© Sergio Perez
Mardi à Barcelone, des partisans de l'indépendance, avec masques et
bannières à
l'effigie du président destitué, se sont rassemblés devant
le parlement catalan.
L'investiture du président de région prévue mardi est repoussée. La
situation reste bloquée tant sur le plan juridique, avec
l'intransigeance des juges et de Rajoy, qu'au niveau politique, avec la
désunion du camp indépendantiste.
Le 30 janvier devait être le Jour J, l’heure de vérité,
le moment où Carles Puigdemont allait retrouver son siège de président
de la Catalogne dont le pouvoir central, à Madrid, l’a chassé le 30
octobre. A l’arrivée, il n’y a pas eu d’investiture mardi. L’élection du
président régional par les députés est repoussée à une date non encore
fixée, même si Puigdemont reste le seul candidat.
Les
indépendantistes, majoritaires dans l’assemblée, et en particulier le
président du Parlement, Roger Torrent, n’ont pas trouvé le moyen de
sortir de l’imbroglio politico-juridique dans lequel les place
l’entêtement du président démis. Réfugié volontaire à Bruxelles depuis
trois mois, pour fuir les poursuites de la justice espagnole, il a
insisté pour être intronisé par n’importe quel moyen. Mais sa présence
par vidéoconférence a été exclue par le Tribunal constitutionnel, et le
candidat ne veut pas prendre le risque d’un retour en Espagne, synonyme
quasi certain de mise en détention.
«Travail bâclé»
Dans la matinée, le président de l’Assemblée s’en était pris au Tribunal constitutionnel, qualifiant de «travail bâclé»
sa décision d’invalider tout vote en faveur d’un candidat absent de
l’hémicycle, et obligeant Puigdemont à demander au juge de la Cour
suprême chargé de l’enquête qui le vise l’autorisation de comparaître
devant la chambre. L’ex-président a «tous les droits» d’être réélu, puisque sa candidature est le fruit «d’une volonté majoritaire des élus de la chambre», a ajouté Roger Torrent. Il a ensuite expliqué que l’ajournement avait pour but de défendre la tenue d’un débat avec «toutes les garanties» pour Puigdemont, autrement dit, sans risque d’arrestation.
La
position du président de l’Assemblée, député de la composante de gauche
du séparatisme, a provoqué la colère de ses deux alliés : le parti de
Puigdemont (droite libérale) s’est plaint de pas avoir été consulté, et
les anticapitalistes de la CUP ont exigé que Torrent rectifie son «erreur».
Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés dans l’après-midi
devant le Parlement, dans le parc de la Ciutadella à Barcelone,
bousculant les barrages de Mossos de Escuadra, la police régionale,
aujourd’hui placée sous les ordres de Madrid. Certains portaient des
masques à l’effigie du président déchu.
Toison d’or
Comment
débloquer la situation ? Pour Xavier Domènech, leader de Catalunya en
Comu, le parti allié à Podemos, la seule solution serait le choix par
les séparatistes d’un autre candidat à la présidence. Ce qui reviendrait
à abandonner à son sort Carles Puigdemont et les quatre ministres qui
l’accompagnent dans sa retraite bruxelloise.
La note surréaliste de la journée est venue de Madrid, où le roi
Felipe VI a profité de son anniversaire (50 ans) pour décorer sa fille
aînée, l’infante Leonor, de l’ordre de la Toison d’or. La gamine de
12 ans n’a pas, que l’on sache, rendu le moindre service au royaume,
mais cette cérémonie protocolaire et moyenâgeuse entérine son statut
d’héritière du trône.