
Le mouvement de contestation
antigouvernementale à Hongkong ne montre aucun signe
d’essoufflement. La
région semi-autonome du sud de la Chine se prépare à de nouvelles
manifestations pendant trois jours, notamment à l’aéroport
international. Plusieurs rassemblements sont prévus vendredi 23 août,
dont une manifestation d’experts-comptables près du siège du
gouvernement. Les contestataires entendent aussi former une « chaîne humaine » en
se tenant par la main dans différents districts de la ville
semi-autonome, sur le modèle de la plus longue chaîne humaine réalisée
il y a exactement trente ans, le 23 août 1989, par des Estoniens,
Lettons et Lituaniens contre l’URSS.
D’autres
ont annoncé sur les réseaux sociaux qu’ils comptaient perturber les
transports en direction de l’aéroport international durant le week-end.
L’aéroport de Hongkong, l’un des plus fréquentés de la planète, avait
été contraint de fermer temporairement en début de semaine dernière et
d’annuler un millier de vols sur fond de heurts entre manifestants et
forces de l’ordre.
Dans
un encart publicitaire publié vendredi dans les principaux journaux de
Hongkong, la direction de l’aéroport de la ville appelle les jeunes à « aimer Hongkong » et dit son opposition aux agissements ayant « bloqué et interféré dans les opérations de l’aéroport ».
La Haute Cour de justice a prolongé vendredi une mesure limitant
l’accès des contestataires à certaines zones de l’aéroport, disant
vouloir ainsi bannir « ceux qui veulent délibérément faire obstruction » aux activités normales de l’aéroport.
Défi sans précédent pour Xi Jinping
Ces
manifestations se préparent sur fond de tensions naissantes entre la
Chine et certaines puissances occidentales. Le consulat du Canada dans
l’ancienne colonie britannique a ainsi déclaré vendredi avoir suspendu
les déplacements de son personnel local en direction de la Chine
continentale. Cette annonce intervient après qu’un employé chinois du consulat britannique à Hongkong a été arrêté
par les autorités chinoises. De son côté, Pékin a accusé la
Grande-Bretagne et d’autres nations étrangères d’ingérence dans ses
affaires à Hongkong.
Le
mouvement de protestation, né en avril du rejet d’un projet de loi qui
aurait permis l’extradition de suspects vers la Chine continentale,
s’est élargi depuis le mois de juin à des revendications plus larges,
dont la démission de la cheffe du gouvernement local, Carrie Lam, et la
protection des libertés et de l’autonomie dont jouit l’ancienne colonie
britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Nombre de
Hongkongais estiment que ce régime particulier, résumé par la formule « un pays, deux systèmes », est aujourd’hui menacé par l’emprise croissante qu’exerce le gouvernement central chinois.
La
contestation, qui pèse aussi sur l’activité économique du territoire,
constitue un défi sans précédent pour le président chinois Xi Jinping
depuis son arrivée au pouvoir, en 2012.
En
amont des manifestations prévues vendredi, les contestataires ont
rappelé au gouvernement leurs cinq revendications : retrait définitif du
projet de loi sur l’extradition, ouverture d’une enquête indépendante
sur les violences policières présumées lors des manifestations, rejet du
terme « émeute » pour qualifier les rassemblements, abandon des charges contre les contestataires arrêtés et reprise de la réforme politique.
Pékin
a prévenu que les autorités chinoises pourraient intervenir pour mettre
fin au mouvement. Plusieurs centaines de paramilitaires de la Police
armée du peuple (PAP) ont effectué des exercices dans un stade de
Shenzhen, ville de Chine populaire frontalière de Hongkong.
Les protestataires veulent former une « chaîne humaine » et perturber
les transports vers l’aéroport international, l’un des plus fréquentés
au monde, durant le week-end.
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