La photo de Biya va-t-elle sauver Express Union ?
Pour se protéger contre le mauvais sort, certains affichent la photo du Christ. Dans les locaux de la société «
Express Union », c’est celle de Paul Biya qui semble protéger les lieux. Sera-t-elle efficace face à l’attaque massive des opérateurs de téléphonie avec Orange Cameroun en tête de proue?
La bataille rangée qui s’est ouverte entre les opérateurs de téléphonie mobile et le numéro 1 national du transfert d’argent au Cameroun (Express Union) s’annonce « sanglante ». Nous sommes comme la plupart des Camerounais qui estiment nécessaire de protéger nos fragiles entreprises nationales face aux multinationales. Ils n’aiment pas, comme à l’heure actuelle, que leur pays soit vendu en petits morceaux aux étrangers, notamment français.
Pour cela, ils prennent des risques importants pour faire comprendre au pouvoir en place que la situation est non seulement anormale, mais presque suicidaire pour les opérateurs économiques nationaux. Cependant, certains de nos compatriotes soutiennent cette façon de faire et viennent curieusement faire appel à la compassion publique lorsque leurs intérêts sont en jeu.
Doit-on pleurer sur le sort de la société « Express Union » ?
Il n’est un secret pour personne que la société du député Albert Kouinché est en difficulté face aux mastodontes de la téléphonie mobile. En d’autre temps, nous aurions pris fait et cause pour Express Union, mais à force de cracher en l’air pour voir ce qui pourrait arriver, son patron a, comme beaucoup d’autres avant lui, fini par se salir le visage.
Il faudrait revenir à l’origine de cette entreprise pour mieux comprendre ses déboires actuels. Comment et qui a provoqué la chute du service postal de l’Etat (mandat télégraphique) pour laisser la place libre à la société « Express union » ? Dans combien de pays dans le monde une telle chose aurait été possible sans que l’Etat ne soit bénéficiaire d’une compensation conséquente ? La conséquence est que le pouvoir Rdpc a laissé de manière suspecte tomber le service postal en mettant dans des conditions précaires des milliers de Camerounais.
Comment, alors qu’une multinationale a pour nom « Western Union », quelqu’un a pu impunément baptiser la sienne « Express Union » et évoluant pratiquement dans le même secteur d’activité ? Il serait intéressant d’avoir l’avis des spécialistes de la « propriété intellectuelle » pour mieux mesurer la confusion.
Alors qu’un Camerounais a essayé, en utilisant les méthodes d’Albert Kouinché, d’animer la concurrence sous le nom commercial de « Express Exchange », une lutte où tous les coups sont presque permis a failli tuer le projet dans l’œuf avec à la clé, une longue procédure judiciaire. Le concurrent vivote depuis lors, affaibli certainement par cet éprouvant épisode.
Qu’est ce qu’une entreprise nationale ?
Aujourd’hui, les opérateurs de téléphonie mobile, notamment Orange, ont utilisé les mêmes réseaux pour mettre un, voire deux pieds dans ce lucratif secteur. Ce n’est qu’à ce moment là que les soutiens d’Albert Kouinché se souviennent que l’opinion publique existe puisqu’ils en appellent au « patriotisme économique ».
C’est justement par souci d’équité et pour éviter une telle distorsion de concurrence que nous nous insurgeons depuis des années contre le régime Rdpc qui ne protège pas assez nos « véritables hommes d’affaires ». Mais certains Camerounais ont trouvé une petite combine consistant à s’inscrire au parti au pouvoir, espérant ainsi protéger leurs affaires. Le cas du patron de la société « Express Union » est assez détestable. Non content d’avoir « tué » la poste avec la bénédiction du régime, sa soif du pouvoir l’a conduit à conquérir la place de député à l’Assemblée nationale qu’il aurait pu laisser à un résident du département du Koung-Khi ayant la liberté de défendre au mieux les droits de ses électeurs.
On demande au Camerounais désormais de soutenir l’entreprise d’un compatriote victime d’une « injustice ». Soutenir pour soutenir a quel sens ? Comment soutenir une entreprise parfois trois fois plus chère que ses concurrents ? Comment soutenir une entreprise dont les dirigeants ne laissent aucune « miette » aux autres Pme-Pmi locales ?
Orange et Mtn font vivre de nombreux journaux par des insertions publicitaires (Même si votre journal n’en a jamais bénéficiées) ; qu’en est-il d’Express Union ? Ces deux concurrents font vivre de nombreux petits imprimeurs tandis que les dirigeants d’Express Union ont eu la « riche idée » d’installer l’une des plus importantes imprimeries du pays pour appliquer scientifiquement le dicton : « tout pour nous, rien pour les autres ».
