
Huit personnes originaires de
banlieue parisienne qui exploitaient des migrants vietnamiens dans des
fermes de cannabis du Loiret ont été mises en examen. Les policiers
estiment que de 1 500 à 2 000 pieds de cannabis ont pu y être cultivés.
Ils utilisaient des migrants vietnamiens pour leur trafic
de cannabis. Huit personnes originaires de banlieue parisienne ont récemment été
mises en examen à Paris après le démantèlement de fermes de cannabis dans le
Loiret, département situé à une centaine de kilomètres de Paris.
Le recours à des migrants vietnamiens dans les
plantations de cannabis en Europe, où ils sont contraints de travailler pour
payer leur voyage clandestin vers la Grande-Bretagne, n’est pas un fait
nouveau. En revanche, il est beaucoup plus rare que ces fermes dépendent d’un
trafiquant issu des cités des banlieues parisiennes.
"C’est la première fois qu’on voit apparaître ce
lien", estime un responsable de l’Office central pour la répression de l’immigration
irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest), cité par l’AFP et qui
a mené l’enquête.
Les policiers ont interpellé quatre hommes et quatre
femmes la semaine dernière dans le Loiret et en banlieue parisienne.
Trois personnes ont été écrouées, dont un trafiquant déjà
connu des services. Les autres mis en cause ont été placés sous contrôle
judiciaire.
Entre 20 000 et 40 000 euros le voyage vers l'Angleterre
Selon le récit d’une source policière, l’enquête a
démarré fin 2018 après un renseignement qui a mis les policiers de l’Ocriest
sur la piste d’une filière d’aide à l’entrée et au séjour de Vietnamiens désireux
de rejoindre l’Angleterre depuis la France.
Pour financer leur voyage estimé entre 20 000 et 40 000
euros, trois migrants suivis par des policiers chargés de la lutte contre l’immigration
clandestine ont été contraints de "jardiner" dans deux fermes de
cannabis de la région de Montargis.
Les policiers estiment que de 1 500 à 2 000 pieds
ont pu y être cultivés. Une évaluation nourrie par le matériel retrouvé sur
place même si aucune saisie de drogue n’a été effectuée.
Tous les plants de cannabis ont en effet été enlevés par
le donneur d’ordre, un trafiquant connu en région parisienne, alerté par les "jardiniers"
vietnamiens qui pensaient avoir découvert un dispositif de surveillance en
février 2019.
Une affaire familiale
Furieux, l’homme a décidé de séquestrer pendant huit
jours l’un des jardiniers vietnamiens – celui qui avait donné l’alerte – qui sera
vraisemblablement libéré après avoir été sérieusement maltraité.
Après des mois d’enquête, le trafiquant a été interpellé
mardi dernier, avec l’aide du Raid, en compagnie d’un proche qui lui servait de
prête-nom. Sa compagne au train de vie dispendieux malgré des revenus officiels
limités aux minima sociaux, a également été arrêtée puis placée en détention.
Ces interpellations ont été complétées par celles de la
propriétaire des fermes du Loiret, née en 1953, et de son conjoint présenté
comme un "vieux du cru". Ce dernier est suspecté d’avoir été "au
contact direct des ouvriers vietnamiens" et d’avoir écoulé parallèlement
un peu d’herbe pour son propre profit, avec l’aide de sa fille et de son petit
copain.
Eux aussi ont été interpellés. Une Vietnamienne, propriétaire
d’un appartement en Seine-Saint-Denis, complète le coup de filet des policiers.
Le volet de l’enquête ciblant le réseau d’immigration clandestine, lui,
se poursuit.
Par infomigrants.net