L’évêque de Buea revient sur la situation sécuritaire dans les
régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest
du Cameroun et parle des raisons
qui expliquent la radicalisation en cours dans ces régions.
Incendie des domiciles, meurtre de civils, déni des exactions
commises à l’encontre des populations du Nord-Ouest et le Sud-Ouest,
refus d’ouvrir un dialogue inclusif, etc. Tous ces faits sont, de l’avis
de l’évêque de Buea, les éléments catalyseurs de la radicalisation
persistante dans la communauté anglophone du Cameroun.
« On est en train d’atteindre un point de non-retour. Au début de la
crise, les corporations des avocats et des enseignants ont appelé à un
dialogue, et c’était une bonne chose. Mais certains d’entre eux ont été
arrêtés. Ça a été un tournant très important dans la crise anglophone.
Le 1er octobre, l’armée a tué beaucoup de gens. Pendant presque deux
semaines, ils ont tiré sur les gens comme sur des oiseaux. Les leaders
n’ont pas cru qu’un dialogue serait possible après cela. Ils ont appelé à
la formation de groupes pour se défendre, dans chaque communauté. Et
c’est ce qu’il s’est passé.
Maintenant, en dehors de Buea, c’est un monde différent. C’est une
zone de guerre », décrie Mgr Emmanuel Bushu dans une interview publiée
le 5 mai par l’Agence France presse.
Au Cameroun, l’appel à la partition du pays est antérieur aux mouvements qui ont suivis la grève des avocats et des enseignants anglophones à Bamenda en fin d’année 2016. Le « Southern Cameroon national council » en est le principal porteur. Ce parti politique, aujourd’hui illégal, a, depuis sa création en 1995, défendu cette idéologie.
Néanmoins, l’influence numérique des partisans de la sécession
n’avait jamais été aussi ressentie en dehors des régions anglophones,
même si les raisons évoquées pour la soutenir étaient bien connues. Il
en est de même des scènes de violence commises à grande échelle.
Pour le prélat, c’est le meurtre des populations qui a changé la
donne ces derniers mois et fait monter la radicalisation. « Le
gouvernement est sur une ligne de défense de l’intégrité de la nation,
et les gens en face sont prêts à mourir. Les gens qui se battent ne sont
pas une armée, ils ne répondent pas à un ordre. Ils répondent à une
volonté de ne plus être mis au ban.
Ce sont des fermiers, des gens des villages, pas des soldats formés à
obéir. Ils se sont radicalisés à partir du moment où ils ont commencé à
perdre des proches. Quand vous perdez un membre, ou plus, de votre
famille, vous vous dites que vous voulez vous battre et que vous ne vous
rendrez pas. L’armée ne peut rien faire contre eux »,
Emanuel bushu recommande un dialogue qui devra être mené par voie
d’intermédiaire. « Il faut que les anglophones écrivent leurs doléances,
que des facilitateurs les écoutent. C’est urgent, il y a déjà des
centaines de morts. Et surtout, il faut s’assurer que ça soit suivi de
décisions. Les gens qui se battent en régions anglophones veulent un
dialogue sans condition avec les autorités. Mais les autorités ont mis
des conditions. »
Référence est faite ainsi au ministre de l’Administration
territoriale qui avait savoir que le gouvernement ne peut pas dialoguer
avec ceux qui remettent en cause l’unité nationale. Il a dit cela après
avoir appelé, par deux fois, les sécessionnistes à se reconvertir.
Source:cameroondailyjournal.com