John Nixon est l’agent de la CIA qui a été désigné pour conduire
l’interrogatoire de l’ex-président irakien Saddam Hussein, dont le
livre John Nixon, Debriefing The President sortira le 29 décembre. L’agent a
décidé de sortir de sa réserve en se confiant à l’hebdomadaire dominical britannique The Sunday Mail.
John Nixon a avoué que tout ce qui a été rapporté sur Saddam Hussein «est totalement faux et sans fondement».
«L’interrogatoire a duré 27 heures, au point où je m’étais senti à
plat et extrêmement épuisé, mais, le plus grave, c’est le choc que
j’avais subi quand les vérités commençaient à émerger, rien à avoir avec
la version des faits contenus dans les rapports des différentes agences
de renseignements occidentales», a précisé cet agent de la CIA qui a
enfin décidé de parler, dix ans après l’exécution de Saddam Hussein.
Évoquant un homme «courtois et en bonne condition physique», John
Nixon insiste dans son ouvrage sur l’absence de fiabilité des
informations dont disposaient les services secrets américains. «Toutes
nos informations étaient fausses», déplore-t-il.
John Nixon estime que le développement de l’Etat islamique aurait été
impossible si le régime baasiste s’était maintenu. S’il condamne la
brutalité de Saddam Hussein, il dit être désormais sûr de l’absence
d’armes de destruction massive dans le pays.
«Je ne sais pas d’où vous tenez vos renseignement, mais ils sont
entièrement faux», s’amuse Saddam Hussein, tout en invalidant un certain
nombre d’éléments dont les Etats-Unis semblaient persuadés : des plus
anecdotiques, comme le fait que le président irakien ait cessé de manger
de la viande et de fumer (ce qui s’est révélé faux), jusqu’aux plus
sérieux, en ce qui concerne notamment la possession présumée d’armes de
destruction massive. «Utiliser des armes chimiques contre nos voisins ?
Nous n’avons jamais eu cette intention. Quel individu en pleine
possession de ses moyens ferait une chose pareille ?», s’indigne Saddam
Hussein, avant de conclure ironiquement : «Vous avez trouvé un traître
pour vous mener jusqu’à moi, mais pas un seul traître pour vous révéler
l’emplacement de ces armes ?»
Avec le recul, John Nixon admet que «l’Irak n’était pas un Etat
terroriste». Saddam Hussein est le premier étonné de se voir reprocher
d’entretenir des liens avec Al-Qaïda et Oussama Ben Laden. Affirmant que
George Bush a sciemment menti pour le renverser, Saddam Hussein met en
garde les Etats-Unis.
«Vous allez échouer. Vous allez découvrir qu’il n’est pas aisé de
gouverner l’Irak. Vous allez échouer parce que vous ne connaissez pas
notre langue, vous ignorez notre histoire et vous ne comprenez pas
l’esprit arabe», lui a confié le Raïs.
John Nixon admet rétrospectivement que le président irakien avait
partiellement raison et qu’il «aurait dû rester au pouvoir». «En dépit
de la brutalité de son régime, seul un homme de poigne tel que lui
pouvait tenir un Etat multiethnique comme l’Irak», explique-t-il.
Plus surprenantes sont les conclusions auxquelles il parvient,
lorsqu’il évoque le détachement avec lequel Saddam Hussein a gouverné
son pays dans les dernières années, de manière presque passive. «Il
était tout à fait ignorant de ce qui se passait dans son pays et ne
prêtait presque plus attention à ce que faisait son gouvernement»,
affirme l’ex-agent de la CIA.
Concernant l’imminence de l’attaque américaine, Saddam Hussein ne
semblait pas davantage préparé, ni militairement, ni politiquement : «Il
n’avait aucune appréciation de l’immensité de l’orage qui approchait»,
écrit John Nixon.
Bien au contraire, Saddam Hussein semble avoir cru que son pays et
les Etats-Unis se rapprocheraient dans le cadre d’une lutte contre le
terrorisme, au lendemain du 11 septembre. «Qui est derrière le 11
septembre ? Des saoudiens. Et le leader ? Un Egyptien. Pourquoi
serais-je impliqué ?» demande-t-il à son interrogateur. John Nixon, de
son côté, estime que le maintien de Saddam Hussein à la tête de l’Irak
aurait permis de conserver la stabilité, et sans doute endigué la
progression du terrorisme islamiste au Moyen-Orient.
Avec RT