RDC: les acteurs de la société civile réclament le jugement de Joseph Kabila pour des « crimes » présumés commis entre 2001-2019.
Longtemps rêvée, l’alternance pacifique est devenue une réalité
irréfutable de l’histoire de la RDC. Ce, depuis l’investiture le 24
janvier de Félix Tshisekedi, vainqueur de la présidentielle du 30
décembre 2018 avec 38 % des suffrages contre 34 % pour l’autre opposant
Martin Fayulu.
Mais, en attendant l’exécution du programme de Félix Tshisekedi, de
nombreux Congolais veulent déjà des actes forts de la part du nouveau
régime. Parmi les Congolais dont la soif du changement n’est pas encore
totalement étanchée, figurent en bonne place, les activistes de la Lutte
pour le changement (LUCHA). Pour le mouvement citoyen, le changement
devrait rimer avec « le balayage des médiocres ».
Les médiocres, ce sont des responsables de RDC dont les pratiques ne
sont pas du goût des observateurs. Pas question de tergiverser, dans la
ligne de mire de la LUCHA se trouvent les barrons de l’ancien régime. Et
surtout le métronome : Joseph Kabila.
Arrivé au pouvoir en 2001 du fait de la mort
de son père, Joseph Kabila a été élu en 2006 puis réélu en 2011. Bien
qu‘étant le tout premier dirigeant de RDC à organiser des élections
démocratiques — contrairement à celles de Mobutu, le « président
fondateur », qui en était le seul candidat — Kabila se faisait souvent
élire dans des conditions qui n’ont jamais convaincu certains de ses
compatriotes qui évoquaient à chaque fois des fraudes.
Mais si l’arrivée de Joseph Kabila au pouvoir a rimé avec la fin de
ce que l’on appelle « Deuxième guerre du Congo », quiconque s’avisera de
feuiller les pages de l’histoire de RDC s’attardera forcément sur de
nombreux actes commis lors de son règne. Des faits qualifiés de
violation des droits de l’homme.
Difficile par exemple de ne pas faire allusion au cas Floribert
Chebeya, cet activiste des droits de l’homme qui mourut en juin 2010
dans des circonstances jugées jusqu’ici floues. Des observateurs
estiment que les différents procès n’ont jamais jugé ni condamné les
principaux suspects dont le général John Numbi.
L’accord Kabila-Tshisekedi, un obstacle majeur
Sans oublier la répression dans le sang de nombreuses manifestations.
Et beaucoup de Congolais sont loin de se remettre de la mort en février
2018 de Rossy Mukendi, militant catholique tombé sous les balles de la
police lors des manifestations initiées par l‘Église catholique pour
exiger le respect des accords de la Saint-Sylvestre.
Pour la LUCHA, ce sont de véritables crimes qui ne devraient pas
rester impunis. Les manifestations organisées ces derniers temps sont un
message adressé au président Tshisekedi pour que Kabila et certains de
ses collaborateurs répondent de leurs actes.
Une doléance qui est loin d‘être exaucée sitôt. D’abord en raison des
arrestations des membres de la LUCHA lors des manifestations exigeant
des procès contre les membres de l’ancien régime.
Ensuite, d’après des observateurs, Kabila contrôlerait encore tout
l’appareil institutionnel du pays. Autrement dit, de l’armée à la
justice en passant par la police et le Parlement, …. Aucune institution
n‘échappe à Joseph Kabila.
Enfin, le président
Tshisekedi est désormais déterminé à composer avec son prédécesseur.
« C’est un deal que nous avons fait pour que, d’abord, l’alternance se
fasse pacifiquement. Donc, il y a eu cette entente, et elle s’est faite
pacifiquement pour qu’après les élections législatives et la majorité
qui s’en est dégagée, il y ait une coalition avec le camp de M. Kabila,
le camp sortant », a déclaré mardi M. Tshisekedi lors d’une conférence
de presse animée en marge d’une visite de travail à Windhoek (Nambie)
avec son homologue Hage Geingob.
Voilà qui sonne comme une réponse à quiconque veut voir Kabila et ses
compères devant la barre d’un tribunal. Une chose est néanmoins sûre,
la LUCHA poursuivra ses marches. Mais jusqu‘à quand ?