Le Soudan du Sud dans l'attente de son gouvernement d'union nationale

Le premier vice-président Riek Machar (G) et le président sud-soudanais Salva Kiir (D) avant la cérémonie d'investiture à Juba, le 22 février.
Ce weekend, Riek Machar a été investi au poste de premier vice-président du pays. Si l’évènement
suscite l’espoir, la formation du nouveau gouvernement et la mise en œuvre de certains points de l’accord de paix s’annoncent compliqués.
Après des mois de délais, le chef rebelle est donc revenu dans la capitale pour participer à un gouvernement d’union nationale, comme prévu par l’accord de paix signé par lui et le président Salva Kiir en septembre 2018.
Les noms des cinq vice-présidents prévus par l'accord de paix sont connus : d'abord Riek Machar, donc, la figure dominante de l'opposition nommée dès samedi comme c'était attendu ; puis James Wani Igga, un politicien fidèle de Salva Kiir, reconduit au même poste ; ensuite un autre fidèle du président, le puissant Taban Deng Gai ; à la troisième vice-présidence Rebecca Nyandeng De Mabior, l'ex-femme du leader défunt de la rebellion John Garang ; et enfin, ce dimanche, le général Hussein Abdelbagi Akol, une personnalité issue de la coalition de six partis d'opposition. Problème : l'une des composantes de cette coalition a d'ores et déjà dénoncé cette nomination. Ce qui va probablement nécessiter de nouveaux pourparlers.
L’investiture de Machar et des autres vice-présidents a été largement salué dans le pays mais également par la communauté internationale. Washington – principal bailleur de fond de Juba- a notamment salué cette avancée, mais a mis en garde : la route est encore longue. « Le véritable travail, le plus ardu, commence maintenant », a commenté l’ambassadrice américaine aux Nations unies.
Il va falloir désormais désigner un cabinet de 35 ministres, dont 20 choisis par le camp du président Salva Kiir. Viendront ensuite les gouverneurs, les administrateurs pour lesquels les deux camps devront négocier.
La mise en œuvre de certains points de l’accord de paix pourrait également bloquer. Comme l’intégration de plus 41 000 combattants de l’armée nationale et des groupes rebelles dans une même armée unifiée. Ou bien la délimitation et le contrôle des 10 Etats annoncés par le président Salva Kiir.
Autant de points qui peuvent encore faire dérailler ce gouvernement d’union nationale, qui va devoir gérer le pays pendant trois ans jusqu'aux prochaines élections.
C’est la troisième fois que Riek Machar est le numéro 2 de Salva Kiir. Les deux rivaux vont-ils cette fois-ci réussir à cohabiter pacifiquement ? C'est l'espoir d'une population traumatisée par 6 années de guerre civile, qui a fait près de 400 000 morts. La composition du gouvernement pourrait être annoncé ce lundi ou mardi.
Les femmes ont été particulièrement touchées par ce conflit. C’est pour cela qu’elles se sont beaucoup investies dans le dialogue pour la paix, mais également pour la justice, et pour une meilleure représentation des femmes.L’accord de paix stipule que 35% des postes doivent revenir aux femmes. Et nous espérons que les différents groupes armés s’en rappelleront.
 
Par RFI