"Nos ingénieurs (...) ne veulent pas répéter ce que leurs
collègues de SpaceX font, mais les
surpasser", a affirmé le patron de
l'agence spatiale Roskosmos.
L'agence
spatiale russe Roskosmos, malmenée par la concurrence de la société
SpaceX d'Elon Musk, a annoncé ce vendredi qu'elle envisageait de ramener
des échantillons du sol de Vénus et de développer un engin spatial
réutilisable pour une centaine de lancements.
"Pour
remplacer l'actuelle fusée Soyouz-2, nous élaborons une fusée au
méthane. Elle sera développée dès le départ comme un ensemble
réutilisable. Pas semi-réutilisable comme chez Space-X, mais
réutilisable, le premier étage sera réutilisable plus d'une centaine de
fois", a affirmé le patron de Roskosmos, Dmitri Rogozine dans un
entretien à l'agence Ria Novosti.
SpaceX vient de réussir son premier lancement et retour sur Terre d'un vaisseau Crew Dragon
avec deux astronautes à bord pour le compte de la Nasa. Sa fusée Falcon
9 est partiellement réutilisable, tout comme la capsule habitée, de
quoi réduire les coûts.
"Nos ingénieurs (...) ne veulent pas
répéter ce que leurs collègues de SpaceX font, mais les surpasser", a
ajouté Rogozine. Il a par ailleurs moqué l'amerrissage "grossier" de
Crew Dragon, estimant que seule une arrivée sur la "terre ferme" est
"comme il faut", utilisant l'expression française.
La Russie a perdu son monopole
L'entreprise du milliardaire Elon Musk, qui a pour ambition de coloniser Mars un jour,
a porté un coup au secteur spatial russe, déjà miné par les scandales
et la corruption, en mettant fin au monopole des vols habités vers la
Station spatiale internationale, détenu pendant près de dix ans par
Moscou.
Autre priorité russe, selon Dmitri Rogozine, retourner sur
Vénus, planète où seules des sondes soviétiques se sont posées.
L'objectif serait d'en ramener des échantillons et d'étudier et
comprendre son atmosphère où l'effet de serre est considérable, à
l'heure où la Terre est menacée par le changement climatique. "Vénus est
plus intéressante que Mars (...) si nous n'y comprenons pas les
processus (climatiques), comment comprendre, comment empêcher un tel
scénario sur notre planète ?", a dit le chef de Roskosmos.
Selon
lui, il ne faut pas se contenter "de poser un appareil sur Vénus mais
aussi ramener des échantillons de son sol sur Terre. Ce serait une vraie
percée". "Nous savons comment le faire", a-t-il soutenu. Il a jugé
préférable d'agir "indépendamment" plutôt que dans le cadre d'une
coopération avec les Etats-Unis.
Bémol, Dmitri Rogozine a
cependant relevé que les coupes budgétaires menacent ses ambitions. Le
ministère des Finances prévoit de réduire de 60 milliards de roubles
(690 millions d'euros) le budget spatial russe, ce qui s'ajoute à des
coupes précédentes plus importantes encore. "Je ne comprends pas comment
on pourrait travailler dans de telles conditions", a déclaré Rogozine,
relevant que "le montant final ne peut être déterminé que par le
président" Vladimir Poutine.
Par lexpress.fr