Sputnik s'est
procuré la lettre de Sid Ahmed Ghozali, ex-chef du gouvernement et
ministre de
l’Économie algérien, adressée au chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah. M.Ghozali y explique sa vision de la crise politique qui frappe l’Algérie depuis le 22 février.
l’Économie algérien, adressée au chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah. M.Ghozali y explique sa vision de la crise politique qui frappe l’Algérie depuis le 22 février.
Dans
une lettre adressée au chef de l’État algérien par intérim, Abdelkader
Bensalah, dont Sputnik vient d’avoir une copie, Sid Ahmed Ghozali,
ex-chef du gouvernement et ministre de l’économie (1991-1992), s’exprime
sur la crise politique qui secoue l’Algérie depuis le début du
mouvement de contestation populaire fin février. Sollicité par Sputnik,
M. Ghozali a expliqué ne pas vouloir ajouter de la confusion à la
situation dans son pays mais de rappeller ses positions passées et
actuelles. Le document en question date du 21 avril et a été envoyé au
chef d’Etat par intérim nommé le 9 avril suite à la démission de
Bouteflika.
Invité
par la présidence de la République à donner son avis sur une «mise sur
pied en urgence d’une institution nationale de préparation et
d’organisation des prochaines élections [présidentielles du 4 juillet,
ndlr]», M.Ghozali, également ex-ambassadeur d’Algérie en Belgique
(1984-1988) et en France (1992-1994), a indiqué dans sa lettre les
causes qui ont conduit l’Algérie à cette situation de crise.
Tout
en indiquant que les manifestations populaires étaient réconfortantes
dans la mesure où le peuple, «que d’aucuns ont pu croire résigné et
désespéré, a montré à maints égards, un visage rayonnant de vie et
d’espérance», l’homme d’État, ex-ministre des Affaires étrangères, des
Finances, de l’Énergie et de l’Hydraulique, a souligné que ce qu’il
craignait de ce genre d’initiatives «inappropriées, c’est une grande
déception d’une population». Selon lui, le peuple «a clamé durant deux
mois, à raison et avec force, que les milieux les plus désignés pour
assurer les changements devenus nécessaires, ne sauraient être ces
forces politiques mêmes qui se montrent si obstinées à pérenniser "le
pouvoir pour le pouvoir", à prolonger sans fin la tradition
"d’élections" décidées à l’avance».
En conclusion, Sid Ahmed Ghozali a mis en garde que «l’inquiétude
s’amplifie quand on mesure l’ampleur des dangers et des défis qui nous
attendent demain en raison de la mortelle précarité enfantée par la
mauvaise gouvernance».
Sputnik présente la copie de la lettre adressée par M.Ghozali au chef d’État par intérim:
«Durant 20 ans, je n’ai cessé de mettre en
garde à plusieurs reprises les tenants du pouvoir, contre trois péchés
capitaux, sources inéluctables de la mauvaise gouvernance, à savoir:
primo l’absence de culture du droit, deuxio le mépris vis-à-vis du rôle
qui échoit à la société dans son propre fonctionnement, en particulier
pour la mobilisation des énergies humaines créatrices de richesse,
tertio le refus obstiné du pouvoir de rendre compte de ses actes, refus
qui conduit de la sorte à s’auto-sacraliser», a-t-il écrit.
Sputnik présente la copie de la lettre adressée par M.Ghozali au chef d’État par intérim: