Aveugle, le coronavirus a frappé riches et pauvres sur la quasi-totalité
du globe, même là où certains
juraient, avec plus ou moins de bonne
foi, qu'il n'arriverait pas. Las. À l'heure prochaine du bilan, deux
types d'attitudes gouvernementales se sont distinguées, radicalement
opposées.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus
et jusqu'à ses presque 560 000 décès recensés dans le monde mi-juillet,
c'est peu dire que les discours et les doctrines ont fluctué,
rebondissant parfois sur la science, sur la foi, le déni, voire
carrément le mensonge, si l'on considère par exemple la position campée
par le despote turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov, qui a purement
et simplement interdit l'utilisation du mot coronavirus. Là-bas, comme en Corée du Nord, il n'y a officiellement aucun cas de contamination, ni de mort lié au virus, qui semble craindre les dictatures...
Certains ont minimisé le risque... avant de se raviser
Ailleurs,
dans le monde bien réel où l'information et le citoyen circulent
relativement librement, il frappe à l'aveugle et la réalité galope
derrière ceux qui s'en méfiait. A l'instar de Donald Trump, le président
américain, qui, évoquant une "vaste blague", assurait mordicus que le virus disparaîtrait "comme par miracle". En vain : les États-Unis continuent d’enregistrer près de 60 000 nouveaux cas quotidiens,
les hospitalisations ont doublé depuis début juin pour retrouver leur
niveau de mai. Les décès, eux, ont augmenté de 70% en une semaine.
Mardi, le président américain apparaissait masqué pour la toute première fois depuis le début de l'épidémie.
Celui que certains désignent comme son double tropical, le président brésilien Jair Bolsonaro, avait, lui aussi, décrit un "fantasme" et une ''petite grippe'', pour justifier son opposition farouche à des mesures de confinement. Testé lui aussi positif au coronavirus,
Jair Bolsonaro continue à critiquer les mesures d’isolement mises en
place par les gouverneurs locaux et déclarait la semaine dernière sur
son compte Facebook avoir commencé à prendre chaque jour un comprimé
d'hydroxychloroquine, sur laquelle il mise pour enrayer l'épidémie. Le Brésil, lui, a passé le cap des 71 000 morts et plus d'1,7 million de contaminations confirmées, selon les données officielles.

Coincé entre les deux géants,
le Mexicain Lopéz Obrador, figure de la gauche mexicaine et adepte des
bains de foules, n’a pris que tardivement conscience de la menace,
soucieux avant tout de maintenir l'activité économique. Alors que les
autorités accélèrent le déconfinement,
pourtant critiqué par de nombreuses voix dans le pays, dimanche
dernier, le Mexique est devenu le quatrième pays comptant le plus de
morts du Covid-19, avec, selon les autorités sanitaires 299 750 cas de
contamination confirmés et 35 006 décès.
Sur le Vieux-Continent, au Royaume-Uni,
parmi les rescapés du Covid-19, le premier des sujets de Sa Majesté, le
Premier ministre Boris Johnson, d'abord sceptique sur l'utilité d'un
confinement et partisan d'une ''immunité collective'' qui aurait protégé ses concitoyens. Sorti de plusieurs jours de soins intensifs après
avoir contracté le Covid et tardé à ordonner un confinement relatif,
Boris Johnson, qui se vantait de serrer la main des malades et de
prendre des vacances l’épidémie s 'invitait en Europe, concède
aujourd'hui être favorable au port du masque obligatoire dans les
endroits clos comme les magasins ou les transports. À cette date, le
pays compte plus de 290 133 cas de contamination et
44 830 morts recensés.
D'autres ont pris à temps la mesure de l'épidémie... et leurs responsabilités
À chaque tableau d'horreur son tableau d'honneur. Sur ce dernier figurera sans nul doute la Belge Sophie Wilmès,
inconnue de 45 ans propulsée Première ministre de la Belgique faute de
candidat, qui, parmi les premiers, a assumé et communiqué sur la
difficulté particulière de la crise sanitaire et imposé avec pragmatisme
un confinement, suivi d'un déconfinement très progressif. Dans le
peloton de tête, le Premier ministre italien, Guiseppe Conte, qui a su
démontrer, alors que son pays était frappé de plein fouet par le virus, à communiquer à chaque étape de la pandémie,
à emporter l'adhésion de ses concitoyens et s'imposer face à des
partenaires européens plutôt rétifs à la solidarité quand l'économie
italienne plongeait dans l'abîme.
Un peu plus au sud, le Premier
ministre grec pourra, lui aussi, se féliciter d'avoir su prendre les
devants : à l’image de l’Autriche, le gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis
grec a ainsi imposé des mesures sévères dès l’apparition des premiers
cas dans le pays, avec, en sus, interdictions de se rassembler,
annulation des événements culturels et fermeture des écoles.

Du côté de la radicalité, la méthode néo-zélandaise, incarnée par la très charismatique Première ministre du pays, Jacinda Ardern,
semble avoir porté ses fruits, et on ne compte quasiment plus aucune
contamination sur cet archipel de cinq millions d’habitants. Dès le 26
mars, un confinement drastique a été appliqué, probablement le plus
strict des pays dits ''occidentaux'' : plages, écoles, restaurants,
bureaux, bars ont été fermés. La vente de plat à emporter interdite. Les
visiteurs fraîchement arrivés de l'étranger placés en quarantaine, les
tests généralisés, et le traçage numérique organisé avec méthode.
Merkel et Costa gardent le cap et reconfinent partiellement
Plus
près de nos frontières, les Portugais ont eux pu compter sur leur
Premier ministre, Antonio Costa, au pouvoir depuis cinq ans, qui a pris
très tôt la décision de fermer les écoles, en négociant habilement avec
son opposition au nom de l'union nationale. Il faut dire que la
situation de l'Espagne, limitrophe, ne faisait aucun envieux... Le gouvernement Costa a annoncé le 26 juin un reconfinement à partir du 1er juillet des habitants de 19 quartiers de la banlieue nord de Lisbonne où persistent des foyers de contagion.
Un effort semblable à celui réalisé outre-Rhin : l’Allemagne a annoncé lundi le déconfinement d’un des deux cantons de l’Ouest
du pays où des restrictions avaient été réintroduites après
l’apparition d’un important foyer de contamination du nouveau
coronavirus. La méthode semble payer : la chancelière Angela Merkel, qui a elle aussi contracté le coronavirus,
connaît un regain de popularité depuis le début de l'épidémie auprès
des Allemands, satisfaits de sa bonne gestion de la crise, dans un pays
où le taux de mortalité est inférieur à ses voisins européens.