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Les chefs d’État et ministres des Affaires
étrangères de l’Afrique australe (SADC) et de la région des
Grands Lacs
(CIRGL) étaient réunis à Brazzaville, ce 26 décembre, pour examiner la
situation en RDC. Ils devraient dépêcher une délégation à Kinshasa le 27
décembre.
Le communiqué final rédigé au terme de la
conférence commune sur la situation en RDC, lu au Palais du peuple de
Brazzaville, ce 26 décembre, est relativement sobre. Les chefs d’État y
expriment leur « vive préoccupations face aux actes de violence qui ont
émaillé la campagne électorale dans certaines localités du pays et qui
sont de nature à compromettre la sérénité des élections », avant de «
prendre acte » du report du scrutin au 30 décembre.
Les termes employés masquent cependant la réalité d’un sommet au
format inhabituel, assez hostile vis-à-vis de la RDC. Les représentants
des deux entités sous-régionales (SADC et CIRGL) étaient en effet réunis
à Brazzaville, pour discuter de la situation à Kinshasa, sans que le
gouvernement congolais n’y soit représenté.
Le courant ne passe pas
Invité la veille, en fin d’après-midi, le président congolais Joseph
Kabila y a en effet vu une mauvaise manière et n’a pas honoré
l’invitation – ni envoyé quiconque pour le représenter. La liste des
chefs d’État présents a peut-être contribué à l’en dissuader. Tous, en
effet, se montrent à des degrés divers critiques envers l’actuel
gouvernement congolais.
Outre l’hôte du sommet, Denis Sassou Nguesso, avec qui le courant ne
passe pas, étaient présents le Namibien Hage Geingob, président en
exercice de la SADC, qui a récemment reçu les opposants Moïse Katumbi et
Jean-Pierre Bemba à Windoek ; le Zambien Edgar Lungu, qui a écrit,
mi-décembre, à son homologue congolais pour exprimer son « inquiétude »
et sa « tristesse » quant aux violences préélectorales ; le Botswanais
Mokgweetsi Masisi, dont le prédécesseur, Ian Khama, avait demandé à
Joseph Kabila de se retirer ; et l’Angolais João Lourenço, qui ne parle
plus à Joseph Kabila depuis deux mois.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, à peine plus tendre, a
fait demi-tour alors qu’il était en vol. Officiellement, il s’agissait
d’un problème technique. Mais dans l’assistance, on le soupçonne de
complaisances vis-à-vis de Joseph Kabila. Le Rwanda était représenté
par son ministre des Affaires étrangères, Richard Sezibera ; et
l’Ouganda par son chargé d’affaire à Kinshasa.
Interventions tranchées
La réunion s’est ouverte vers 12h45, soit quelques minutes après
l’annonce, par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni)
congolaise, d’un nouveau report du scrutin dans trois circonscriptions du pays.
Durant le huis clos, l’ambiance était tranchée, et critique envers
Joseph Kabila. Selon un participant, Lungu, Masisi et Geingob – et, dans
une moindre mesure, Sassou Nguesso – se sont montrés particulièrement
critiques, autour de la grande table ronde. Le président Joseph Kabila
s’est notamment vu reprocher son manque de communication, ou encore son «
mépris » à l’égard de ses voisins. Lourenço, quant à lui, est resté
mutique.
Ambiance glaciale
Les chefs d’État présents ont décidé de dépêcher une délégation à
Kinshasa, jeudi 27 décembre, pour informer Joseph Kabila de leurs
conclusions. Celle-ci doit être composée des ministres des Affaires
étrangères du Congo-Brazzaville et de la Zambie.
On imagine que l’ambiance de la rencontre s’annonce glaciale.
Par jeune afrique