
Déjà renvoyé du poste de gouverneur de la Banque
centrale du Nigeria, en 2014, pour avoir dénoncé
la corruption des
élites nigérianes, l’influent dirigeant vient de perdre son poste d’émir
de Kano dans des circonstances similaires.
« J’aime la controverse », avait déclaré Lamido Sanusi
lors d’une conférence de presse en 2014, quelques heures après avoir
accusé la Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC), la compagnie
nationale des hydrocarbures, d’avoir détourné des milliards de dollars.
À la suite de ces accusations, des agents des services de
renseignement avaient saisi les passeports de celui qui était, depuis
2009, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria. Et il a été
rapidement mis à la porte par le président Goodluck Jonathan. Quelques
mois, plus tard, le 9 juin 2014, il avait été couronné émir « Muhammadu
Sanusi II », devenant ainsi le quatorzième émir de l’État de Kano.
Il a depuis publiquement été en opposition avec le gouvernorat de
l’État. Après plusieurs mois de controverses publiques, l’émir Muhammadu
Sanusi II a été officiellement détrôné, ce lundi 9 mars, avec effet
immédiat.
« Manque de respect »
Dans un communiqué, Alhaji Usman Alhaji, secrétaire du gouvernorat de
de Kano, a durement dénoncé son attitude : « L’émir de Kano a manqué
totalement de respect vis-à-vis des instructions légitimes du bureau du
gouverneur de l’État et d’autres autorités, y compris par son refus
persistant d’assister aux réunions et aux programmes officiels organisés
par le gouvernorat, sans aucune justification légitime, ce qui équivaut
à une insubordination totale ».
Parmi les motifs de grief évoqués par les commentateurs, les discours
répétés de Sanusi sur la bonne gouvernance, perçus comme une mise en
cause du gouverneur de l’État de Kano, Abdullahi Umar Ganduje. Une
vidéo, largement diffusée depuis la fin 2018, le montrait prétendument
en train d’accepter des billets de dollars de la part d’un entrepreneur
de l’État, un geste analysé par d’aucuns comme un pot-de-vin. L’affaire
n’a, pourtant, jamais été portée devant l’Assemblée de l’État.
Positions controversées
Lamido Sanusi a également à plusieurs reprises condamné la corruption
et la mauvaise gouvernance des élites du Nord du pays et pris plusieurs
positions controversées sur la polygamie et le planning familial, qui
ont suscité de la colère dans le septentrion nigérian, région
conservatrice.

Nous n’avons pas besoin que l’Arabie Saoudite et l’Iran nous expliquent l’Islam