Le président des États-Unis Donald Trump a limogé James Comey, le patron du FBI, mardi, arguant qu'il n'était plus capable de diriger l'agence efficacement. Une décision surprise, avec effet immédiat, qui a provoqué une onde de choc à Washington.
Le président américain, Donald Trump, a brusquement limogé, mardi 9 mai, le directeur du Bureau fédéral d’investigations (FBI) James Comey.
Dans un courrier adressé à l’intéressé, et rendu public par la Maison
Blanche, Donald Trump lui signifie qu'il met fin à ses fonctions "avec
effet immédiat".
"Si j'ai apprécié que vous m'ayez informé, en trois occasions
distinctes, que je ne faisais pas l'objet d'une enquête, je suis
cependant d'accord avec l'analyse du ministère de la Justice selon
lequel vous n'êtes pas capable de diriger de manière efficace le
Bureau", indique-t-il.
"Le FBI est l'une des institutions les plus respectées de notre pays
et aujourd'hui marquera un nouveau départ pour l'agence-phare de notre
appareil judiciaire", a affirmé Donald Trump, ajoutant que la recherche
d'un nouveau directeur du FBI débutait "immédiatement".
La raison officiellement avancée par l'exécutif américain pour ce
limogeage est la façon dont James Comey a géré le dossier des emails de
l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton, rivale de Donald Trump
durant la campagne de 2016.
Sa décision a abasourdi Washington. James Comey se trouvait en
déplacement à Los Angeles au moment de l'annonce de son renvoi. Les
démocrates, mais d'autres aussi, doutent du motif présenté et accusent
la Maison blanche de vouloir affaiblir l'enquête du FBI sur la Russie.
Le patron du FBI s’est retrouvé au centre d'une controverse autour de
son enquête qui cherchait à déterminer si l’utilisation, par Hillary
Clinton, de son adresse électronique privée alors qu'elle était
secrétaire d'État pendant la première présidence de Barack Obama était
de nature à compromettre la sécurité nationale.
Le directeur du FBI avait déclaré en juillet dernier, en pleine campagne présidentielle, que l'affaire devait être close sans lancer de poursuites,
pour par la suite déclarer, 11 jours avant l'élection présidentielle du
8 novembre, qu'il avait rouvert le dossier en raison d'élément
nouveaux. Cette décision, avaient estimé les démocrates à l'époque, a coûté la victoire à leur candidate.
"Une grave erreur", un acte "nixonien"
Au Congrès, l’annonce de ce limogeage-surprise a fait l'effet d'une bombe.
"Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, vous
faites une grave erreur", a déclaré le chef de file de l'opposition
démocrate du Sénat, Chuck Schumer, appelant à la nomination d'un
magistrat indépendant pour prendre en main l'enquête russe. Sans cette
nomination, "les Américains seront en droit de soupçonner que la
décision de limoger le directeur Comey est une tentative d'étouffer"
l'affaire, a ajouté Chuck Schumer.
"Ce n'est rien de moins que nixonien", a pour sa part dénoncé son
collègue Patrick Leahy, évoquant l'ancien président Richard Nixon, qui
avait limogé en 1973 le magistrat indépendant Archibald Cox qui
enquêtait sur le scandale du Watergate.
Le vice-président de la commission du Renseignement du Sénat, le
démocrate Mark Warner, a quant à lui rappelé que, depuis sa prise de
fonctions, Donald Trump a évincé la ministre de la Justice par intérim,
presque tous les procureurs fédéraux, et désormais le directeur du FBI.
Le malaise se répandait également chez certains élus républicains. Le
sénateur John McCain s'est dit "déçu" et a répété son appel à la
création d'une commission d'enquête parlementaire spéciale.
Ex-procureur fédéral et ancien vice-ministre de la Justice,
James Comey, 56 ans, a longtemps été encarté chez les républicains mais
il avait été nommé par l'ancien président démocrate Barack Obama à son
poste actuel.
Personnage charismatique au style toujours impeccable, James Comey
avait été nommé pour 10 ans en juillet 2013. Le Sénat avait confirmé ce
choix de manière écrasante, avec 93 voix pour et une contre. À son
arrivée au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump lui avait demandé de
rester en fonction.
Avec France24, Reuters et AFP


