L'application de rencontre est gratuite –mais les utilisateurs qui
souscrivent à un abonnement
premium disposent de quelques avantages.
Ainsi, les abonnés à Tinder Plus peuvent annuler leurs «swipes»
et disposent de «likes» illimités –contre 100 likes toutes les 12
heures pour la version gratuite. (En cas de mal d’amour un peu plus
désespéré, les abonnés peuvent même utiliser cinq «superlikes» de plus
par jour pour signifier aux élus de leur cœur qu’ils sont «vraiment»
séduits).
Problème. Un Californien, Allan Candelore, a estimé
que le fait de facturer les utilisateurs les plus âgés 19,99 dollars,
contre 9,99 dollars pour les plus jeunes, violait deux lois de son État:
l’Uruh Civil Rights Act et l’Unfair Competition Act. La cour lui a
donné raison.
Les budgets des jeunes «plus serrés»
Le co-fondateur de Tinder Sean Rad a défendu ces tarifs lors d’une intervention à l’occasion du TechCrunch Disrupt,
affirmant que les personnes de moins de 30 ans possédaient généralement
moins d’argent que leurs aînées. Le tarif réduit avait donc selon lui
pour but d’augmenter le nombre de jeunes pouvant se permettre de
s'abonner au service premium. Rosette Pambakian, porte-parole de Tinder,
a présenté les choses sous le même angle lors d’une interview accordée à NPR en 2015 (peu après le lancement de Tinder Plus):
«Nous
avons constaté –sans surprise– que Tinder Plus enthousiasme les jeunes
utilisateurs tout autant que les autres, mais que leurs budgets sont
plus serrés et qu’il faut leur proposer des tarifs plus bas pour qu’ils
se laissent tenter.»
Tinder soutient que ses pratiques ne sortent
pas de l’ordinaire, et que d’autres entreprises proposent des tarifs
différents en fonction de l’âge des clients. Amazon et Apple Music
proposent ainsi des abonnements réduits aux étudiants qui s’inscrivent
avec une adresse mail universitaire –mais les étudiants ne sont pas
toujours jeunes; il est possible de reprendre ses études à tout âge.
Outre
le tarif lié à l’âge, Tinder module le prix de son abonnement Plus en
fonction du lieu de résidence de ses utilisateurs. Dans certains pays en
développement, l’abonnement peut être facturé 2,99 dollars par mois,
bien moins cher donc qu'aux États-Unis.
Collés-serrés (pour tous)
La
cour d’appel n’a pas été sensible aux arguments de Tinder. Elle a fait
valoir que tous les utilisateurs de l’application étaient susceptibles
de connaître des difficultés financières, et que les personnes plus
âgées ne devaient donc pas payer plus.
«Quoi que disent les études
de marché de Tinder des revenus relatifs des jeunes utilisateurs et de
leur volonté de souscrire à ce service, en tant que groupe, comparés à
la cohorte plus âgée, certains individus échappent à la norme, écrit le
juge William F. Highberger. Certains consommateurs de plus de trente ans
disposent d’un “budget plus limité” et sont donc moins disposés à payer
que certains consommateurs moins âgés. Nous concluons que la grille
tarifaire discriminatoire […] opère une généralisation (arbitraire et
fondée sur la classe) des revenus des utilisateurs plus âgés pour leur
imposer des prix plus élevés.»
Tinder est certes un lieu très
prisé par la jeunesse, mais le juge Highberger a prouvé qu’il serait
bien dommage d’exclure les personnes plus âgées. Dans son jugement, le
magistrat de presque 70 ans n’a pas résisté à l’envie de faire la
plaisanterie que tout le monde attendait:
«Attendu que la plainte
n’est pas parvenue à prouver qu’une politique publique forte justifiait
ces tarifs présumés discriminatoires, nous estimons que la cour de
première instance a fait erreur en donnant raison aux plaignants. Par
ces motifs, la cour swipe à gauche et infirme le jugement.»
Superlike.