
Donald Trump a affirmé plus d'une fois suivre de près la situation en
RDC. Ce pays traverse une
nouvelle crise politique suite à la non tenue des elections en 2016.
nouvelle crise politique suite à la non tenue des elections en 2016.
L'actuel président américain n’a pas hésité à exprimer sa
préoccupation sur la crise congolaise quelques jours après son élection
en 2016. Bien que critiqué au début pour le peu d’intérêt montré pour
l’Afrique, le nouveau président américain semble faire de la RDC un des
points d’articulation de sa politique africaine.
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"Nous sommes profondément perturbés par la violence en cours au
Soudan du Sud et au Congo [RDC] et surveillons étroitement la
situation“, a déclaré Donald Trump lors d’une réunion de déjeuner le 20
septembre 2017 avec des dirigeants africains en marge de l’Assemblée
générale des Nations Unies.
La visite de l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki
Haley, à Kinshasa la semaine dernière, illustre cet intérêt américain en
la matière. Les Etats-Unis ont, par la voix de Mme Haley, exigé que les élections se tiennent en 2018.
Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux
affaires africaines, confirme à VOA Afrique que l’intérêt de
l’administration Trump est grand sur la question congolaise. Il estime
que la politique de son pays en vers l’Afrique et en particulier envers
la RDC n’a pas changé depuis le président Obama.
"Le Bureau des affaires africaines est dans les bonnes mains, ils ont
donné des recommandations. Les sénateurs, aussi. Presque tout le monde
dans le gouvernement des Etats-Unis, soit le parlement soit
l’administration, est d'accord que le président Kabila doit partir, doit
quitter le pouvoir. Il faut qu’il y ait une élection démocratique. La
politique n’a pas vraiment changé depuis Obama," souligne M. Cohen.
Mme Haley a notamment discuté de la question avec le président Joseph
Kabila, l’opposition politique, les évêques catholiques médiateurs au
dialogue politique congolais et le président de la Commission électorale
nationale indépendante (Céni).
Sa position ferme met la pression sur la Céni et les autorités
congolaises qui, elles, avaient, quelques jours avant sa visite, indiqué
avoir besoin de 504 jours à la fin de l’enrôlement en cours pour
arriver au jour du scrutin. En d’autres termes, les élections devraient,
selon elles, avoir lieu en mi-2019.
Mme Haley a, au nom de son pays et de la communauté internationale,
demandé la mise en application de l’accord politique signé le 31
décembre 2016. Selon cet accord, le gouvernement et le Conseil de suivi
dudit accord (CNSA) doivent être dirigés par l’opposition et les
élections, tenues avant fin 2017.
Les Etats-Unis insistent sur l'application de l'accord bien que le
président Kabila ait nommé Bruno Tshibala, comme Premier ministre et
Joseph Olenghankoy, comme président du CNSA, tous deux débauchés de
l'opposition qui n'est pas d'accord et accuse M. Kabila d'avoir violé
l'accord.
Hasard ou juste un oubli ? La représentante américaine n'a pas, lors
de sa visite, rencontré le Premier ministre et le président du CNSA.
L'accord politique de décembre 2016 permet une transition jusqu’aux
élections qui n’ont pas pu se tenir en 2016 comme le prévoit la
Constitution. Le mandat du président Kabila, au pouvoir depuis 2001, a
expiré le 19 décembre 2016 et la Constitution lui interdit de se
représenter pour avoir dirigé le pays pendant plus de deux mandats.
Réaliste, Mme Haley s’est tout de même montrée souple quant au
respect de l’échéance de la fin de l’année pour les élections, tenant en
compte des événements survenus au cours de l’année comme les violences
qui ont retardé l’enrôlement dans le Kasaï.
Plus de 3.000 personnes ont été tuées dans cette région, selon
l'Église catholique, plus de 80 fosses communes dénombrées et 1,4
million de déplacés enregistré, selon l’ONU.
