EXCLUSIF Les conseillers de l’Elysée gagnent entre 6.000 et 15.000 euros net par mois. Contrairement à ce qui se pratiquait sous François Hollande, le collaborateur le mieux payé touche plus que le président de la République.
Si étonnant que cela puisse paraître,
Emmanuel Macron n’est pas la personne la mieux payée au palais de
l’Elysée! Avec un salaire de 13.884 euros net par mois, le chef de
l’Etat gagne moins que son conseiller le mieux rémunéré qui perçoit
quelque 15.000 euros net par mois. Le plus haut placé dans
l’organigramme est le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler. Au
bas de l’échelle, le conseiller du président qui touche la plus faible
rémunération perçoit, lui, quelque 6.000 euros net par mois. Ces
informations figurent dans les réponses adressées par la présidence de
la République au député UDI d’Eure-et-Loir, Philippe Vigier, chargé de
contrôler les dépenses des pouvoirs publics.
En acceptant que ses
collaborateurs puissent toucher plus que lui, Emmanuel Macron a mis fin à
une règle édictée par son prédécesseur. En 2012, après avoir diminué de
30% son salaire, François Hollande avait en effet décidé qu’aucun des
membres de son cabinet ne pourrait gagner davantage. Le traitement du
président de la République était passé de 19.721 euros net sous Sarkozy à
13.764 euros net sous Hollande et le plafond de la rémunération des
conseillers de l’Elysée avait été fixé à 13.000 euros net. L’année
suivante, le geste avait été salué par la Cour des comptes qui relevait
"une forte incidence sur les rémunérations nette les plus élevées" de la
présidence de la République.
80 conseillers ministériels gagnent plus que leur ministre
Les
salaires des conseillers d’Emmanuel Macron n’atteignent toutefois pas
les sommets atteints sous Nicolas Sarkozy. A l’époque, le conseiller de
l’Elysée le mieux payé émargeait à quelque 20.415 euros net par mois.
Les rémunérations du conseiller spécial Henri Guaino, du conseiller
Justice Patrick Ouart ou de la conseillère politique Catherine Pégard
dépassaient allègrement le traitement du président de la République. Au
total, vingt-huit collaborateurs de Nicolas Sarkozy percevaient plus de
10.000 euros net par mois, contre vingt conseillers de François Hollande
qui touchaient entre 9.997 et 12.998 euros net mensuels.
Depuis
l’élection d’Emmanuel Macron, la réduction drastique du nombre de
conseillers ministériels – pas plus de dix par ministre - s’est aussi
accompagnée d’une hausse sensible des salaires. "Les effectifs ont fondu
dans les cabinets ministériels, observe René Dosière, ancien député PS
de l’Aisne, mais les rémunérations ont explosé." Le salaire moyen d’un
conseiller ministériel a ainsi grimpé de 7.624 euros par mois sous
Hollande à 9.186 euros brut par mois sous Macron. Soit une hausse de
20%! Les ministères de la Santé, de la Justice ou des Finances sont les
plus généreux et pas moins de 80 conseillers ministériels gagnent plus
que leur ministre, selon les calculs de René Dosière.
Contacté, l’Elysée n’a pas souhaité donner d’informations sur les rémunérations des conseillers du président de la République.
Les autres petits secrets de la machine Elysée
La masse salariale, premier poste budgétaire
Quelque
802 personnes travaillent à l’Elysée. L’effectif compte notamment 42
membres du cabinet, 61 personnes pour les secrétariats du cabinet, 78
personnes pour l’intendance, 27 membres de l’Etat-major particulier, 8
chargés de mission, 17 personnes au pôle "presse et communication", 71
personnes à la correspondance présidentielle et 27 membres du groupe de
sécurité de la présidence. Au sein du cabinet d’Emmanuel Macron, ce sont
les personnels venus des ministères des Finances et des Affaires
étrangères qui sont les mieux représentés (7 personnes chacun), suivi de
ceux du ministère de l’Intérieur (5 personnes). La masse salariale
s’élève à 65 millions d’euros et représente la première dépense de la
présidence, loin devant les déplacements présidentiels (17,6 millions
d’euros).
68 voitures officielles
L’Elysée
dispose d’un parc automobile de 68 véhicules. Deux sont affectés au
président de la République, quatre à ses conseillers et 62 au reste du
personnel. Sur ce total, il y a quinze véhicules électriques: treize
Renault Zoe, une camionnette et une voiture tout terrain utilisé par les
services de sécurité de la résidence de la Lanterne à Versailles. Six
motos ou scooters et deux vélos électriques sont également à
disposition. En 2017, la présidence Hollande avait prévu d’acheter un
camion pour transporter la voiture blindée pour un montant de 158.000
euros, ainsi qu’un minibus à 38.000 euros. Les cessions de véhicules en
2016 et 2017 ont rapporté quelque 24.000 euros.
La crèche
Depuis
1985, la présidence de la République dispose de sa propre crèche. En
2016, elle accueillait en moyenne trente enfants âgés de 3,5 mois à 3
ans chaque jour. Son coût de fonctionnement s’élève à 466.000 euros,
dont 12% sont couverts par les contributions des parents. Le tarif
quotidien varie entre 11,3 et 19,5 euros. Les enfants sont encadrés par
huit personnes venues de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, dont
une cadre puéricultrice, six auxiliaires de puériculture et un
cuisinier. Le taux d’occupation de la crèche était de 64% en 2016.
Les petites recettes financières de l’Elysée
La
présidence de la République dispose de recettes propres à hauteur de
1,2 million d’euros prévus en 2018. Le restaurant de la présidence et le
remboursement des plateaux repas rapporte 640.000 euros. Les loyers des
personnels logés représentent 170.000 euros, les remboursements des
participants aux voyages officiels ou les ventes de véhicules engrangent
390.000 euros de recettes.
La priorité à la productivité
Comme
dans une entreprise, les services de la présidence de la République
sont soumis à d’impitoyables critères de productivité. Le commandement
militaire est jugé en fonction du coût des véhicules par km.
L’intendance est évaluée au nombre de repas par jour, au coût moyen du
bouquet de fleurs ou au taux de couverts annulés par les conseillers à
la dernière minute. Le service de la correspondance présidentielle est
jaugé au regard du nombre de courrier envoyés par rédacteur et le
service des ressources humaines est tenu au "respect des dates de
paiement des salaires et des indemnités".
La chasse au gaspi' sous Hollande
Les dépenses de l’Elysée ont été rabotées sous François Hollande, ce
qui a permis d’économiser 29 millions d’euros depuis 2012. Le nombre de
conseillers a été revu à la baisse, les commandes de sondage ont été
supprimées et le nombre de voitures a diminué de 83 à 68 véhicules. Pour
réduire le déficit, François Hollande avait même revendu en 2013 une
partie de la cave de l’Elysée!
Source: challenges.fr