L'anniversaire du déclenchement de la révolution a été marqué par
des tensions à Sidi Bouzid, ville
du centre de la Tunisie où le vendeur
ambulant Mohamed Bouazizi s'était immolé par le feu il y a sept ans, a
constaté un correspondant de l'AFP.
Dimanche 17 décembre, une quarantaine de membres du parti
islamiste radical Hizb ut-Tahrir ont été brièvement interpellés pour
avoir tenté de manifester sans autorisation et brandi des banderoles
hostiles à l’État, ont indiqué des sources au sein des services de
sécurité.
Des chômeurs et militants locaux ont eux défilé dans la
ville, déplorant la marginalisation continue de Sidi Bouzid, où le
chômage reste très élevé comme dans de nombreuses villes de l’intérieur
tunisien.
Samedi soir, les forces de sécurité avaient tiré des gaz
lacrymogènes sur des manifestants qui avaient bloqué des rues avec des
pneus dans certains quartiers de cette ville devenue symbole de la
révolution tunisienne.
Un festival morose
À l’occasion d’un festival marquant l’anniversaire du début
de la révolution, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Selma
Elloumi Rekik, s’est rendue à Sidi Bouzid. L’ambiance était morose et
les organisateurs ont regretté que ni le chef du gouvernement ni de
l’Assemblée n’aient fait le déplacement, accusant les autorités de
négliger une date clé de l’histoire récente de la Tunisie.
Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant, excédé par
la misère et les brimades policières, s’était immolé par le feu à Sidi
Bouzid, déclenchant un mouvement de protestation contre le chômage et la vie chère.
Les manifestations, marquées par des émeutes sanglantes, s’étaient
étendues à tout le pays, au point de chasser du pouvoir le président
Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, première étape des Printemps
arabes.
Turbulences économiques et politiques
La Tunisie, seule rescapée de ces mouvements pro-démocratie,
traverse néanmoins d’importantes turbulences économiques et politiques,
et de nombreux Tunisiens mettent en garde contre un retour de
l’autoritarisme.
Des dizaines de personnalités de la société civile,
universitaires, artistes et militants, ont ainsi appelé dans une
pétition dimanche à « sauvegarder les espaces de liberté conquis depuis
2011 ». « Aucune des revendications essentielles de la population n’a
reçu le moindre début de satisfaction » sept ans après le début de la
révolution, déplorent-ils, accusant le président et le gouvernement de
mener une « offensive anti-démocratique ».
Source: Jeune Afrique