Deux experts onusiens parmi lesquels un ressortissant américain ont également été tués.
Les Etats-Unis ont beaucoup critiqué les autorités congolaises à ce
sujet, exigeant une enquête indépendante et complète alors que Kinshasa
se cramponne sur des enquêtes de ses magistrats et le procès déjà en
cours.
Mme Haley avait haussé le ton au Conseil de sécurité à ce sujet.
Pour elle, il est inadmissible que l’assassinat de deux experts
onusiens se termine dans un tiroir de la bureaucratie congolaise.
Elle est même revenue dessus après l’élection de la RDC au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Pour elle, l'élection de la RDC est "une preuve de plus du manque de
crédibilité du Conseil des droits de l'Homme et de la nécessité de le
réformer afin de le sauvegarder".
La RDC "connue pour sa répression politique, sa violence faite aux
femmes et aux enfants, ses arrestations et détentions arbitraires, ses
homicides et disparitions illégales, a été élu pour travailler au sein
de l'institution la plus importante pour les droits de l'Homme",
a-t-elle fulminé.
Mme Nikki a également interpelé les autorités congolaises à ce sujet
lors de sa récente visite, leur demandant notamment de tout faire pour
que des centaines des milliers déplacés qui vont d’un lieu à un autre
depuis une vingtaine d’années regagnent leurs milieux d’origine en toute
sécurité et sans craindre d’être à nouveau violées, pour les femmes.
La tenue des élections en est, selon elle, la principale partie de la solution.
"Chaque jour que les élections ne sont pas organisées, c’est les
femmes qui sont violées, les enfants qui sont enrôlés dans les groupes
armés. C’est important d’organiser les élections en 2018. Si les
élections ne sont pas organisées en 2018, la RDC ne pourra pas compter
sur l’appui de la communauté internationale et celui des USA," a martelé
Mme Halley au sortir de sa rencontre avec Corneille Nangaa, président
de la Céni.
Les déclarations de Mme Haley, porte-voix de Donald Trump, traduisent
mieux la politique de Trump car elle a récemment déclaré à la presse
américaine, dans une interview à CNN notamment, qu’elle devrait assumer
des fonctions plus importantes au sein de l’administration actuelle.
L’administration Trump est aussi poussée par des Sénateurs et autres
groupes de pression américains. Sept membres du Congrès américain ont
récemment demandé à Trump de nommer un ambassadeur pour la RDC et plus
de sanctions sur Kinshasa en vue des élections et du respect de l’accord
politique.
La Ceni a publié le 5 novembre 2017 un calendrier électoral qui
prévoit au 23 décembre 2018 l’élection présidentielle couplée aux
législatives nationales et provinciales contrairement à sa déclaration
précédente.
"Mme Haley a dit qu’il faut qu’il y ait l’élection dans l’année
2018. Comme c’est tard, c’est une déception. Je crois que Mme Haley a
tracé une ligne rouge. Il faut qu’il y ait élections démocratiques. Il
ne faut pas que le président Kabila se représente comme candidat. Et il
faut que tout le monde soit éligible y compris les prisonniers
politiques, les gens comme Moïse Katumbi qui sont en exil. Et s’il y a
encore un glissement, il y aura des sanctions au plus haut niveau,"
précise à VOA Afrique M. Cohen.
Les États-Unis ont demandé mardi au président congolais Joseph Kabila
de "quitter le pouvoir après les élections" annoncées pour décembre
2018, dans un communiqué du département d'État relayé par l'ambassade à
Kinshasa saluant la publication de ce calendrier électoral.
"Les États-Unis notent qu'il importe au président Kabila de respecter
la Constitution de la RDC, tel que réaffirmé dans l'accord de la Saint
Sylvestre, de ne pas chercher à exercer un troisième mandat et de
quitter le pouvoir après les élections", selon le communiqué dans une
référence à l'accord pouvoir-opposition du 31 décembre 2016, qui
prévoyait des élections d'ici décembre 2017.
VOA Afrique