
Pour la sixième semaine consécutive, les Algériens mobilisés réclament
le départ de l’ensemble des
dirigeants, et pas seulement celui du chef
de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika.
Pour la sixième semaine consécutive, une foule énorme réclame,
vendredi 29 mars à Alger, le départ du « système » au pouvoir. Difficile
à évaluer précisément en l’absence de chiffres officiels, la
mobilisation apparaissait très forte, peu de temps après le démarrage du
cortège en début d’après-midi.
Cette mobilisation
massive semble indiquer que la proposition du chef d’état-major de
l’armée d’écarter le président Abdelaziz Bouteflika n’a pas calmé la
contestation. Mardi, le général Ahmed Gaïd Salah, personnage-clé du
pouvoir, a proposé la mise en œuvre de mécanismes constitutionnels pour écarter le chef de l’Etat du pouvoir, dernière tentative en date du régime pour apaiser la contestation qui secoue l’Algérie depuis plus d’un mois.
L’essentiel
de ceux qui étaient jusqu’ici les plus zélés prosélytes de M.
Bouteflika a rallié la proposition de l’armée. Mercredi, le
Rassemblement national démocratique (RND) – principal allié du Front de
libération nationale (FLN), le parti d’Abdelaziz Bouteflika – a demandé la démission du président algérien.
Le chef de l’Etat, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis vingt ans,
apparaît vendredi très isolé, même s’il est toujours en fonctions. « Bouteflika tu partiras, emmène Gaïd Salah avec toi », scandent vendredi les manifestants, ou encore « FLN dégage ».
Vers un nouveau régime
Le
cortège, où dominent comme chaque vendredi les couleurs du drapeau
national – vert et blanc, frappé de l’étoile et du croissant rouges –,
reprend également en chœur le refrain de la chanson La Liberté,
du rappeur algérien Soolking, dédiée au mouvement populaire, ou l’hymne
national. Les manifestants interrogés par l’Agence France-Presse ont
rappelé qu’ils souhaitent quoi qu’il en soit le départ de l’ensemble du
régime, et pas seulement celui du chef de l’Etat.
Plusieurs
soutiens de la contestation, comme l’avocat Mustapha Bouchachi ou la
Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, s’opposent déjà à la
mise en œuvre, proposée par l’armée, de l’article 102 de la
Constitution, prévoyant l’empêchement du chef de l’Etat pour incapacité à
exercer ses fonctions, au profit du lancement d’un processus de
transition vers un nouveau régime.
Par lemonde.fr