La coalition des 14 partis de l’opposition a achevé jeudi trois
jours de manifestations à Lomé et dans
plusieurs villes du pays. Un
podium d'artistes a été la cible de tirs, à Lomé, mais, pour la première
fois depuis le début des mouvements de contestations, il n y a eu aucun
mort dans le pays. De nouvelles manifestations sont prévues la semaine
prochaine.
Gouvernement et opposition se sont montrés satisfaits à l’issue des trois jours de manifestations du « front démocratique »,
coalition de 14 partis politiques à l’origine du mouvement de
contestation dans le pays. Des milliers de Togolais ont manifesté dans
17 villes à travers le pays pour réclamer un retour à la Constitution de
1992. Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, l’une des principales figures
de la coalition, dresse un bilan « globalement positif du point de vue
de la mobilisation », soulignant que celle-ci témoigne de l’intérêt des
populations pour la lutte engagée par l’opposition contre Faure
Gnassingbé.
« Dans l’ensemble, les manifestations de la journée [de
jeudi, NDLR] se sont globalement bien passées. Et ce qui est encore
intéressant aujourd’hui : on a vu des manifestants faire des réprimandes
à d’autres qui dérapaient. Je pense qu’à cette allure, c’est la
démocratie dans notre pays qui gagne », s’est réjoui le ministre de la
Sécurité et de la protection civile.
Yark Damehane a néanmoins déploré quelques « incidents
mineurs », éviquant notamment un sit-in dispersé dans la banlieue nord
de la capitale.
Accrochages avec un convoi d’artistes engagés
Des informations abondamment relayées à la mi-journée sur
les réseaux sociaux ont fait écho à « l’attaque » d’un véhicule-podium
d’artistes engagés. Une attaque menée, selon les témoins présents sur
place et relayant des images des faits sur les réseaux sociaux, menée
par des hommes présentés comme appartenant aux forces de sécurité.
L’artiste Ras Sankara Agboka, annoncé décédé dans un premier
moment, a été retrouvé en fin de journée avec de nombreuses plaies,
notamment au visage.
Contacté par Jeune Afrique le rappeur Eric MC,
coordonnateur du Mouvement des artistes engagés pour le Togo , très
actif dans la contestation, a indiqué que Ras Sankara Agboka avait été
gravement blessé, mais qu’il est désormais hors de danger.
« Aux environs de 13 heures le convoi qui sillonnait les
rues pour mobiliser et galvaniser la population a été pris à partie par
un véhicule pick-up avec huit hommes armés à bord qui ont tiré sur le
car-podium », a expliqué le chanteur qui déplore l’utilisation d’« armes
avec des projectiles à billes » contre le convoi des artistes.
Le ministre de la Sécurité s’est montré réservé sur la
question, estimant qu’aucun cas de blessure par balles n’avait été
enregistré dans les hôpitaux ce jeudi.
L’opposition continue de poser des préalables à la tenue du
dialogue politique annoncé le 6 novembre par le gouvernement. Des
manifestations sont annoncées la semaine prochaine, toujours pour
réclamer le retour à la constitution de 1992, « véritable solution à la
crise togolaise », selon l’opposition.
Source:Jeune Afrique