
"C'était un très bon enfant jusqu'à ce que ce qu'il rencontre des gens qui lui ont lavé le cerveau", assure-t-elle. Ses demi-frères ne sont pas aussi indulgents.
NTERNATIONAL - Pour la première fois depuis presque 17 ans, la mère d'Oussama Ben Laden prend la parole publiquement. Dans un entretien exclusif au Guardian, diffusé ce vendredi 3 août, Alia Ghanem revient sur le parcours de son premier enfant avant qu'il ne crée Al-Qaïda et ne revendique les attentats du 11-Septembre.
Installée dans une demeure de Djeddah, en Arabie saoudite, qui
appartient à la famille depuis des générations, cette femme âgée de plus
de 70 ans répète au milieu de photos encadrées de son fils, que
"c'était un bon garçon qui l'aimait beaucoup", écrit le quotidien
britannique qui a réussi à obtenir l'accord du gouvernement local pour
mener cette interview.

Selon sa mère, le leader du groupe terroriste -abattu par les
États-Unis en 2011- se serait radicalisé quand il avait environ 20 ans,
alors qu'il entrait à l'université pour étudier l'économie. "Les gens de
l'université l'ont changé. Il est devenu un homme différent. C'était un
très bon enfant jusqu'à ce que ce qu'il rencontre des gens qui lui ont
lavé le cerveau. On peut appeler ça une secte. Je lui disais de se tenir
à l'écart mais il ne me racontait jamais ce qu'il faisait parce qu'il
m'aimait tellement", assure-t-elle.
Ensuite est arrivé Oussama le moudjahidHassan ben Laden
Le long entretien, qui s'est déroulé sous la surveillance d'un
émissaire du gouvernement resté silencieux, offre une point de vue moins
indulgent. Plusieurs des demi-frères du terroriste sont plus mesurés
dans le portrait qu'ils dressent de l'aîné. "Tous ceux qui le
rencontraient le respectaient. Au début nous étions très fiers de lui.
Même le gouvernement saoudien le traitait de façon très respectueuse et
noble. Et ensuite est arrivé Oussama le moudjahid", explique l'un d'eux.
"Je suis fier de lui en tant que frère aîné. Il m'a appris beaucoup.
Mais je ne pense pas être très fier de lui en tant qu'homme. Il est
devenu mondialement célèbre, et c'était pour rien".
Assurant encore que son fils "adorait l'école" et avait de bonnes
notes, Alia Ghanem assure qu'il ne lui a jamais traversé l'esprit
qu'Oussama deviendrait un terroriste. "Nous étions dévastés (quand nous
l'avons appris). Je ne voulais rien de tout ça. Pourquoi est-ce qu'il
gâcherait tout comme ça?" dit-elle en se rappelant l'avoir vu pour la
dernière fois en 1999, "très content de l'avoir invitée" sur une base
d'Afghanistan où il travaillait.
Elle est encore dans le déniAhmed ben Laden
Une fois la mère absente de la pièce, les demi-frères présents
continuent de relativiser ses propos, expliquant qu'une mère n'est
jamais très objective. "Cela fait maintenant 17 ans (depuis le
11-Septembre) et elle est encore dans le déni. Elle l'aimait tellement,
elle refuse de le tenir responsable. Pour elle, ce sont les autres
autour qui sont coupables. Elle ne voit que le bien en lui, elle n'a
jamais vu le jihadiste en lui".
La page était-elle en tout cas tournée? La mère d'Oussama Ben Laden
voit encore très régulièrement les quatre épouses de son fils. La
toujours influente famille, qui a longtemps été sous très haute
surveillance du gouvernement, peut de nouveau voyager presque librement.
Mais le Royaume n'est jamais très loin comme le montrent les conditions
de l'interview, note le Guardian.
L'ombre du créateur d'Al-Qaïda reste pourtant bien présente. Ses
demi-frères s'inquiètent pour l'un des fils d'Oussama, Hamza. Âgé de 29
ans, il semble vouloir suivre les traces de son père.
"On pensait que tout le monde était passé à autre chose et sans qu'on
s'y attende il nous a dit 'je vais venger mon père'. Je ne veux pas
revivre ça. S'il était en face de moi je lui dirais qu'il va ouvrir
d'atroces parties de son âme et qu'il devrait réfléchir à deux fois à ce
qu'il fait".
Source: huffingtonpost.fr