
Suite à la multiplication des attaques dans l’ouest, le nord et l’est du
pays, les provinces classées
« zones rouges » par le Quai d’Orsay ne
cessent d’augmenter.
Les attentats, qui se succèdent depuis 2015 au Burkina Faso,
se sont encore accélérés ces dernières semaines, au point que la liste
des provinces classées « zones rouges » couvre une bonne partie du pays.
La nouvelle carte d’évaluation des risques, actualisée le 4 février par
le ministère des affaires étrangères français, illustre en effet cette
dégradation.
« La tension est brutalement montée ces derniers jours dans les régions du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est », indique France Diplomatie. La frontière malienne, et désormais toute la région du Sahel burkinabé et de l’Est, sont désormais « formellement déconseillés » aux ressortissants français. Le Centre-Nord et une large partie du Sud-Ouest sont également « déconseillés sauf raison impérative », le Quai d’Orsay ajoutant que « le risque d’enlèvement est très élevé, ce risque étant croissant à mesure que l’on se rapproche des zones frontalières ».
Enlèvements, assassinats ciblés, axes minés…
Dans le milieu des expatriés, la tension monte à mesure que la menace se rapproche de plus en plus autour de Ouagadougou. « Aujourd’hui,
on pense davantage au risque de kidnapping, on doit repenser nos
déplacements hors de la capitale. A l’époque, quand je me suis installé
ici, personne ne parlait de terrorisme », s’attriste un membre de la communauté française installé au Burkina Faso depuis 1998.
L’enlèvement
d’un Canadien le 15 janvier sur un site minier dans l’est du pays,
retrouvé mort quelques jours plus tard, a marqué les esprits. Vendredi
15 février, un prêtre espagnol et quatre douaniers burkinabés tués dans
une attaque attribuée à des djihadistes dans la région du Centre-Est,
pourtant à cheval entre la zone rouge et jaune, a encore fait monter la
tension.
« De récentes attaques ayant fait des victimes rendent le transit routier vers le Togo particulièrement dangereux »,
a actualisé le ministère des affaires étrangères le 17 février. Et côté
diplomatie, on murmure que la carte pourrait de nouveau être modifiée
dans les mois à venir, au vu de la rapide dégradation de la situation
sécuritaire au Burkina Faso.

Longtemps
épargné par les groupes djihadistes du Sahel, le pays est confronté
depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.
Sur le terrain, les forces de sécurité burkinabées semblent incapables
d’enrayer la montée de la menace terroriste. Enlèvements, assassinats
ciblés, axes minés, les assauts des groupes armés se sont multipliés ces
derniers mois, alourdissant le bilan humain à plus de 340 morts depuis
2015, selon les données de l’ONG Armed Conflict Location and Event Data
Project.
« On s’attend à tout »
En
trois ans, la capitale Ouagadougou a déjà été touchée par trois
attentats d’envergure, ciblant notamment des restaurants fréquentés par
des Occidentaux. Le dernier en date, le 2 mars 2018, a visé l’ambassade
de France et l’état-major des armées burkinabées. Alors au sein de la
diplomatie, l’inquiétude ne cesse de grandir. « On s’attend à tout.
Le 2 mars nous a montré que les groupes pouvaient s’attaquer à des
cibles d’envergure. Après cette attaque, il a fallu revoir complètement
notre stratégie », confie une source.
« La
situation est de plus en plus préoccupante. La menace terroriste, au
Nord, s’est étendue à de nouvelles zones, à l’Est et au Sud-ouest.
Dernièrement, nous assistons également à une exacerbation des conflits
interethniques. Un enchevêtrement de problématiques liées au djihadisme,
aux tensions sociales, politiques et économiques déstabilise le pays.
Le Burkina semble prendre la voie du Mali », analyse Jérôme Nilo
Pigné, président-cofondateur du Réseau de réflexion stratégique sur la
sécurité au Sahel (2r3s). Depuis le 31 décembre 2018, l’état d’urgence a
été décrété dans 14 des 45 provinces du pays.