Les mêmes concurrents distribuent des centaines de millions de francs cfa dans le sponsoring de nombreuses activités culturelles et sportives, notamment autour de nos « Lions indomptables ».
L’argument massue qu’on brandit est le risque de perte d’emplois. Ce chantage à l’emploi n’a aucun sens d’autant plus qu’on peut rétorquer que les nouveaux opérateurs vont aussi en créer même si les proportions ne seront pas les mêmes. Il est d’ailleurs étonnant de constater que ceux qui s’indignent aujourd’hui ne l’ont pas été hier lorsqu’il s’est agi de détruire littéralement le service postal de l’Etat.
Que faire pour limiter la casse ?
Plutôt que de se plaindre, les dirigeants de cette société doivent comprendre que le parapluie-Rdpc qu’ils croyaient étanche est en train de prendre de l’eau de toute part. Qu’à défaut d’enlever les portraits de Paul Biya (qui n’ont pas été assez efficaces) dans leurs agences, il est temps de gérer cette grosse structure avec des moyens modernes.
Dans le contexte actuel, tant de personnes menacées par le chômage ne peuvent laisser sans réaction de véritables patriotes. Il est nécessaire de recruter des experts indépendants (vente, marketing, finances…) pour constituer une équipe « transverse », capable de réaliser rapidement un état des lieux et surtout de proposer des solutions susceptibles d’arrêter la saignée. C’est sans doute inimaginable et douloureux pour des gens qui ne savent pas que le prix d’un travail cérébral peut valoir cher ; mais c’est le prix à payer.
Pourquoi ne pas créer une filiale légère pour « concurrencer » les nouveaux entrants sur leur propre terrain ? Par exemple tirer profit de l’attractivité des boulangeries, des gros magasins… pour installer des équipes d’une ou deux personnes afin de faire, avec les réseaux Nexttel ou Camtel, ce que font Orange et Mtn ? Pourquoi ne pas mettre le paquet sur le service de nuit (Jusqu’à 22 h 30) ? Réfléchir sur des méthodes nouvelles pouvant éviter la queue devant les guichets ? Toutes les personnes derrière les guichets pourraient devenir des caissiers comme chez ses concurrents.
Les possibilités ne manquent pas. Au lieu d’attendre que le système corrompu mis en place par le Renouveau ne vienne au secours de sa société, Albert Kouinché doit se mettre au travail et solliciter enfin ceux qui peuvent lui permettre de sortir de l’impasse.
Article complémentaire :
Rdpc.
Les hommes d’affaires sont -ils obligés d’y adhérer ?
Les hommes d’affaires, ou ceux qui en tiennent lieu, rôdent depuis quelques temps le discours qu’ils serviront une fois le « Renouveau » hors d’état de nuire : « ils étaient obligés de militer au sein du parti au pouvoir ».
Croire que les Camerounais vont gober une telle explication ne peut germer que dans l’esprit des compatriotes, détruit par plus de trente années de gabegie entretenue par un des régimes les plus corrompus de l’histoire récente.
Les choses ne sont pas si simples
S’il est indéniable que lorsqu’on a réussi dans les affaires au Cameroun on ne peut s’attaquer impunément au Rdpc, il est néanmoins vrai que de nombreux hommes d’affaires ont su garder les distances envers le Rdpc.
Qui a vu les Latallé, Noutchogoing, Fokou, Quifeurou… briguer des postes au sein du parti au pouvoir ? Qui peut croire qu’ils n’aident pas financièrement ce parti lors des différences échéances électorales ?
En réalité, en ce qui concerne un homme d’affaires, une chose est de faire la politique et une autre est de venir occuper des postes de maire, de député…, alors même que de par la nature de ses activités, il ne peut pas défendre les intérêts des masses qui ont tendance à s’opposer à celle des dirigeants politiques.
Sur ce point, il est heureux que les Fotso Yves Michel hier, Albert Kouinché aujourdhui, expérimentent le fait d’être en disgrâce, malgré les efforts divers pour « mériter » le soutien d’un système par nature ingrat.
L’un des mérites du système Ahidjo était la cloison étanche entre les fonctionnaires, les politiciens et les hommes d’affaires. En laissant les uns empiéter sur les terres des autres, Paul Biya a instauré un système qui va broyer à court et moyen termes ses propres créatures.
