Les autorités congolaises ont annoncé ce jeudi la remise en liberté
provisoire de l’ancien directeur de
cabinet de l’opposant Moïse Katumbi,
aux côtés de 33 autres personnes condamnées pour des "faits
insurrectionnels" et "infractions politiques". Eugène Diomi et
Jean-Claude Muyambo, dont l'opposition réclamait la remise en liberté,
restent en prison.
Arrêté en avril 2016 pour « détention d’arme et de munitions
de guerre » et condamné à trois ans de prison ferme, Huit Mulongo
Kalonda « sera mis en liberté, […] le temps que cet arrêté arrive à
Lubumbashi », a déclaré ce jeudi 22 février Alexis Thambwe Mwamba, le
ministre congolais de la Justice, lors d’un point de presse à Kinshasa.
Ce proche de l’opposant Moïse Katumbi
devrait donc être libéré sous 48 heures, à la suite de quoi il est tenu
de ne pas « causer de scandale par sa conduite » et de « ne pas
encourir une peine privative de liberté dans les trois années » qui
viennent. Sur Twitter, Salomon Kalonda Della, conseiller principal
de Katumbi, a qualifié sa libération de « bonne nouvelle ».
Le sexagénaire, qui souffre de diabète, d’hypertension et
d’arthrose, est alité dans une chambre de la clinique universitaire de
Lubumbashi. Il était libérable au 30 mai 2019. Il a toujours contesté sa
condamnation, sans toutefois faire appel, de peur d’être plus
sévèrement sanctionné. L’ancien directeur de cabinet avait été arrêté
fin avril 2016, en position d’une arme. « J’avais obtenu le droit de
porter un revolver, de par ma fonction », déclarait-il dernièrement à Jeune Afrique.
Cette libération d’un très proche de Moïse Katumbi,
présentée par les autorités congolaises comme une des « mesures de
décrispation » prévues par les accords de la Saint-Sylvestre, concerne
également 33 autres personnes condamnées pour « fait insurrectionnels,
faits de guerre et infractions politiques »
Diomi et Muyambo absents de la liste
Mais certains noms, qui ne figurent pas sur la liste des libérations provisoires, ont fait réagir au sein de l’opposition.
C’est le cas de celui d’Eugène Diomi Ndongala, condamné le 26 mars 2014 à 10 ans de prison pour viol sur mineur.
Les proches du président de Démocratie chrétienne ont toujours protesté
son innocence et affirmé qu’il avait été victime d’un « procès
politique ». Avant ses démêlés judiciaires, Eugène Diomi avait appelé au
boycott des institutions après les élections de 2011, refusé de siéger
en tant que député à l’Assemblée nationale, et avait créé, en
2012, la Majorité présidentielle populaire, coalition de parti soutenant
Étienne Tshisekedi.
Autre absent de cette liste, Jean-Claude Muyambo, condamné en appel à cinq ans de prison pour « vente illégale d’un immeuble et détention illicite des documents »,
en avril 2017. Une condamnation reposant sur des faits datant de 2002
pour celui qui était passé à l’opposition, après avoir été le ministre
des Affaires humanitaires d’Antoine Gizenga de 2007 2009. Il a notamment
été l’un des leaders du mouvement de contestation de janvier 2015.
Diomi et Muyambo ne sont pas libérables, ni aujourd’hui, ni demain
Dans une interview accordée à Jeune Afrique en décembre,
Vital Kamerhe avait insisté sur la nécessité pour l’opposition
« d’obtenir l’application de toutes mesures de décrispation prévues : le
retour de Moïse Katumbi et de Mbusa Nyamwisi, la libération de
Jean-Claude Muyambo, de Diomi Ndongala et tous les autres prisonniers
politiques. »
La libération de Jean-Claude Muyambo et d’Eugène Diomi avait
été largement annoncée pour mardi 13 février dernier dans les médias
congolais… Mais il s’agissait d’une « fake news », a assuré le
ministre de la Justice, Thambwe Mwamba. « Si nous les libérons, il va
falloir libérer tous les autres prisonniers qui ont été condamnés pour
les mêmes faits. Les dossiers de Diomi et Muyambo ont été examinés à
plusieurs reprises et la commission a conclu qu’ils ne sont pas
libérables, ni aujourd’hui, ni demain », réplique le garde des Sceaux
congolais, affirmant qu’ils « ne seront pas libérés aujourd’hui ou
demain ».
« C’est une distraction de Kabila, on tourne autour du pot,
il ne veut pas de la décrispation », a réagi le député Christophe
Lutundula, vice-président du G7, plateforme qui soutient sans relâche la
candidature de Moïse Katumbi à la prochaine présidentielle.
Source: Jeune Afrique