
Dans un rapport, publié le 8 octobre, l’institution de Washington
rappelle l’importance de toutes les
étapes allant de la conception à la
distribution d’un produit, ces chaînes de valeur qui ont contribué
depuis dix ans à réduire la pauvreté dans les pays émergents.
C’est la nouvelle courroie de
transmission du commerce mondial. Les chaînes de valeur (c’est-à-dire
toutes les étapes dans la conception, la fabrication et la distribution
d’un produit) jouent un rôle essentiel dans la croissance du PIB,
l’amélioration de la qualité des emplois et la réduction de la pauvreté,
selon la Banque mondiale qui leur consacre son rapport annuel sur le
développement dans le monde, publié mardi 8 octobre. Eclatées en
multiples tâches et dispersées à travers le monde, ces chaînes offrent
aux entreprises des pays émergents la possibilité de s’insérer dans
l’économie mondiale, entraînant avec elles une partie du tissu
économique local. Signe de leur importance : les biens intermédiaires,
qui participent à la fabrication d’un produit fini, représentent
désormais plus de la moitié du commerce mondial.
Pour
illustrer son propos, l’institution installée à Washington donne
l’exemple du géant sud-coréen Samsung, qui se fournit auprès de 2 500
entreprises disséminées dans le monde pour fabriquer ses smartphones.
Les deux provinces du Vietnam où sont installés quelques-uns de ces
fournisseurs sont devenues les plus riches du pays et la « pauvreté y a chuté considérablement », selon le rapport.
Davantage d’emplois pour les femmes
Selon
les estimations de la Banque mondiale, une hausse de 1 % de la
participation d’un pays dans ces chaînes mondiales de valeur
augmenterait les revenus par habitant de 1 %, soit deux fois plus que le
commerce traditionnel. Ensuite, les pays qui sont les plus intégrés aux
chaînes de valeur mondiales, auraient le mieux réussi à lutter contre
la pauvreté. Ce qui fait dire à l’institution de Washington qu’elles
contribuent davantage au développement que la simple exportation de
produits finis. Autre avantage : les entreprises intégrées dans ces
chaînes de valeur emploient davantage de femmes que la moyenne observée
dans les pays où elles sont implantées, même si ces dernières sont
encore rares à accéder à des postes d’encadrement ou de managers.
Ce
plaidoyer pour les chaînes de valeur ne fait pas l’unanimité. Dans une
note publiée en août 2017, la Conférence des Nations unies sur le
commerce et le développement (Cnuced) s’inquiète du « risque de spécialisation sur une étroite frange de production » et de « la surdépendance aux entreprises multinationales dans l’accès à ces chaînes de valeur ». Et la Cnuced de conclure : « Une
telle intégration superficielle se manifeste également dans l’asymétrie
de pouvoir entre fournisseurs et entreprises donneuses d’ordre, et dans
les faibles capacités de négociation des pays en développement ».
Une organisation de production qui risque de contribuer au réchauffement climatique
Pour
tirer bénéfice de ces chaînes de valeur, la Banque mondiale préconise,
notamment, l’accélération des investissements dans les infrastructures
routières, portuaires ou ferroviaires pour renforcer leur connectivité
et éviter la création d’enclaves de prospérité déconnectées du reste du
pays. Les Etats doivent aussi miser sur la formation car ces chaînes
bénéficient principalement aux emplois qualifiés, au risque de creuser
les inégalités dans des pays où le réservoir de main-d’œuvre non
qualifiée est important.
« Les gouvernements doivent s’assurer que les chaînes de valeur mondiales bénéficient à de nombreux groupes sociaux – en particulier les pauvres et les femmes – et que l’environnement soit protégé »,
souligne ainsi Pinelopi Koujianou Goldberg, chef économiste à la Banque
mondiale. Cette organisation de la production mondiale risque, en
effet, de contribuer au réchauffement climatique en augmentant les
distances parcourues entre les différentes étapes de production, et en
produisant davantage de déchets à cause des emballages utilisés pour
leur transport, surtout dans le secteur électronique.