Leur dîner de travail, à la fin du G20 de Buenos Aires, a été fructueux. Après deux heures d'échanges,
l'Américain Donald Trump et le Chinois Xi Jinping ont décrété une « trêve », samedi 1er décembre 2018, dans le conflit commercial qui oppose leurs deux pays. Des engagements ont été pris de part et d'autre.
Après
un dîner de plus de deux heures, en présence de leurs conseillers,
MM. Trump et Xi ont décidé de mettre de l'eau dans leur vin, alors que
la guerre commerciale qu'ils se livrent menace la croissance mondiale.
Selon le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, les deux
présidents ont « trouvé un accord pour mettre fin à la mise en œuvre de nouveaux droits de douane ».
Selon
le vice-ministre du Commerce, Wang Shouwen, Washington renonce en fait à
porter de 10% à 25% les droits de douanes sur 200 milliards de dollars
d'importations chinoises, soit la moitié du total, à partir du 1er
janvier prochain. Mais la présidence américaine a fait savoir que cette
décision n'était que suspendue pour un temps donné, plus précisément
pour une durée de 90 jours.
Dans ce délai, si la République populaire de Chine et les Etats-Unis d'Amérique n'arrivent pas à s'entendre sur des « changements structurels » dans leurs relations commerciales, notamment au sujet des transferts « forcés » de technologie et de la propriété intellectuelle, « les droits de douane de 10% seront portés à 25% », a averti dans un communiqué la Maison Blanche.
La Chine promet de tendre vers l'équilibre commercial avec les Américains
Selon Washington, Pékin s'est d'ailleurs engagé à acheter une quantité « pas encore définie, mais très substantielle »
de produits américains, histoire de résorber l'énorme déficit
commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. De quoi faire dire au
président Trump qu'il s'agissait d'une « réunion incroyable et productive ouvrant des possibilités illimitées pour la Chine et les Etats-Unis ».
Pékin pourrait commencer « immédiatement »
à se fournir en produits agricoles, et les Chinois auraient promis de
durcir la répression contre le trafic de fentanyl, un opiacé synthétique
produit en Asie et considéré comme 30 à 50 fois plus puissant que
l'héroïne, 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. Ces drogues et
leurs équivalents ont tué 28 000 Américains en 2017.
Enfin, le numéro un chinois s'est dit « ouvert »
à l'idée d'une fusion géante dans le secteur des semi-conducteurs si
elle devait lui être à nouveau soumise. Il s'agit du rachat du
Néerlandais NXP par l'Américain Qualcomm. Un projet de plus de 40
milliards de dollars, bloqué par les autorités de régulation chinoises.
Ce veto est perçu comme une mesure de rétorsion contre l'offensive sur
les droits de douane.
Sur les problèmes de fonds, la Chine est-elle vraiment prête à négocier ?
Compte tenu du contexte, cette trêve est bienvenue, commente notre correspondant à Shanghai, Simon Leplâtre.
Car la crainte d’une escalade des sanctions pesait sur l’économie en
cette fin d’année 2018, surtout côté chinois, mais aussi sur certaines
entreprises américaines exposées aux marché chinois, comme les
constructeurs automobiles.
Ces 90 jours ne seront pas de trop, car
les conflits sont nombreux : défense de la propriété intellectuelle,
transferts de technologies, accès au marché chinois... Les Etats-Unis
reprochent à la Chine ses pratiques anticoncurrentielles, alors que la
Chine se présente comme un pays toujours en développement, et qui a donc
encore besoin de mesures protectionnistes.
C’est là que le bat
blesse : la Chine a promis qu’elle achèterait plus de produits
américains, mais sur les problèmes de fonds, qui remettent en cause son
modèle de développement, elle est est beaucoup moins prête à négocier.
Or, si les deux principales puissances économiques de la planète ne
parviennent pas à un accord d’ici trois mois, Washington a déjà prévu de
taxer 200 milliards de produits chinois.
Par RFI