de connaître une hausse record, l’OPEP a décidé de
réduire de 500 000 nouveaux barils sa production. L’accord sera valable
au moins jusqu’à mars 2020 et sera principalement porté par l’Arabie
Saoudite. Une coupe qui viendra s’ajouter aux 1,2 million de barils par
jour déjà gelés. Cela portera le niveau de réduction de l’offre OPEP et
alliés à 1,7 million de barils par jour.

L’OPEP a décidé de réduire de 500 000 nouveaux barils sa production.
Mais selon une étude de la firme norvégienne de conseil
en énergie Rystad Energy, il faudrait une réduction supplémentaire d’au
moins 800 000 barils par jour pour prévenir efficacement les risques
d’accumulation des stocks.
« Nous adressons un message clair aux pays de
l’OPEP : la reconduction de l’accord de production actuel ne suffit pas à
préserver l’équilibre du marché et à garantir un environnement stable
des prix du pétrole en 2020.»
« Nous adressons un message clair aux pays de
l’OPEP : la reconduction de l’accord de production actuel ne suffit pas à
préserver l’équilibre du marché et à garantir un environnement stable
des prix du pétrole en 2020 », a déclaré Bjørnar Tonhaugen,
responsable des études du marché pétrolier chez Rystad Energy. Quoi
qu’il en soit, les membres du cartel devront réduire leur niveau de
production, au moins jusqu’en mars, avant éventuellement une nouvelle
réduction de l’offre.
Le Sénégal de nouveau sur le marché de l’exploration pétrolière
Après son premier appel d’offres pétrolières lancé en
2018 et celui de 2019, le Sénégal va de nouveau mettre des blocs
d’exploration sur le marché en 2020. Au total, 10 périmètres seront
ouverts au marché, à partir de janvier 2020, lors d’un sommet qui
réunira les pays membres du bassin MSGBC
(Mauritanie-Sénégal-Guinée-Bissau-Conakry).

Au total, 10 périmètres seront ouverts au marché, dès ce mois de janvier 2020.
La société de géologie pétrolière, TGS, qui a mené
plusieurs études dans les eaux du pays, ces dernières années, soutient
le cycle avec des données sismiques 2D, 3D, multifaisceaux et
d’échantillonnage du fond marin.
« Je tiens à souligner les immenses opportunités qui
existent au Sénégal, ainsi qu’à rassurer d’un cadre réglementaire et
d’investissement stable.»
« Je tiens à souligner les immenses opportunités
qui existent au Sénégal, ainsi qu’à rassurer d’un cadre réglementaire et
d’investissement stable. Les investisseurs devraient être enthousiastes
et prêts à relever le défi de tirer parti des opportunités qui
s’offrent dans le secteur pétro-gazier », a dit le ministre
sénégalais du Pétrole, Mouhamadou Makhtar Cissé. Le Sénégal commencera à
produire du pétrole en 2022, sur le champ Sangomar, et du gaz naturel
liquéfié (GNL) pour l’exportation, dès 2023.
Le Liberia offrira 9 blocs d’exploration pétrolière au marché
Au Liberia, le gouvernement lancera, dès avril
prochain, un appel d’offres international relatif à 9 blocs pétroliers
offshore, notamment dans le bassin Harper, à l’extrême sud du pays.
C’est aussi l’une des dernières régions inexplorées et non forées au
large de l’Afrique de l’Ouest. Le programme sera officiellement lancé
par le président George Weah. A l’instar du Sénégal, TGS appuiera le
programme avec une large gamme de données multi-clients recueillies sur
une grande partie de l’offshore libérien. Au total, elle mettra à
disposition 5272 km2 de données 2D et 6276 km2 de données sismiques,
gravimétriques et magnétiques 3D.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Weah, une réforme
profonde du secteur a été entreprise et elle a vu la société publique du
pétrole, NOCAL, être déchargée de ses prérogatives de régulation.
Le pays tentera ainsi de se refaire une santé sur le
marché, après le départ de ses plus importants explorateurs ExxonMobil
et Canadian Overseas Petroleum (COPL) en 2017. Si les raisons ayant
entraîné le départ de ces deux compagnies n’ont pas été précisées dans
la presse, des sources proches du dossier pensent qu’elles relèvent
d’une lourde bureaucratie et du faible engagement public.