Benjamin Zebaze
Pour se protéger contre le mauvais sort, certains affichent la photo du Christ. Dans les locaux de la société «
Express Union », c’est celle de Paul Biya qui semble protéger les lieux. Sera-t-elle efficace face à l’attaque massive des opérateurs de téléphonie avec Orange Cameroun en tête de proue?
La bataille rangée qui s’est ouverte entre les opérateurs de téléphonie mobile et le numéro 1 national du transfert d’argent au Cameroun (Express Union) s’annonce « sanglante ». Nous sommes comme la plupart des Camerounais qui estiment nécessaire de protéger nos fragiles entreprises nationales face aux multinationales. Ils n’aiment pas, comme à l’heure actuelle, que leur pays soit vendu en petits morceaux aux étrangers, notamment français.
Pour cela, ils prennent des risques importants pour faire comprendre au pouvoir en place que la situation est non seulement anormale, mais presque suicidaire pour les opérateurs économiques nationaux. Cependant, certains de nos compatriotes soutiennent cette façon de faire et viennent curieusement faire appel à la compassion publique lorsque leurs intérêts sont en jeu.
Doit-on pleurer sur le sort de la société « Express Union » ?
Il n’est un secret pour personne que la société du député Albert Kouinché est en difficulté face aux mastodontes de la téléphonie mobile. En d’autre temps, nous aurions pris fait et cause pour Express Union, mais à force de cracher en l’air pour voir ce qui pourrait arriver, son patron a, comme beaucoup d’autres avant lui, fini par se salir le visage.
Il faudrait revenir à l’origine de cette entreprise pour mieux comprendre ses déboires actuels. Comment et qui a provoqué la chute du service postal de l’Etat (mandat télégraphique) pour laisser la place libre à la société « Express union » ? Dans combien de pays dans le monde une telle chose aurait été possible sans que l’Etat ne soit bénéficiaire d’une compensation conséquente ? La conséquence est que le pouvoir Rdpc a laissé de manière suspecte tomber le service postal en mettant dans des conditions précaires des milliers de Camerounais.
Comment, alors qu’une multinationale a pour nom « Western Union », quelqu’un a pu impunément baptiser la sienne « Express Union » et évoluant pratiquement dans le même secteur d’activité ? Il serait intéressant d’avoir l’avis des spécialistes de la « propriété intellectuelle » pour mieux mesurer la confusion.
Alors qu’un Camerounais a essayé, en utilisant les méthodes d’Albert Kouinché, d’animer la concurrence sous le nom commercial de « Express Exchange », une lutte où tous les coups sont presque permis a failli tuer le projet dans l’œuf avec à la clé, une longue procédure judiciaire. Le concurrent vivote depuis lors, affaibli certainement par cet éprouvant épisode.
Qu’est ce qu’une entreprise nationale ?
Aujourd’hui, les opérateurs de téléphonie mobile, notamment Orange, ont utilisé les mêmes réseaux pour mettre un, voire deux pieds dans ce lucratif secteur. Ce n’est qu’à ce moment là que les soutiens d’Albert Kouinché se souviennent que l’opinion publique existe puisqu’ils en appellent au « patriotisme économique ».
C’est justement par souci d’équité et pour éviter une telle distorsion de concurrence que nous nous insurgeons depuis des années contre le régime Rdpc qui ne protège pas assez nos « véritables hommes d’affaires ». Mais certains Camerounais ont trouvé une petite combine consistant à s’inscrire au parti au pouvoir, espérant ainsi protéger leurs affaires. Le cas du patron de la société « Express Union » est assez détestable. Non content d’avoir « tué » la poste avec la bénédiction du régime, sa soif du pouvoir l’a conduit à conquérir la place de député à l’Assemblée nationale qu’il aurait pu laisser à un résident du département du Koung-Khi ayant la liberté de défendre au mieux les droits de ses électeurs.
On demande au Camerounais désormais de soutenir l’entreprise d’un compatriote victime d’une « injustice ». Soutenir pour soutenir a quel sens ? Comment soutenir une entreprise parfois trois fois plus chère que ses concurrents ? Comment soutenir une entreprise dont les dirigeants ne laissent aucune « miette » aux autres Pme-Pmi locales ?
Orange et Mtn font vivre de nombreux journaux par des insertions publicitaires (Même si votre journal n’en a jamais bénéficiées) ; qu’en est-il d’Express Union ? Ces deux concurrents font vivre de nombreux petits imprimeurs tandis que les dirigeants d’Express Union ont eu la « riche idée » d’installer l’une des plus importantes imprimeries du pays pour appliquer scientifiquement le dicton : « tout pour nous, rien pour les autres ».
