Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a décerné à Ri Sol-ju le
titre de «première dame» avant
les deux sommets successifs avec la Corée
du Sud et les États-Unis.
C'est la première fois en 40 ans que cette formule est utilisée en
Corée du Nord. Kim Jong-un vient de décerner à son épouse, Ri Sol-ju, le
titre de «première dame». Le terme a été repris par les médias
officiels à l'occasion d'une première apparition publique de Ri Sol-ju,
qui assistait au ballet d'une troupe chinoise. La présentatrice star de
Corée du Nord, Ri Chun-hee, à qui revient souvent l'honneur d'annoncer les grandes nouvelles,
a mentionné l'événement à la télévision, renforçant encore son rang. Ri
était accompagnée des hauts responsables nord-coréens que l'on voit
souvent aux côtés de Kim Jong-un, dont sa sœur cadette Yo-jong.
L'appellation «première dame» avait été réservée pour la dernière fois à
Kim Song-ae, la seconde épouse du fondateur de la Corée du Nord, Kim
Il-sung, en 1974.
Ri Sol-ju, considérée comme une femme
d'influence, jouait jusqu'ici le rôle limité de l'épouse chic du leader
d'une Corée du Nord profondément patriarcale. Les médias officiels la
qualifiaient de «camarade». Cette prise de galon pourrait participer des
efforts du pays pour ressembler à un «État normal» avant les sommets
avec le président sud-coréen, Moon Jae-in, et son homologue américain,
Donald Trump. «La promotion de Ri Sol-ju, c'est la stratégie marketing
la plus efficace», commente An Chan-il, transfuge nord-coréen et
chercheur à l'Institut mondial des études nord-coréennes. Il relève que
celle-ci accompagnait déjà son époux à Pékin le mois dernier pour sa
première visite à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir fin 2011.
Une mystérieuse épouse
Le
mystère autour de Ri est soigneusement entretenu par le régime
nord-coréen. Dans ses quelques apparitions publiques, la jeune femme
fait montre d'un certain goût pour la mode et porte des vêtements de
luxe. Cette ancienne chanteuse aurait 29 ans. D'après le renseignement
sud-coréen, elle serait issue d'une famille ordinaire, d'un père
enseignant et d'une mère médecin. Ancienne membre de l'orchestre Unhasu,
elle aurait poursuivi, d'après la presse, des études musicales en
Chine. Elle était de l'escouade de pom-pom girls dépêchée au Sud en 2005
pour une compétition sportive internationale. Ri Sol-ju se serait
mariée avec Kim Jong-un en 2009. Elle aurait donné naissance à leur
premier enfant l'année suivante, deux autres naissances auraient suivi
en 2013 puis 2017.
À la différence de son père, Kim Jong-un est
régulièrement accompagné par son épouse ou sa sœur. Il a dépêché cette
dernière aux Jeux olympiques organisés cet hiver au Sud. Son mariage
semble aussi différent. Lors d'une rencontre avec une délégation
sud-coréenne à Pyongyang, Ri a parlé de «son mari» ou a encore gloussé
quand un Sud-Coréen a suggéré qu'il arrêtait de fumer, selon le
quotidien japonais Asahi Shimbun. La mère de Kim Jong-un, Ko
Yong-hui, était, elle, reléguée en coulisses pendant les 28 ans de son
mariage avec Kim Jong-il. «Je crois que le traumatisme de Kim, d'avoir
vu sa mère vivre dans l'ombre, est un facteur», juge Shin Beom-chul,
analyste à l'Institut Asan pour les études politiques. Morte en 2008,
elle n'a eu le droit à une tombe qu'après l'arrivée de son fils au
pouvoir.
Le Figaro Avec AFP