Arrivé second à l'élection de septembre face au président réélu Ashraf
Ghani, l'opposant afghan
Abdullah Abdullah a prévu de tenir sa propre
cérémonie d'investiture présidentielle lundi. Au lendemain de la
signature d'un accord de paix avec les Taliban, le gouvernement de
Kaboul apparaît affaibli par cette rivalité.
La rivalité entre Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah va-t-elle
compromettre les négociations entre Kaboul et les Taliban ? Deux
cérémonies d'investiture présidentielle concurrentes sont prévues lundi 9
mars en Afghanistan. L'une pour le président Ashraf Ghani, réélu en septembre, l'autre pour le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah, arrivé second, qui ne cesse de contester les résultats de la présidentielle.
Des
discussions de dernière minute visant à trouver un compromis ont duré
jusqu'à tard dans la nuit de dimanche à lundi, mais n'ont pas abouti.
Le
scénario rappelle les pires moments du scrutin de 2014, que les deux
mêmes protagonistes affirmaient également avoir remporté. Cette fois, la
querelle intervient alors que le gouvernement s'apprête mardi à
négocier l'avenir du pays avec les Taliban.
Dans
la matinée, le porte-parole d'Ashraf Ghani a annoncé que la cérémonie,
prévue tôt le matin, avait été repoussée à l'après-midi.
De son
côté, le porte-parole d'Abdullah Abdullah, Faraidoon Khwazoon, a dit à
l'AFP que la cérémonie pour le second aurait lieu comme prévu le matin.
Un dialogue affaibli
Mardi,
un dialogue inter-afghan doit réunir les Taliban, les autorités,
l'opposition et la société civile, pour tenter de trouver un terrain
d'entente sur l'avenir du pays.
Ces négociations, actées dans l'accord signé le 29 février à Doha
entre États-Unis et Taliban, devraient être retardées. Ashraf Ghani
refuse d'honorer l'un des principaux points de cet accord, non ratifié
par son gouvernement : la libération de jusqu'à 5 000 prisonniers
taliban en échange de celle de jusqu'à 1 000 membres des forces
afghanes.
"Les Taliban vont dire à l'équipe du gouvernement de
régler leurs problèmes internes puis venir et parler", pronostique
l'analyste Atta Noori, interrogé par l'AFP. "L'unité est leur seule
option s'ils veulent gagner à la table des négociations."
Les Taliban, toujours opposés aux élections en Afghanistan, n'ont jamais reconnu le gouvernement de Kaboul.
Pendant ce temps, les combats ont repris de plus belle dans les campagnes depuis que les Taliban ont mis fin le 2 mars à une trêve partielle de neuf jours et repris leur offensive contre les forces de sécurité afghanes, tuant des dizaines de personnes en une semaine.
"Intérêts personnels"
Avec très peu de nouvelles idées, les deux hommes politiques ont aussi perdu la confiance d'une grande partie de la population.
"Il
est impossible d'avoir deux présidents dans un seul pays", soupire
Ahmad Jawed, un chômeur de 22 ans, demandant aux candidats "de mettre
leurs intérêts personnels de côté et de penser à leur pays plutôt que de
se battre pour le pouvoir".
Les résultats définitifs de la
présidentielle, organisée en septembre, n'avaient été annoncés qu'en
février, en raison notamment du dépôt par les candidats de 16 500
plaintes pour irrégularités.
Ashraf Ghani a obtenu 50,64 % des 1,8 million de votes pris en compte. Abdullah Abdullah, qui n'a réuni que 39,52 % des suffrages, a qualifié ces résultats de "trahison nationale".
France 24 Avec AFP