L'opposant congolais Martin Fayulu, qui se proclame
vainqueur de l'élection présidentielle en
République démocratique du
Congo, est reparti en campagne pour demander la « vérité des urnes »,
comparant sa situation avec celle du président auto-proclamé Juan Guaido
au Venezuela.
Martin Fayulu, qui conteste l’élection de l’autre opposant Félix Tshisekedi,
est arrivé lundi à Goma, après deux précédentes étapes à Beni et
Butembo dans l’Est de la RDC en proie à la violence des groupes armés.
Comme à Beni dimanche et Butembo vendredi, il a été accueilli par
plusieurs centaines, voire quelques milliers de personnes, qui l’ont
accompagné de l’aéroport vers le lieu de son meeting, des scènes déjà
vues pendant la campagne des élections générales du 30 décembre. « La
communauté internationale est en train de voir que le peuple est derrière Fayulu« , a-t-il déclaré dimanche à Beni.
Référence à Juan Guaido
L’ancien candidat a également encouragé la communauté internationale à
ne pas reconnaître le président « nommé », qualificatif qu’il utilise
pour désigner Félix Tshisekedi. « Au Venezuela, ils sont en train de
reconnaître celui qui s’est autoproclamé président. Moi j’ai été élu par
le peuple congolais », a-t-il poursuivi.
Une référence à l’opposant Juan Guaido, le président de l’Assemblée
nationale vénézuélienne qui s’est auto-proclamé président de la
République par intérim face au président Nicolas Maduro, avec le soutien
de grands pays de l’Union européenne et des États-Unis.
Les leaders africains ont cependant déjà adoubé le nouveau président congolais lors du sommet de l’Union africaine début février. Lors de ce sommet, Félix Tshisekedi a aussi rencontré la cheffe de la diplomatie Federica Mogherini, et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.
« Résistance pacifique »
Cette tournée de Martin Fayulu est aussi un test de solidité de la
coalition Lamuka constituée autour de l’opposant lors de la campagne
électorale. La coalition intègre deux poids lourds de l’opposition,
Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, totalement silencieux depuis la
proclamation de la victoire de Félix Tshisekedi. L’un des proches de
Moïse Katumbi en RDC, le vétéran Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, a indiqué
lundi qu’il quittait la coalition Lamuka.
Dans sa tournée, Martin Fayulu est accompagné d’un seul soutien de
poids, l’ex-Premier ministre Adolphe Muzito. L’opposant avait annoncé sa
tournée et une campagne de « résistance pacifique » lors d’un premier
meeting le 2 février à Kinshasa devant plusieurs dizaines de milliers de
personnes.
En RDC, Martin Fayulu revendique la victoire avec 61% des voix, un
pourcentage également repris par le Groupe des experts du Congo (GEC) de
l’Université de New York et de titres de la presse internationale,
citant des fuites de la Commission électorale et les observateurs de l’Eglise catholique.
La Commission électorale puis la Cour constitutionnelle ont proclamé Félix Tshisekedi
vainqueur avec 38,5% des voix et Martin Fayulu deuxième avec 34%. Ce
dernier accuse le président de la Commission électorale Corneille Nangaa
d’avoir « fabriqué » les résultats et dénonce un « putsch électoral »
orchestré par l’ex-président Joseph Kabila.
Par Jeune Afrique