L’homme politique raconte les circonstances de leur arrestation et se montre fort face à cette épreuve.
Le président
de la DYNAMIQUE, dans une longue séquence, revient d’abord sur les
circonstances de leur arrestation à Douala le 28 janvier dernier. «Nous
sommes restés ensemble, le président Kamto, les autres et moi, depuis le
26. Le président devait reprendre la route pour Yaoundé à 14h30, après
le déjeuner. Pendant que nous déjeunions, on nous apprend que mon
domicile est cerné par les forces de police. Nous terminons
tranquillement notre déjeuner, et je vais m’enquérir au portail de ce
qui se passe. Où je constate qu’ils ont bloqué l’entrée avec un véhicule
anti émeutes. Les hommes étaient à distance et nous empêchaient juste
de sortir», raconte l'homme politique, ancien militant du parti de Paul
Biya.
Il poursuit son récit: «Vers 21 heures, le commissaire de
police, une véritable brute qui bavait la haine, se met à éructer:
‘‘ouvrez, ou je casse’’... puis il entre avec ses hommes, demande à
embarquer le président Kamto, Penda Ekoka et moi. Il est muni d’un
mandat de perquisition. Lorsque le professeur Kamto veut lui expliquer
qu’un mandat de perquisition n’est pas un mandat d’amener, le plus
grossièrement, le commissaire Essogo Raymond lui assène: ‘‘Tais-toi,
petit capacitaire’’. Le professeur, qui est un homme très calme, le
regarde et le laisse faire. ‘‘Kamto main gauche, Dzongang main droite’’.
Nous voici menottés. Lorsque je leur demande ce qu’ils vont faire des
gens qu’il y avait chez moi, il répond qu’ils vont les identifier et les
laisser s’en aller. Nous voici donc dans un pickup de la police, à
trois dans une cabine conçue pour deux, en route pour Yaoundé».
Par la suite, l’ancien député du Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais (RDPC) se montre fort face à cette épreuve. Il sert au
passage, un tacle au Chef de l’Etat. «C’est maintenant que j’apprécie
l’innocence en prison. Chaque jour je regarde mon lit et je me dis,
c’est M. Biya qui devrait être couché ici. Il n’y a rien de plus
valorisant que d’être en prison, parce que tu as demandé que les choses
soient mieux faites dans ton pays. Je considère que je ne suis pas en
prison, je suis en mission. C’est le climat que je fais prévaloir ici,
en tant que doyen des détenus du MRC (71 ans), je me dois de garder la
tête haute, en donnant l’exemple aux autres. Je suis un papa pour
certains. Et je suis certain que si c’était à recommencer, je le ferais,
encore et encore ! Je suis malade et je me fais soigner à l’Hôpital
Georges Pompidou en France. Mon dernier rendez-vous, c’était en fin
février. Je vais m’auto guérir, pour ne pas leur offrir de plaisir de me
voir mourir ici», déclare Albert Dzongang.
Fred BIHINA