L’opposant historique et militant des droits de l’homme, Saïd Sadi a
annoncé son retrait de la vie
publique, lors du congrès, ce week-end, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RDC).
publique, lors du congrès, ce week-end, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RDC).
« N’étant pas congressiste
et n’étant plus, depuis ce matin, militant, je ne vais pas m’exprimer en
tant que fondateur du parti comme cela a été suggéré. On ne fonde pas
un parti pour se l’approprier », a déclaré Saïd Sadi, ancien leader du
RCD, annonçant par là-même sa décision de quitter définitivement la vie
politique à l’âge de 71 ans. Il a aussi
affirmé qu’il souhaitait contribuer sur d’autres plans : « Je serai
engagé dans d’autres registres et sur d’autres terrains, mais je
partagerai toujours avec vous nos postulats éthiques et j’honorerai
comme au premier jour nos professions de foi. »
« En politique, celui qui a
réussi n’est pas celui qui a imposé le monopole de la force brutale,
mais celui qui a marqué de son empreinte les consciences de ses
concitoyens. Et quand je regarde dans cette salle aujourd’hui, je crois
que l’on peut dire que nous avons réussi », a lancé l’opposant devant les militants du RCD.
Une décision « définitive »
Déjà, en mars 2012, lors d’un précédent congrès du parti, Saïd Sadi avait annoncé qu’il ne se représenterait pas au poste de président,
poste qu’il occupe depuis sa création. Il avait alors expliqué son
choix par la nécessité d’un renouveau générationnel. Son départ serait
une manière de « laisser la place aux jeunes », arguait-il alors.
Depuis cette annonce,
l’opposant historique est entré dans une phase de retraite politique,
devenant davantage un observateur qu’un acteur de cette scène. D’après
ses proches son départ de la vie publique est bel et bien définitif.
L’homme dit vouloir tourner une fois pour toutes la page politique de
son parcours. Il prépare actuellement la parution d’un nouveau livre qui
regrouperait l’ensemble de sa contribution intellectuelle et politique.
Il contiendra des interviews donnés par Saïd Sadi, mais aussi ses
interventions publiques, à l’échelle nationale et internationale.
Les débuts au FFS
Enfant de martyr et originaire de la région de Tizi-Ouzou,
Saïd Sadi est psychiatre de formation. En 1978, fraîchement diplômé de
la faculté de médecine, il a d’abord milité au sein du Front des forces
socialistes (FFS), avec lesquelles il négocie une prise en charge des
revendications culturelles qu’il défend.
Militant de la cause berbère, il a joué un grand rôle dans
les manifestations du Printemps berbère en 1980. Il a par exemple initié
l’organisation de la manifestation du 7 avril 1980, mais aussi la grève
générale qui a paralysé toute la Kabylie le 16 avril 1980.
Il a été parmi les 24 personnes présentés à la Cour de
sûreté de l’État de Méda en juin de la même année, mais sera finalement
libéré sans avoir été jugé.
L’engagement pour les droits de l’Homme et le mouvement berbère
Militant des droits de l’homme, il a quitté le FFS début
1982 et a contribué ensuite à la fondation de la Ligue algérienne des
droits de l’homme en juin 1985. Suite à cela, il est encore une fois
déféré devant la Cour de sûreté de l’État et cette fois-ci il est
condamné à trois ans d’emprisonnement.
Fondateur du RDC, il a créé ce parti avec ses compagnons en
février 1989 lors des assises du Mouvement culturel berbère. Saïd Sadi
en est d’abord devenu secrétaire général puis président lors de la
création du poste quelques années plus tard. Il a également été candidat
deux fois aux présidentielles algériennes, en 1995 (9,6%) et en 2004
(moins de 2% des voix).
Militant anti-islamiste, il défend un État laïque et prône
la séparation de la politique et du religieux. Il avait d’ailleurs fait
partie de ceux qui avaient appelé à l’annulation du premier tour des
législatives de décembre 1991, remporté par le Front islamique du salut
(FIS).
Homme de lettres, il a publié de nombreux ouvrages, dont le plus polémique reste Amirouche, une vie, deux morts, un testament, un livre-enquête sur le colonel Amirouche, un des héros les plus controversés de la guerre de libération, publié en 2010.
Opposant à Bouteflika, en 2011, profitant de la vague de contestations qui traverse le monde arabe, il a tenté d’organiser un mouvement de protestation. Mais, violemment réprimé par les autorités, le mouvement s’est ensuite éteins rapidement.
Source: Jeune Afrique