Le procureur a fait appel mardi à l'autorisation du tribunal de Tokyo de la libération sous
caution de Carlos Ghosn.
Le bureau des procureurs de Tokyo a fait appel mardi de la décision du tribunal d'autoriser la mise en liberté sous caution de Carlos Ghosn,
a appris l'AFP auprès du tribunal de la capitale japonaise. Le juge
avait décidé quelques heures plus tôt d'accepter la requête de
libération de l'ex-patron de Renault et Nissan, moyennant le versement
d'une caution de quelque huit millions d'euros et sous conditions
restrictives garantissant qu'il resterait au Japon et ne pourrait pas
détruire des preuves.
Le tribunal avait estimé que le risque de
fuite ou d'altération de preuves était faible, mais il avait assorti son
choix de conditions restrictives : obligation de résider au Japon,
interdiction de quitter le pays même pour un bref séjour et dispositions
pour éviter sa fuite et la destruction de preuves. Cette décision avait
été prise en réponse à une troisième demande de mise en liberté sous
caution, les deux premières ayant été rejetées.
Elle intervenait
en outre au lendemain d'une conférence de presse du nouveau principal
avocat de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, surnommé «l'innocenteur»
pour avoir obtenu nombre d'acquittements d'inculpés de haute volée. Il
avait présenté sa requête comme «convaincante», précisant qu'il
proposait que Carlos Ghosn soit placé sous la surveillance de caméras et
dispose de moyens limités de communication vers l'extérieur. «Nissan ne
joue aucun rôle dans les décisions prises par les tribunaux ou les
procureurs et n'est donc pas en position de commenter», a réagi le
constructeur japonais dans un message transmis aux médias. «Les
investigations menées en interne chez Nissan ont montré des conduites
(de Carlos Ghosn) manifestement contraires à l'étique (...) et d'autres
faits continuent d'émerger», a ajouté le groupe dans lequel était arrivé
Carlos Ghosn en 1999 pour le sauver de la faillite.
Carlos Ghosn estime avoir été victime d'un complot
Carlos
Ghosn avait été arrêté le 19 novembre à son arrivée à Tokyo et placé
dans le centre de détention de Kosuge, dans le nord de la capitale, où
il se trouve encore depuis plus de 100 jours. Sa famille avait annoncé
lundi avoir décidé de saisir les Nations unies, estimant que les «droits
fondamentaux» de l'ancien dirigeant de Renault et Nissan n'étaient pas
respectés.
Carlos Ghosn a été inculpé pour minoration d'une partie
de ses revenus pour un montant de 9,23 milliards de yens (74 millions
d'euros) de 2010 à 2018, dans les rapports de Nissan remis aux autorités
boursières. Il a également été mis en examen pour abus de confiance. Il
avait dénoncé fin janvier, dans un entretien avec l'AFP, sa détention
prolongée, un traitement qui «ne serait normal», selon lui, «dans aucune
autre démocratie». L'homme d'affaires franco-libano-brésilien avait
décidé de changer mi-février son équipe de défense japonaise, au moment
d'aborder la phase de préparation de son procès, qui n'interviendra pas
avant plusieurs mois. «Je suis impatient de pouvoir me défendre, avec
vigueur, et ce choix représente pour moi la première étape d’un
processus visant non seulement à rétablir mon innocence, mais aussi à
faire la lumière sur les circonstances qui ont conduit à mon injuste
détention», avait-il alors dit. Il estime avoir été victime d'un
«complot» ourdi par Nissan pour faire échouer son projet de
rapprochement avec Renault.
Par Paris Match