L’économie chinoise change et les économies
africaines doivent
s’y adapter. Voilà l’enseignement que tire une étude
des économistes français de COFACE, le grand assureur crédit français.
Selon eux, la dépendance de l’Afrique vis-à-vis de la Chine ne fait
qu’augmenter et pour y pallier, les pays africains doivent diversifier
leurs économies.
En dix ans, entre 2006 et 2016 la Chine s’est imposée
comme le premier partenaire commercial de l’Afrique, devant les USA et
devant les ex-puissances coloniales. Pékin y achète surtout du pétrole
et des minerais. Or la crise pétrolière de 2014 l’a prouvée quand la
demande chinoise faiblit, l’Afrique souffre. Et si la demande chinoise
diminue, c’est d’abord parce que la structure de l’économie chinoise
change rapidement. Julien Marcilly économiste en chef de Coface :
« Non seulement la croissance chinoise va ralentir mais surtout,
les secteurs qui sont liés aux infrastructures et aux matières premières
sont davantage pénalisés en chine, que les secteurs liés à l'émergence
de la classe moyenne et donc à la consommation des ménages. Donc tout le
défi pour les pays émergents d'Afrique sub-saharienne, c'est d'arriver à
restructurer et changer leurs exportations pour davantage bénéficier de
ces secteurs porteurs en Chine et moins dépendre des secteurs moins
porteurs. »
Les pays africains doivent donc trouver d’autres produits que le
pétrole et les minerais à exporter vers la Chine afin d’atténuer les
chocs. Ruben Nizard, économiste à Coface a identifié plusieurs pistes :
« La première (piste) est toujours liée aux matières premières
mais cela va concerner les industries de transformation des matières
premières. Des produits transformés intéresseront davantage de pays que
la Chine. Les autres pistes concernent d'autres secteurs que les métaux
et les minerais, mais elles sont aujourd'hui encore relativement
faibles. On en trouve dans le secteur de l'industrie forestière, elles
concernent aussi les matières premières agricoles. On a identifié
notamment le tabac, le sésame, le millet comme étant des produits très
recherchés par la classe moyenne chinoise, mais là aussi s'il y a une
structuration cela servirait mécaniquement la diversification. »
Certains pays comme l’Ethiopie font le pari de devenir des zones de
délocalisation pour l’industrie chinoise et créent des hubs
manufacturiers. Est-ce un exemple à suivre et une stratégie payante ?
Réponse de Julien Marcilly :
« A ce stade oui bien sûr mais c'est vraiment une dynamique de
long terme. Donc il ne faut pas croire que cela aura un impact très
significatif sur la croissance de ces pays à court terme, mais bien sûr
cela fait partie d'une stratégie de développement. »
L’Afrique est le continent le plus dépendant de la Chine, juste
devant l’Amérique latine. Et pour transformer cette dépendance en atout,
les états africains doivent exporter des produits transformés, sous
peine de subir constamment les ajustements de l’économie chinoise.
Par
Olivier Rogez
RFI