Les mêmes concurrents distribuent des centaines de millions de francs cfa dans le sponsoring de nombreuses activités culturelles et sportives, notamment autour de nos « Lions indomptables ».
L’argument massue qu’on brandit est le risque de perte d’emplois. Ce chantage à l’emploi n’a aucun sens d’autant plus qu’on peut rétorquer que les nouveaux opérateurs vont aussi en créer même si les proportions ne seront pas les mêmes. Il est d’ailleurs étonnant de constater que ceux qui s’indignent aujourd’hui ne l’ont pas été hier lorsqu’il s’est agi de détruire littéralement le service postal de l’Etat.
Que faire pour limiter la casse ?
Plutôt que de se plaindre, les dirigeants de cette société doivent comprendre que le parapluie-Rdpc qu’ils croyaient étanche est en train de prendre de l’eau de toute part. Qu’à défaut d’enlever les portraits de Paul Biya (qui n’ont pas été assez efficaces) dans leurs agences, il est temps de gérer cette grosse structure avec des moyens modernes.
Dans le contexte actuel, tant de personnes menacées par le chômage ne peuvent laisser sans réaction de véritables patriotes. Il est nécessaire de recruter des experts indépendants (vente, marketing, finances…) pour constituer une équipe « transverse », capable de réaliser rapidement un état des lieux et surtout de proposer des solutions susceptibles d’arrêter la saignée. C’est sans doute inimaginable et douloureux pour des gens qui ne savent pas que le prix d’un travail cérébral peut valoir cher ; mais c’est le prix à payer.
Pourquoi ne pas créer une filiale légère pour « concurrencer » les nouveaux entrants sur leur propre terrain ? Par exemple tirer profit de l’attractivité des boulangeries, des gros magasins… pour installer des équipes d’une ou deux personnes afin de faire, avec les réseaux Nexttel ou Camtel, ce que font Orange et Mtn ? Pourquoi ne pas mettre le paquet sur le service de nuit (Jusqu’à 22 h 30) ? Réfléchir sur des méthodes nouvelles pouvant éviter la queue devant les guichets ? Toutes les personnes derrière les guichets pourraient devenir des caissiers comme chez ses concurrents.
Les possibilités ne manquent pas. Au lieu d’attendre que le système corrompu mis en place par le Renouveau ne vienne au secours de sa société, Albert Kouinché doit se mettre au travail et solliciter enfin ceux qui peuvent lui permettre de sortir de l’impasse.
Article complémentaire :
Rdpc.
Les hommes d’affaires sont -ils obligés d’y adhérer ?
Les hommes d’affaires, ou ceux qui en tiennent lieu, rôdent depuis quelques temps le discours qu’ils serviront une fois le « Renouveau » hors d’état de nuire : « ils étaient obligés de militer au sein du parti au pouvoir ».
Croire que les Camerounais vont gober une telle explication ne peut germer que dans l’esprit des compatriotes, détruit par plus de trente années de gabegie entretenue par un des régimes les plus corrompus de l’histoire récente.
Les choses ne sont pas si simples
S’il est indéniable que lorsqu’on a réussi dans les affaires au Cameroun on ne peut s’attaquer impunément au Rdpc, il est néanmoins vrai que de nombreux hommes d’affaires ont su garder les distances envers le Rdpc.
Qui a vu les Latallé, Noutchogoing, Fokou, Quifeurou… briguer des postes au sein du parti au pouvoir ? Qui peut croire qu’ils n’aident pas financièrement ce parti lors des différences échéances électorales ?
En réalité, en ce qui concerne un homme d’affaires, une chose est de faire la politique et une autre est de venir occuper des postes de maire, de député…, alors même que de par la nature de ses activités, il ne peut pas défendre les intérêts des masses qui ont tendance à s’opposer à celle des dirigeants politiques.
Sur ce point, il est heureux que les Fotso Yves Michel hier, Albert Kouinché aujourdhui, expérimentent le fait d’être en disgrâce, malgré les efforts divers pour « mériter » le soutien d’un système par nature ingrat.
L’un des mérites du système Ahidjo était la cloison étanche entre les fonctionnaires, les politiciens et les hommes d’affaires. En laissant les uns empiéter sur les terres des autres, Paul Biya a instauré un système qui va broyer à court et moyen termes ses propres créatures.
Benjamin Zebaze