
"Aujourd'hui on a essayé de
m'assassiner", a déclaré M. Maduro lors d'une intervention
radio-
télévisée. "Je n'ai pas de doute que le nom de Juan Manuel Santos
est derrière cet attentat", a-t-il assuré.
A Bogota, une source gouvernementale colombienne a déclaré qu'accuser M. Santos dans cette affaire était "sans fondement".
Le ministre vénézuélien de la Communication Jorge Rodriguez a déclaré
un peu plus tôt que M. Maduro avait réchappé à un attentat commis avec
des drones chargés d'explosif alors qu'il prononçait un discours lors
d'une cérémonie militaire dans le centre de Caracas.
Sept militaires ont été blessés et hospitalisés à la suite de l'attaque, a déclaré le ministre de la Communication.
"Il s'agit d'un attentat contre la personne du président Nicolas
Maduro", a déclaré le ministre après l'incident où l'on a vu M. Maduro,
en direct à la télévision gouvernementale, interrompre son discours.
En pleine allocution, après une détonation, M. Maduro, son épouse
Cilia Flores et les hauts gradés qui les entouraient sur une estrade ont
regardé vers le ciel, l'air surpris et inquiet.
Après quoi la caméra a montré plusieurs centaines de soldats en train
de rompre soudainement les rangs et de se mettre à courir sur l'avenue
où se déroulait l'événement, dans une certaine confusion. La télévision
d'Etat a ensuite coupé la retransmission.
Selon le ministre de la Communication, "une charge explosive (...) a
détoné à proximité de l'estrade présidentielle" et d'autres charges ont
explosé en plusieurs endroits de la parade militaire.
M. Maduro "en est sorti complètement indemne et se trouve en ce
moment en train d'effectuer son travail habituel", a déclaré le
ministre.
Le président, a-t-il toutefois indiqué, "est en réunion permanente
avec le haut commandement politique, avec les ministres et avec le haut
commandement militaire".
Lors de son intervention ultérieure, M. Maduro a fait état de plusieurs arrestations.
Outre le président colombien Santos, il a accusé des personnes vivant
selon lui aux Etats-Unis. "Les premières investigations nous indiquent
que plusieurs des financiers (de l'attentat, ndlr) vivent aux
Etats-Unis, dans l'Etat de Floride", a déclaré M. Maduro.
"J'espère que le président Donald Trump est disposé à combattre les groupes terroristes", a-t-il ajouté.
- Sept blessés -
Les explosions ont "causé des blessures à sept membres" de la Garde
nationale bolivarienne qui étaient déployés sur le lieu de la cérémonie
militaire, et ces effectifs "reçoivent actuellement des soins" dans des
hôpitaux, a indiqué M. Rodriguez.
Le gouvernement a accusé "l'extrême droite", expression par laquelle
il désigne l'opposition vénézuélienne, d'être impliquée dans cet
"attentat".
Quelques minutes après les événements, les forces de sécurité étaient
en train d'inspecter un immeuble qui se trouvait à proximité et dont la
façade était noircie, a constaté l'AFP.
L'incident est survenu dans une situation sociale et politique
particulièrement tendue. Au Venezuela, tous les voyants économiques sont
au rouge vif depuis des années. L'inflation pourrait atteindre
1.000.000% fin 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI), alors
que le PIB devait s'effondrer de 18%.
Aliments, médicaments ou biens de consommation courante: la pénurie
est généralisée dans ce pays où les services publics, des soins à
l'électricité, en passant par l'eau ou les transports, se sont fortement
dégradés.
L'incident intervient le jour du premier anniversaire de la très
contestée Assemblée constituante vénézuélienne qui a permis au
gouvernement d'asseoir son pouvoir et de neutraliser l'opposition.
Profitant des divisions du camp anti-Maduro, cette instance,
uniquement composée de partisans du chef de l'Etat et qui dispose de
prérogatives élargies, s'est attribué la plupart des compétences du
Parlement, seule institution du pays contrôlée par l'opposition.
L'Assemblée constituante a
avancé la date de l'élection présidentielle, qui a vu le 20 mai la
réélection de Maduro jusqu'en 2025, en l'absence de l'opposition. Une
victoire non reconnue par une grande partie de la communauté
internationale.
Alexander MARTINEZ,AFP