"La colère va se transformer en haine", écrit le groupe "la France en colère". Leur lettre devrait être lue samedi, nouvelle journée de mobilisation des "gilets jaunes".
La lettre se veut une réponse aux vœux d'Emmanuel Macron
le 31 décembre. Elle a été diffusée jeudi 3 janvier par le groupe
Facebook "la France en colère", un collectif lancé par Eric Drouet et
Priscillia Ludosky. Elle devrait être lue sur le parvis de l'Hôtel de
Ville de Paris, samedi 5 janvier, lors de l'acte 8 de la mobilisation.
Le texte s'adresse directement au chef de l'Etat :
"La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux, des sans-dents, des gens qui ne sont rien".
Dans ses vœux, Emmanuel Macron avait fustigé ceux qui "prennent pour
prétexte de parler au nom du peuple" mais qui ne sont "que les
porte-voix d'une foule haineuse".
La lettre rejette la responsabilité des violences sur les forces de l'ordre :
"Vous dénoncez maintenant, lors de vos vœux, des excès, des débordements ? Vous parlez sans nul doute des exactions de vos forces de l'ordre à l'égard des citoyens."
De nouvelles mesures réclamées
Non satisfaits des 10 milliards d'euros de dépenses supplémentaires
prévus dans le budget de 2019 pour soutenir le pouvoir d'achat, ils
demandent de nouvelles mesures :
- "la mise en place d'une baisse significative de toutes les taxes et impôts sur les produits de première nécessité"
- "une baisse significative de toutes les rentes, salaires, privilèges et retraites courantes et futures des élus et hauts fonctionnaires d'état".
Ce groupe demande aussi la nomination d'une "personnalité
respectable" pour "commencer les discussions [...] autour de la reprise
de souveraineté du peuple".
"Trouvez donc une personnalité respectable qui n'ait pas été visée
par des enquêtes judiciaires, qui n'ait été politisée en aucune façon,
qui n'ait pas été l'objet de polémiques et qui soit sans reproches et
non corrompue par le système financier", détaille ce collectif.

Mobilisation en chute libre
La mobilisation des "gilets jaunes" a nettement décru ces dernières semaines,
mais de nouveaux appels à manifester samedi sur "les places
symboliques" à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Besançon,
Clermont-Ferrand ou Nice, ont été lancés ces derniers jours sur les
réseaux sociaux.
Dans la capitale, les "gilets jaunes" sont invités à se rassembler
place de l'Hôtel de ville à 14 heures, avant de marcher jusqu'à
l'Assemblée nationale.
Selon les rapports des forces de l'ordre, mentionnés par Europe 1,
la mobilisation des "gilets jaunes" marque le pas. Seulement 2.000
personnes restent mobilisées au quotidien sur le bord des routes et aux
ronds-points, un chiffre très éloigné des 230.000 manifestants du
premier samedi de mobilisation.
Les actions, sporadiques, sont le fait de petits groupes mobilisés
quelques heures, notamment au niveau du dépôt pétrolier de
Grand-Quevilly (Seine-Maritime), ou bien à des sorties de péages, comme
l'A7, l'A8 et l'A9 dans le sud de la France, où la contestation reste
plus présente.
Après avoir annoncé le 10 décembre des mesures sociales et un débat national,
Emmanuel Macron a adopté un ton offensif lors de ses vœux pour la
nouvelle année, en appelant à "l'unité retrouvée" et en affirmant que
"l'ordre républicain sera assuré sans complaisance" face aux violences.
Une majorité de Français
(55%, +1 point) souhaite que le mouvement des "gilets jaunes" se
poursuive et l'amélioration du pouvoir d'achat est désormais en tête des
attentes pour 2019, selon un sondage Odoxa Dentsu consulting publié
jeudi. 45% des 1.004 personnes interrogées souhaitent au contraire que
le mouvement s'arrête, soit un point de moins que lors d'une enquête
réalisée début décembre.
Par L'Obs