«Pfizergate» : un sous-traitant du laboratoire accusé de manquements

 Un sous-traitant du laboratoire Pfizer est accusé par une ancienne employée de manquements lors des essais cliniques.  
La polémique enfle sur les réseaux sociaux, en particulier dans les sphères complotistes et antivax : une ancienne employée accuse un sous-traitant du laboratoire Pfizer de nombreux manquements dans la réalisation des essais cliniques de son vaccin anti-Covid.

La lanceuse d’alerte a communiqué différents documents internes de l’entreprise Ventavia, spécialiste des essais cliniques et qui a été chargée d’évaluer l’efficacité du vaccin de Pfizer, au British Medical Journal. Selon l’article du média britannique, paru le 2 novembre, le sous-traitant aurait «falsifié des données» et «tardé à assurer le suivi d'effets secondaires» du vaccin.

Cette ancienne employée a raconté avoir travaillé pendant deux semaines chez Ventavia pendant les essais cliniques du vaccin Pfizer/BioNTech l’année dernière, avant d’être licenciée. Elle affirmait avoir été témoin d’erreurs en matière d’étiquetage, ayant compromis l'attribution en double aveugle du vaccin.

En effet, lors des essais cliniques, ni les soignants ni les patients volontaires ne doivent savoir quel est le produit contenu dans la seringue (vaccin ou placebo), pour ne pas influencer le comportement des participants à l’étude. Selon le témoignage de l’ancienne employée, les données sur les produits administrés aux patients étaient accessibles au personnel. Elle affirme également que certains vaccins n’étaient pas conservés à la bonne température.

Des négligences à la portée limitée

La lanceuse d’alerte affirme avoir fait part de ses observations à la Food and Drug Administration (l’agence du médicament américaine), qui selon elle, n’a pas donné suite. Contactée par l'AFP, la FDA s'est abstenue de commenter ce dossier mais a assuré de «sa pleine confiance dans les données qui ont conduit à soutenir l'autorisation du vaccin Pfizer/BioNTech». Selon une autre source citée par le British Medical Journal, celle-ci anonyme, Pfizer a dépêché un audit de Ventavia, une fois informé de «problèmes» dans le déroulement des essais. Sollicités par l’agence de presse, ni Pfizer et Ventavia n’ont souhaité répondre pour l’instant. 

Si les révélations de cette lanceuse d’alerte ont fait grand bruit, et ont notamment conforté les complotistes et les antivax dans leur méfiance contre le laboratoire américain, la portée des négligences rapportée par l’ancienne employée de Ventavia reste limitée. Comme le souligne Checknews, le vaccin de Pfizer a fait l’objet d’évaluations cliniques dans 153 sites. Seulement trois d’entre eux étaient gérés par ce sous-traitant, ce qui inclut environ 1000 patients, soit 2,28 % du total des participants de l’essai clinique, selon Numerama. De plus, l'article du British Medical Journal ne mentionne aucune autre source qui confirmerait les propos de cette lanceuse d'alerte.

Les éléments sont donc faibles pour remettre en cause la totalité de l’étude clinique et l’efficacité du vaccin Pfizer/BioNTech, comme l’a pourtant fait Florian Philippot, président des Patriotes, qui a appelé à la «suspension immédiate partout en France et pour tous les publics du produit Pfizer». De plus, la vaccination avec le produit de Pfizer ayant été largement autorisée dans de nombreux pays, ce sont désormais plutôt les résultats des observations faites à grande échelle qui font foi. Une étude française réalisée sur plus de 20 millions de personnes de plus de 50 ans a confirmé l’efficacité des vaccins contre le coronavirus, qui réduisent d’au moins 90% les risques d’hospitalisation. 

Par CNEWS avec AFP