L’une des dernières régions inexplorées et non forées au large de l’Afrique de l’Ouest.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Weah, une réforme
profonde du secteur a été entreprise et elle a vu la société publique du
pétrole, NOCAL, être déchargée de ses prérogatives de régulation. Selon
les campagnes d’exploration menées ces dernières années, des pièges de
roches à forte amplitude ont été identifiés dans le Crétacé et certains
parmi eux, couvrent plus de 300 km2. L’évaluation volumétrique de ces
données suggère que des champs de plus d’un milliard de barils de
pétrole pourraient être trouvés sur place.
Après 13 ans, le Nigeria se relancera sur le marché de l’exploration
En 2020, le premier producteur africain de pétrole fera
son retour sur le marché de l’exploration, après son dernier appel
d’offres international qui remonte à 2007. En novembre dernier, la
société publique nigériane du pétrole (NNPC) a annoncé que le
gouvernement a conclu les préparatifs visant à lancer à la mi-2020 un
nouveau cycle d’octrois de licences pétrolières en mer et à terre.

Au total 211 blocs sont encore non attribués.
« Le round sera lancé une fois que le gouvernement
aura conclu les pourparlers avec les compagnies pétrolières étrangères
sur les nouvelles conditions fiscales pour l’exploration », a
commenté Mele Kyari le patron de la NNPC. Il faut rappeler que le pays
vient d’adopter de nouveaux amendements apportés à la loi sur les
contrats de partage de production.
Le nombre de blocs du programme n’est pas encore connu,
mais les autorités ont révélé qu’au total 211 blocs sont encore non
attribués. Cet appel d’offres s’inscrit dans le cadre des efforts du
gouvernement visant à porter la production de brut à 3 millions de
barils, en 2023.
Achèvement de la construction de la raffinerie de Dangote
Au Nigeria, la raffinerie pétrolière du tycoon Aliko
Dangote sera achevée en 2020. La réalisation de cette importante
infrastructure aurait pu être achevée en 2019, mais plusieurs problèmes
liés à l’instabilité du marché de l’acier ont plombé les importations de
l’acier et les prévisions du Groupe Dangote à cet effet, précise
Devakumar Edwin, directeur exécutif de l’entreprise. « Nous serons en
mesure d'achever le projet, d'ici la fin de l'année prochaine », a
déclaré le responsable. La production des produits pétroliers proprement
dits démarrera, deux mois après l’achèvement des travaux, soit au
premier trimestre de 2021.
La raffinerie qui traitera 650 000 barils de pétrole
par jour, comptera parmi les plus grandes du monde et fera passer le
Nigeria d’un statut d’importateur net de produits pétroliers à celui
d’exportateur net.
La raffinerie qui traitera 650 000 barils de pétrole
par jour, comptera parmi les plus grandes du monde et fera passer le
Nigeria d’un statut d’importateur net de produits pétroliers à celui
d’exportateur net.
Cela devrait aussi avoir un impact important sur la
structure mondiale du commerce de produits pétroliers. Par ailleurs, le
gouvernement nigérian pourra réaliser 7,5 milliards de dollars
d’économies sur une base annuelle, grâce à la mise en service de
l’installation. La production sera essentiellement consacrée à la
satisfaction du marché local et éventuellement à celle du marché
régional.
En Guinée équatoriale, des investissements d’au moins 1 milliard de dollars attendus !
En Guinée équatoriale, 2020 sera dédiée aux
investissements stratégiques dans le secteur énergétique. Malabo
s’attend en effet à la mise en œuvre de plusieurs projets dont : une
usine à petite échelle de regazéification de GNL, deux raffineries de
pétrole, des installations de stockage de produits pétroliers et une
usine de transformation du méthanol en essence.
Malabo s’attend en effet à la mise en œuvre de
plusieurs projets dont : une usine à petite échelle de regazéification
de GNL, deux raffineries de pétrole, des installations de stockage de
produits pétroliers et une usine de transformation du méthanol en
essence.
Ces installations devraient coûter au moins 1 milliard
de dollars. Pour Gabriel Obiang Lima, le ministre équato-guinéen des
Hydrocarbures et des Mines, 2020 sera l’année des investissements
d’autant plus que d’importantes sommes seront injectées dans l’amont où
plusieurs compagnies viennent de se voir attribuer des blocs
d’exploration.

2020 sera l’année des investissements stratégiques pour Malabo.
Celles-ci devraient démarrer les premières phases
d’exploration au cours du premier semestre de l’année prochaine. Pour
rappel, les blocs ont été attribués au terme du dernier cycle de
licences, lancé en avril dernier. Le pays envisage de se doter de
politiques visant à augmenter la production de gaz naturel et de la
placer au cœur du développement économique.
Olivier de Souza
Par Ecofin Hebdo

